Depuis l’annonce de la hausse du prix du carburant à la pompe, la capitale guinéenne est en ébullition. De partout, fusent des réactions contre cette mesure, estimée impopulaire, qui en ajoute aux difficultés des populations déjà affectées par une extrême pauvreté. Les syndicats et les acteurs de la société, érigés en défenseurs des droits des démunis, se sont mobilisés pour tenter de ramener le gouvernent à revoir sa décision.
Des manifestations sont engagées par les syndicats qui décident d’une grève de dissuasion de 3 jours, à partir du lundi 9 juillet, pouvant, au cas où aucune solution ne serait trouvée, conduire à une grève générale illimitée. Et par les forces sociales de Guinée, qui déclenchent une marche de protestation contre la hausse du prix du carburant et les détournements des ressources de l’Etat, à partir de ce mardi 10 Juillet, dans toutes les communes de Conakry.
Il faudra souligner que, pour leur participation au dialogue avec le gouvernement, les syndicats posent un préalable encombrant, le retour aux 8000f/L. Dans cette situation qui prend de l’ampleur, rien ne semble exclu, en termes de dérapages et de bras de fer. Quand on sait que notre pays est réputé pour ses crises récurrentes et ses manifestations de rue, toujours violemment réprimées.
Pour le simple observateur de la scène politique guinéenne, la nomination de Kassory , à la Primature, ne semble pas avoir répondu aux espoirs suscités, sinon que le manque de précaution aura prévalu sur les ambitions du nouveau gouvernement de privilégier l’amélioration des conditions de vie des masses populaires qui sont, plutôt, surprises par la récente hausse du prix du carburant à la pompe.
Une politique prévisionnelle aurait permis de comprendre l’inopportunité de toutes mesures susceptibles de générer des remous sociaux, surtout en ce moment précis, où bien des revendications sont latentes, du fait de sujets portant, entre autres, sur la CENI, le fichier électoral, l’installation partielle des élus communaux, le contentieux sur les revendications de l’opposition républicaine.
La carte est tirée et le gouvernement l’a jouée, serait-il possible de revenir sur le prix déjà annoncé ? C’est toute la question, quand le gouvernement, enfin, se justifie sur la nécessité d’une telle mesure qui serait liée à des exigences et qui, malheureusement, ne semblerait pas avoir prévu toutes les réactions suscitées dans le pays. La paix sociale est de plus en plus ébranlée et l’angoisse des populations est d’autant grande, que si le pays replongeait dans un cycle de violences, les dégâts dépasseraient l’intérêt attendu de cette hausse du prix du pétrole. C’est dire qu’il faudra user de l’impossible, si nécessaire, pour prévenir l’irréparable.
Le Dialogue est la voie la mieux indiquée pour y parvenir, pourvu que tout le monde y souscrive. Toutes les parties impliquées sont interpellées pour des concessions favorables à la paix sociale.