Si les autorités guinéennes fustigent l’immigration clandestine et travaillent de concert avec les partenaires contre ce phénomène, il y a d’autres aspects à ne pas négliger. C’est entre autres le volet protection, sans oublier la réciprocité dans le traitement des ressortissants.
Le ministre guinéen des Affaires Etrangères l’a fait savoir dans l’émission « Sans concession » qui l’a reçu comme invité ce vendredi.
En réagissant à la présentation telle que faite des immigrés clandestins en Europe, notamment en France, Ibrahima Kalil Kaba qui se montre conscient de la situation joue la carte de la dédramatisation.
En effet, pour lui, tout d’abord il faut faire attention aux chiffres, sans oublier les liens historiques entre les anciens colons et les ex-colonies.
Dans la même logique, Lilou, toujours favorable à la sensibilisation sur les risques liés à l’immigration clandestine, tout comme des leviers comme la création des opportunités d’affaires en amont, pose autrement le débat. En intégrant les questions universelles de dignité et d’humanisme.
A propos, il informe que « nous discutons durement avec nos partenaires pour s’assurer que nos citoyens qui sont chez eux même s’ils sont rentrés illégalement chez eux, soient traités de façon digne et humaine par les autorités des pays dans lesquels ils sont parce que c’est la même chose que nous garantissons à leurs ressortissants ici, qui sont des fois en difficulté ». Comme pour dire que même si c’est à des proportions différentes, les ressortissants des pays qui pointent un doigt accusateur sur l’Afrique ne sont pas tous exempts de reproche pendant leur séjour chez nous.
L’autre vérité dite par le nouveau ministre des affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger concerne le deux poids deux mesures dont les immigrés font l’objet selon qu’ils soient utiles ou non aux pays d’accueil. «Je ne vois pas ces pays se plaindre de nos étudiants très brillants qui animent leurs centres de recherche, qui enseignent dans leurs universités… », relève-t-il.
Au-delà de la caricature faite sur les immigrants présentés «comme si c’était une invasion de criquets », il y a «des pays (qui) ont pris la responsabilité de durcir les conditions …) ». Tout en indiquant que «nous sommes victimes » de cette politique, «dans nos conversations avec nos partenaires, nous essayons de leur expliquer que ça c’est des rhétoriques qui n’aident pas », confie-t-il.
Mais en disant ses vérités aux pays cibles potentiels, le ministre Kaba demande aux Guinéens d’émigrer de façon légale, «la meilleure protection pour vous protéger c’est de respecter les lois des pays dans lesquels vous vivez», conseille-t-il.