L’utilisation de filets monofilaments par les pêcheurs artisans guinéens est considérée comme l’une des menaces majeures envers l’environnement côtier. Pour faire face à cette situation, l’État guinéen a interdit, en début d’année 2022, l’importation, la fabrication, la distribution, la vente, la détention et l’utilisation des filets de pêche monofilaments à nylon.
Dans l’application de cette décision, la direction préfectorale de la pêche artisanale de Boffa, le comité de développement des débarcadères en compagnie des chefs des ports artisanaux ont déclenché la lutte contre l’utilisation de filets monofilaments dans les différents débarcadères de Boffa. Et ce, après plusieurs semaines de sensibilisation.
Cette interdiction provoque une situation tendue entre les pêcheurs qui dénoncent « l’injustice » dans le cadre de l’application de cette décision et les autorités de la direction préfectorale de la pêche artisanale de Boffa.
Selon les pêcheurs rencontrés dans plusieurs ports de pêche artisanale de Boffa, cette décision d’interdiction de l’utilisation de filets monofilaments provoque des grandes difficultés.
« La loi est bonne mais c’est quand elle est appliquée sur tout le monde. Si les pêcheurs qui sont à l’intérieur du pays ne sont pas traités de la même manière que ceux qui sont à Conakry, ça serait difficile. On nous dit de ne pas utiliser le filet mono filament, mais on le trouve avec les pêcheurs des différents ports. Ils les utilisent devant ceux qui sont sensés appliquer la loi. En plus, il n’y a pas d’autres filets sur le marché. Nous demandons à l’État de nous aider à envoyer les filets convenables sur le marché. C’est seulement ça qui peut permettre la bonne application de cette interdiction », s’est offusqué le pêcheur, Alseny Touré.
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« Ce qui est clair, c’est que nous sommes tous conscients de la dangerosité des filets monofilaments. Ces genres de filets peuvent rester 10 à 20 ans au fond de la mer sans pourrir. Et, étant dans l’eau, ils peuvent continuer à piéger les poissons qui vont mourir. Nous avons fait beaucoup de réunions par rapport à ce type de filets pour interdire son utilisation, en vain.
Donc, en réalité, ce décret est venu à bon moment. Le monofilament est une matière qui est non biodégradable. Nos eaux guinéennes sont dotées des poissons. C’est un don naturel. Tous les pays frontaliers viennent pêcher en Guinée. Si on ne prend pas soin de nos ressources halieutiques, ça va être une perte pour nous. Ce que je vais dire aux pêcheurs, c’est d’accepter cette décision.
Quoique le gouvernement fasse, il faut qu’il y ait la participation des pêcheurs », a expliqué le directeur préfectoral de la pêche artisanale de Boffa, Aboubacar Bah
Pour sa part, le chef du port central de Boffa, Idrissa Bangoura l’utilisation des filets monofilaments entraine la rareté des poissons : « Ce filet joue dangereusement sur l’environnement côtier. Quand ça se coupe avec vous en mer, ça restera là-bas pendant plusieurs années en train de piéger voir même tuer les poissons. C’est ce qui entraîne souvent la rareté du poisson. Parce que tant que ce filet reste là-bas, les poissons vont fuir les alentours. Il faut que l’État nous aide à avoir les bons filets pour le développement de la pêche artisanale », a-t-il confié.
Aly Badara Camara