Tout porte à croire que le tollé suscité par la longue liste des documents à fournir pour participer au prochain concours de recrutement dans la fonction publique était l’expression d’un sentiment largement partagé, y compris au sein du CNRD.
C’est pourquoi la décision prise par le ministère du Travail, de réduire drastiquement le nombre de documents à fournir pour cette première étape, semble aussi largement partagée au sein de la société civile. Même si d’autres préoccupations subsistent encore.
Sollicité sur ce dernier développement, Keamou Bogola Haba, du Front National pour la Défense de la Transition, déclare que « nous félicitons le ministre et ses collègues d’avoir assoupli les conditions pour que le plus grand nombre de Guinéens puisse participer à ce concours. »
Il précise dès le début que : « En tant que Front National pour la Défense de la Transition, nous sommes bien plus préoccupés par le bien-être des citoyens que par autre chose.«
Il ajoute : « Au sein des forums des mouvements et d’autres institutions favorables à la transition, il y a eu de nombreuses discussions visant à trouver un moyen d’alléger cet aspect de la procédure. » Même si le FNDT ne s’est pas exprimé publiquement sur ce sujet, admet-il.
Il poursuit en disant : « Lors du premier communiqué, nous avons critiqué l’exigence du diplôme d’administration générale et technique. Le ministre a fait des modifications. Lors du deuxième communiqué, nous avons souligné que certains étudiants ont terminé leurs études sous l’ancien système en 4ème ou 5ème année, et qu’il leur fallait une attestation de fin d’études pour obtenir leur diplôme. Le ministre a fait un autre communiqué. »
Monsieur Haba ajoute que « le troisième communiqué semble être acceptable puisqu’aucune œuvre humaine n’est parfaite. »
Cependant, selon monsieur Haba, « le gros problème réside dans l’obtention des cartes d’identité biométrique et des extraits de naissance biométriques, qui sont très difficiles à obtenir. » Il souligne également le risque de fraude.
C’est pourquoi, il suggère : « le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, en collaboration avec son collègue de la Sécurité et de la Production Civile, devrait faire des efforts pour résoudre cette question de la biométrie, afin que les gens puissent s’enregistrer en toute transparence. »
De son côté, Abdoul Sacko du Forum des Forces Sociales de Guinée apprécie également le geste du ministre Julien Yombouno. « Le Forum des Forces Sociales de Guinée a accueilli favorablement cet ajustement du nombre de documents à fournir pour ce concours« , dit-il. Il explique dans le même temps que cela démontre que le ministre a le sens de l’écoute et n’est pas réfractaire aux critiques et au principe de la contradiction.
Cela dit, tout comme Keamou Bogola Haba, la satisfaction de M. Sacko n’est pas totale. Pour preuve, l’activiste énumère ses demandes et préoccupations : « Il doit comprendre qu’en dépit de l’intérêt suscité par cette dernière décision, il doit continuer à réparer les éventuels préjudices causés à d’autres candidats qui ont déjà engagé des dépenses. Il doit également tenir compte de la pauvreté actuelle, car les 100 000 GNF de frais de traitement des dossiers ne sont pas à la portée du Guinéen moyen.«
Ce n’est pas tout. « S’il veut donner de la crédibilité à la réforme qu’il promeut au sein de l’administration publique, il doit être capable d’informer les Guinéens, au niveau de chaque département, sur le nombre d’agents non affectés et sur les mesures prises pour les occuper. De plus, il doit préciser les besoins en personnel de chaque ministère« , ajoute-t-il.
En outre, Abdoul Sacko demande à Julien Yombouno de publier les résultats d’un recrutement effectué avant le coup d’État, partant du principe que l’administration est une continuité.