Les chercheurs de l’IREB (institut de recherche environnementale de Bossou), de l’université de Zurich, d’ASAFAS (association des jeunes d’Asie et d’Afrique de l’ouest de Kyoto) du Japon et l’ensemble des instituts de recherche qui s’activent autour du mont Nimba et des collines de Bossou, ont présenté les résultats des recherches effectuées sur le braconnage, les feux de brousse, l’exploitation artisanale de minerais, l’exploitation des produits forestiers non ligneux.
Au cours des travaux, ils ont exhibé un crâne de chimpanzé tué à Nimba, un crâne d’antilope avec sa corne et une cinquantaine d’étuis de cartouches vides, de calibre 12.
Pour le directeur scientifique de l’institut environnemental de Bossou, Prosper Gbadieu Soumaoro : « les activités humaines menacent l’intégrité des différents milieux naturels. Avant, les collines de Bossou abritaient une grande population de chimpanzés. C’est même à cause de leur présence que l’IREB a été créé, afin de sauvegarder leur vie.
Mais, malheureusement, au 21ème siècle, avec l’augmentation de la population, suite à l’arrivée des réfugiés, dans les années 80, jusqu’au milieu des années 2000 et l’urbanisation, surtout dans les collines de Guéi et Gban, la dégradation s’est accentuée sur l’habitat des chimpanzés.
Selon lui, les zones de Serengbara, Nyon, Bossou et Thuo sont parmi les plus touchées par le braconnage et les activités anthropiques, telles le déboisement, les feux de brousse, l’exploitation minière, l’agriculture et l’urbanisation, entre autres.
Cette année nous avons éteint le feu dans l’aire centrale et 14 hectares du corridor ont été brûlés. Conséquences : la perte de la biodiversité ; l’appauvrissement du sol ; le réchauffement climatique ; la perturbation du régime hydrique ; la perpétuation des feux de brousse ; la prolifération des maladies liées à la hausse de la température ; la baisse de rendement des cultures ; la récurrence des inondations ; la sécheresse prolongée ; la pauvreté et la migration des hommes. Une longue liste de préjudices portés à l’environnement.»
Quant à Katila Nicops, chercheure à l’université de Zurich, en Suisse : « je travaille aux Monts Nimba avec les chimpanzés, depuis 2003.
Aujourd’hui, je souligne et c’est très, très important, on a parlé avec tous les partenaires et on a eu le même point de vue sur tous les sujets débattus. Cette rencontre d’aujourd’hui a été une occasion vraiment très intéressante pour une protection accrue et améliorée des chimpanzés des Monts Nimba et de Bossou.»
La chercheure affirme, par ailleurs : « les principaux problèmes pour les chimpanzés aux monts Nimba, se résument, pour l’essentiel, au braconnage et à la déforestation.
Il faut que tous les partenaires travaillent ensemble pour que la réserve soit bien protégée. Si on y met toute la volonté, ça va aller. Déjà, il n’y a pas beaucoup de chimpanzés aux monts nimba. Donc, si la forêt disparaît par nos comportements agressifs que nous exerçons sur elle, et bien, les chimpanzés vont partir aussi. Il faut qu’on fasse tout pour éviter que cela arrive, en protégeant la forêt, pas seulement pour les chimpanzés, mais aussi pour la biodiversité.
Les partenaires travaillent ensemble pour la recherche, la conservation, l’éducation. Pour faire tout ce qu’il est possible d’accomplir pour préserver cet immense trésor, qu’est la forêt. Pour qu’elle puisse rester en place et se développer. »
Katila Nicops a, par ailleurs, relevé la situation critique des chimpanzés de Bossou et annoncé que le jeune Fanwa aurait quitté son groupe d’origine pour rejoindre un autre.
Les autres chimpanzés ne viennent pas à Bossou, à cause de la réduction de leur habitat naturel et des bruits émis par les hommes qui les envahissent peu à peu.
Elle soulignera aussi la question de l’inceste qui demeure une préoccupation majeure chez les chimpanzés de Bossou.
« À l’âge de procréer, si le groupe est formé de frères et sœurs, les mâles partent pour trouver une femelle au mont Nimba ou au Liberia. Le même phénomène est observé chez les femelles qui ne s’accouplent qu’avec des mâles d’un groupe, autre que le leur. »