En réaction à l’augmentation du prix du carburant à la pompe, le président du MoDel s’insurge contre les arguments liés à la conjoncture internationale. Dans un texte adressé à Guineenews qui a sollicité sa lecture de la décision gouvernementale, Aliou Bah s’est évertué à expliquer que le problème guinéen est d’abord interne.
A l’entame, M. Bah déclare que «notre pays a des problèmes structurels internes de sorte que même si le monde devient un paradis, nous serons en difficulté tant qu’ils ne sont pas réglés. C’est pourquoi nous sommes toujours amenés à subir tout et ne profiter de rien à cause de notre fragilité chronique. C’est cela la réalité».
Pour soutenir cette position, notre interlocuteur endosse son manteau d’économiste. Ainsi, il constate que «l’Etat ne compte que sur sa fiscalité basée sur une assiette rétrécie de produits de grande consommation ». Et que «l’économie n’étant pas diversifiée, le commerce dont la pratique est essentiellement informelle, représente le secteur principal d’activités ». D’où «la dépendance internationale (importations) et la déperdition des ressources deviennent sa caractéristique fondamentale ».
Poursuivant le diagnostic, le président du parti MoDeL observe que «les grands objectifs de recettes publiques sont plus portés sur le cordon douanier que sur les impôts prélevés sur le tissu économique interne ». Et d’en déduire que «ceci dénote un encouragement implicite des importations au détriment de la promotion des activités locales ».
Avec comme corollaires, «les augmentations régulières et fantaisistes des tarifs douaniers sur les produits d’importation». Pendant ce temps, «la créativité et l’innovation ne sont pas les priorités de notre système éducatif. Alors nous n’inventons rien et nous ne savons même pas tirer profit de ce que font les autres ».
Sans oublier que, toujours selon M. Bah, «les banques commerciales ne faisant pas suffisamment confiance à l’entrepreneuriat local faute de garanties de rentabilité, consacrent leurs ressources aux projets capitalistiques qui créent moins d’emplois locaux ».
Egalement, «la faiblesse des investissements locaux et le manque d’attractivité du pays pour des raisons politiques et sécuritaires, (qui) créent une rareté de la circulation des ressources financières dans le circuit économique; donc une faiblesse des opportunités ».
En tout cas, pour le président du MoDeL, «lorsqu’une population est majoritairement au chômage, les agents économiques deviennent des “passagers clandestins” dans le circuit ». Car, explique-t-il, «ils sont des consommateurs de survie qui ne contribuent pas à l’élargissement du gâteau fiscal ».
Pendant ce temps, «la mauvaise gouvernance qui est caractérisée par la corruption, l’amateurisme et les détournements, affecte la qualité des dépenses publiques et assèche les maigres ressources disponibles », prévient-il. Et de conclure : «alors, augmentez tous les prix que vous voulez mais arrêtez de mentir aux populations en parlant de conjoncture internationale défavorable ».