Conakry est aujourd’hui sans doute célèbre pour son obscurité légendaire et ses nombreuses décharges sauvages qui longent les grandes artères de la ville et font partie du décor des différents marchés de cette capitale à mille et un problèmes : pas d’eau courante, pas d’électricité, pas de route, pas de respect pour l’autorité de l’Etat, multiplication et développement d’actes d’incivilité, les interminables embouteillages…
Comme si cela ne suffisait pas pour le citoyen lambda qui continue de tirer le diable par la queue, à cela s’ajoute l’apparition d’une nouvelle forme d’insécurité dans la cité. Le nouveau mode opératoire des criminels consiste de façon organisée à commettre sur des automobilistes des vols à la tire sur moto en pleine journée au nez et à la barbe des forces de sécurité qui n’ont pas de moyens qu’il faut pour y faire face, dit-on.
Comment les criminels opèrent-ils ?
Le commissaire Zoo Kolomou, chef de service au poste de police de Lambanyi, explique le nouveau mode opératoire. « La technique consiste à programmer une crevaison des pneus des véhicules en fixant des clous sur un vieux morceau de chaussure en éponge qu’on place en dessous des roux. Dès que le conducteur prend sa voiture et bouge, les clous s’enfoncent et provoquent la crevaison. Une fois en route, la victime est suivie par deux motards : Le premier motard en vous dépassant vous fait signe que vous avez des soucis avec vos pneus. Dès que vous vous arrêtez pour constater les dégâts, le deuxième motard avec deux personnes dessus dont le conducteur et celui qui est chargé d’opérer le vol à l’arraché, profite de cette situation d’inattention pour vous dépouiller de vos affaires tout en prenant la fuite. Les embouteillages aidant, ni la victime, ni la police ne peut se lancer dans une course-poursuite », explique ce responsable de la sécurité de Lambanyi.
Le commissaire Kolomou fait savoir qu’ « on enregistre tous les jours les cas de vol à la tire. « D’ailleurs, même les piétons ne sont pas épargnés par les motards qu’on peut facilement confondre avec les taxi-motos. Les malfaiteurs restent sur leur moto, passent à côté, vous arrachent vos objets et accélèrent pour disparaitre dans la circulation », précise-t-il.
Poursuivant, le commissaire Kolomou demande un renforcement de leur capacité opérationnelle pour faire à cette forme de criminalité qui se développe dans toute la capitale. « Ce sont des groupes de jeunes très mobiles, bien organisés qui opèrent dans toutes les communes, en général en dehors de leur commune de résidence pour brouiller les pistes. Nous demandons au gouvernement de nous aider à avoir plus de moyens pour faire face à ces réseaux de criminels », a-t-il sollicité.
Le chef de poste de la police de Lambanyi appelle les citoyens de la capitale à la vigilance et donne quelques conseils pour prévenir ces genres d’attaque. « Il faut être extrêmement prudent. Il faut mettre tous les objets de valeurs dans le coffre du véhicule et condamner celui-ci à l’abri des regards. Une fois dans son véhicule, le conducteur doit verrouiller toutes les portières. Eviter de rentrer en conversation avec des personnes inconnues dans la circulation et éviter également de prendre des raccourcis dans des quartiers que vous ne connaissez pas. Assurez-vous que vous n’êtes pas suivi, et éviter de téléphoner au volant. Enfin, si vous partez, ne laissez pas des objets de valeurs dans votre voiture même si celle-ci est verrouillée. Emportez-les avec vous. Nous lançons un appel aux populations à plus de collaboration avec la police pour arrêter les malfaiteurs », conclut le commissaire dont l’impuissance est lisible sur le visage.
Face à cette situation, que va faire le nouveau ministre de la Sécurité et de la protection civile, Alpha Ibrahima Keira pour sécuriser les populations et leurs bien, celui-là même qui a promis que la récréation était lors de sa prise de fonction ?
On se rappelle que lors de la cérémonie de passation de service entre l’ancien et le nouveau ministre de la sécurité et de la protection civile, le mercredi 30 mai 2018, Alpha Ibrahima Keira avait fait la promesse : « de redorer l’image des forces de police et protection civile dans le changement de comportement, l’amélioration efficiente de conditions de travail pour une plus grande efficacité de des actions contre les troubles à l’ordre public, la délinquance, la criminalité et le grand banditisme, l’anarchie dans la circulation… »
Le ministre pourra-t-il relever ces nombreux défis ?