A Sékou BAYO : Le frère, l’ami, le précurseur, le patriote…le mortel aussi.
« Que ceux qui veulent faire du commerce le fassent et, que ceux qui veulent s’essayer à l’agriculture en soient libres… » Voici l’antienne de l’oraison funèbre sur la dépouille de Soundiata KEITA.
Lorsque le timonier s’affaisse, les orphelins sont désemparés, laissés dans la tourmente du vide et de la solitude.
Je n’oublierai jamais cet appel téléphonique annonciateur terrible et bouleversant de notre fille, ta première, Mimi Adama Bayo qui me disait ceci :
« Du courage Tonton, vraiment du courage, car ton frère est parti pour toujours ». Le choc est terrible, et je n’ai pu maitriser mon émotion dès que j’ai entenducette annonce. Et à elle de me dire : « Si toi tu pleures tonton, qui va nous consoler et nous calmer. Alors que c’est ta voix que nous devons entendre pour respirer et espérer ». J’ai dû me retenir et expirer fort, car une fois encore, le destin a parlé et le devoir m’interpelle. Ainsi donc, tu es parti ce lundi 18 février 2019, en laissant famille et amis dans la douleur et la consternation. Et, bien sûr, je ne peuxrien faire pour lui barrer la route: La mort, sœur aînée de l’existence, a tant de ressort et de puissance !
C’est, hélas, le but de la vie et elle ne perd jamais de match. Force dynamique invincible, elle suit sans fatigue et sans relâche le chemin qui l’amène tout droit à l’adresse voulue et à la cible visée, quoi que celle-ci fasse et où qu’elle se trouve. Instrument indomptable au service de Celui dont l’essence est d’être et Auquel les vivants sont toujours appelés à rendre hommage, la mort abat les vanités.
Que DIEU ait pitié de Sékou BAYO, le défunt, de sesparents morts depuis longtemps. Qu’il veille sur les siens, épouse et enfants, frères et sœurs qu’il laisse derrière lui dans le grand tourbillon de l’existence terrestre.
La mort m’a donc arraché mon frère et mon ami, mon confident.
Je me souviens encore de tes paroles lors de notre dernière conversation téléphonique, toujours le même engagement et la même conviction.
Tu me disais, « Simbon, je note toujours tes paroles de sagesse léguées par nos parents, et surtout ton sens élevé de la probité, de l’intégrité, de la fraternité et de l’amitié. » Et tu m’as parlé aussi de la dérive inexplicable de « certains amis » après le parcours que nous avions fait ensemble pendant des années.
Tu t’interrogeais sur les causes et les raisons de l’ingratitude humaine.
Oui, tu es parti dans l’honneur et la dignité, en nous laissant dans ce monde où les valeurs cardinales auxquelles tu étais attaché, n’ont plus droit de vie et de survie. Mais je tiendrai le cap, le jour au jour, jusqu’au dernier avant notre rencontre de par la Grâce de DIEU !
Au cours de ta vie, pendant ce parcours terrestre, tu as toujours vécu en harmonie avec toi-même et ceux qui t’entouraient. Tes paroles de sagesse, de fraternité, tes conseils ainsi que tes actes de bienfaisance ont été un exemple. Pendant ta carrière administrative, tu as fait preuve de compétence, d’abnégation et d’intégrité. En grand soldat, tu as assumé ta noble mission et l’histoire le retiendra.
Je te fais une promesse, je te citerai toujours en exemple pour les générations futures.
Enfin, et conformément à ta volonté, tu vas rejoindre Sabadou Baranaman, pour te reposer auprès ton vénérable père, le patriarche Fakoly.
Si j’ai un mot à dire, c’est d’abord à ta digne épouse Hadja Fatoumata, à tes enfants Adama et Saran, à tes frères et sœurs. Soyez à jamais fiers de lui !
Sékou BAYO s’en est allé,
Mais nous nous souviendrons de lui !
Si l’on pouvait lire sur son cœur, on aurait vu, gravés en lettres d’or, trois mots : Fraternité, Justice et Probité. Trois mots auxquels il restera attaché sa vie durant, contre vents et marées, contre le découragement et l’adversité.
Oui, en homme de foi et de conviction, il a voulu effacer les frontières géographiques artificielles entre les peuples et les nations, les frontières sociales et religieuses, raciales, ethniques. Car pour l’homme de culture qu’il était,
« Tout l’homme était dans l’homme ».
Sur le plan humain, il ne prêtait pas. Il donnait sans calculer, en vertu de son éducation familiale où l’amitié et la solidarité sont des vertus cardinales de la communauté.
Il ne supportait pas la tristesse des autres.
Sékou, ils sont tous là, ceux de Sabadou Baranaman, de Kankan, de Kouroussa ; ils sont là ceux de Labé,de Dabola, de Conakry. Ils sont là tes amis d’école, tes anciens collègues et camardes de lutte, ils sont là tes enfants, ta digne épouse, tes parents, ils sont là tous ces inconsolables convaincus que tu leur laissesun exemple. L’amour de la patrie, l’amour du travail bien fait, la modestie, l’humilité, la bonté, l’esprit de sacrifice et le courage surtout.
La vie hélas est un contrat. Chacun remplit dûment le sien et tire sa révérence. Mais il y a des contrats inachevés, qui font des orphelins inconsolés dans le monde du combat, du patriotisme, de l’opiniâtreté, de la générosité quand les jeunes talents en quête de repères, de guides, cherchent désespérément un exemple, une disponibilité et voient la chaise vide du maître incontesté.
Mais le seigneur a raison quand il dit : Mektoub. « Ce qui est écrit, sera ». Qu’il en soit ainsi ! Car c’est lui qui nous a créés, qui nous connaît et qui dispose de nous.
Seigneur, toi qui rétribues selon les mérites, daigne récompenser par ton paradis, l’homme du noble combat et du bien que fût Sékou BAYO. Et fais qu’il ne soit jamais au passé dans notre langage. Car il est et il sera la semence dans le sillon de la solidarité fraternelle et amicale.
Djandjon pour toi Fakoly !
Que la terre de Guinée à qui tu as donné ta vie, t’immortalise à jamais !
Salut grand SOLDAT !
Ton Ami et frère Bokar SIDIBE
Pour terminer, je te dédie ce poème de Simone VEIL :
« Il restera de toi
Ce que tu as donné.
Au lieu de le garder dans des coffres rouillés.
Il restera de toi de ton jardin secret.
Une fleur oubliée qui ne s’est pas fanée.
Ce que tu as donné
En d’autres fleurira.
Celui qui perd sa vie
Un jour la trouvera.
Il restera de toi ce que tu as offert
Entre les bras ouverts un matin au soleil.
Il restera de toi ce que tu as perdu
Que tu as attendu plus loin que les réveils.
Ce que tu as souffert
En d’autres revivra.
Celui qui perd sa vie
Un jour la trouvera.
Il restera de toi une larme tombée.
Un sourire germé sur les yeux de ton cœur.
Il restera de toi ce que tu as semé
Que tu as partagé aux mendiants du bonheur.
Ce que tu as semé
En d’autres germera.
Celui qui perd sa vie
Un jour la trouvera. »
Simone VEIL