L’humanité célèbre ce 8 mars, la journée internationale des droits des femmes. A cette occasion, Guineenews s’intéresse au profil de certaines Guinéennes qui travaillent inlassablement et dans l’anonymat pour subvenir aux besoins de leurs familles. A Kindia, notre rédaction est allée à la rencontre de Hadja M’Balou Fofana, une femme qui s’investit dans le développement agricole. Aujourd’hui, elle emploie une trentaine de jeunes dans sa ferme agricole.
Pour ce 08 mars, Hadja M’Balou Fofana, la Fondatrice de la ferme agricole Fabik, demande aux femmes de faire un bilan de leur situation quotidienne pour leur autonomisation. Guineenews est allé à sa rencontre. Décryptage.
Guineenews.org : bonjour Hadja! Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a motivé pour vous lancer dans l’entrepreneuriat agricole ?
Hadja M’Balou Fofana : je suis venue dans le domaine agricole en l’an 2000. C’était suite à une décision. L’objectif était d’aller à la recherche de ressources pérennes pour nous permettre de continuer à vivre de façon décente à l’époque avec mon feu mari. Le premier choix, c’était ça. Le deuxième choix, c’était aussi d’avoir une activité qui pouvait nous permettre de contribuer au développement de la Guinée à notre façon. Parce que le secteur agricole est un bon choix, il y a de l’espoir.
Etant juriste de formation, j’ai entamé cette activité depuis mon arrivée en 2000 au sein de l’administration agricole notamment au Centre de recherche avec les ONG qui évoluent dans le secteur agricole.
En 20 ans, j’ai appris énormément parce que j’ai participé à des programmes de sélection variante locale sur le bananier. Cela m’a fait connaître non seulement en Guinée mais à l’extérieur sur certaines variétés comme la fia 23. J’ai travaillé avec des ingénieurs qui ont appris la multiplication de l’ananas, la production du manioc. J’ai profité en 20 ans vraiment de la formation et de l’appui du secteur agricole guinéen.
Quand on est administrateur civil, on nous apprend la transversalité. C’est ce qui a fait que j’ai créé une entreprise, je ne suis pas venue comme paysanne ni agriculteur.
Je suis un producteur qui a donné des terres aux paysans. Maintenant, au centre de recherche de vulgariser certaines innovations. Cela nous a permis de nous faire connaître, nous a permis aussi de comprendre comment fonctionne le secteur agricole.
Guineenews.org : Votre entreprise agricole est bâtie sur combien d’hectares?
Hadja M’Balou Fofana : J’ai une superficie de 75 hectares à Condeya dans la sous-préfecture de Samaya. Cette superficie est répartie en blocs. Il y a trente hectares de palmiers à huile que nous avons plantés en 2001. Cette plantation nous a permis d’avoir 12 hectares de bas-fond auquel nous faisons des programmes de multiplication.
Nous avons aussi de l’espace pour l’élevage, la transformation. Ici, nous produisons l’huile de palme chaque année. Nous avons aussi des bâtiments qui hébergent des stagiaires. Nous avons une ferme avicole, un centre de formation qui a déjà formé plus de 3 000 jeunes qui sont passés ici.
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Guineenews.org : Quelles sont vos relations avec les partenaires et autres institutions ?
Hadja M’Balou Fofana : Nous avons travaillé avec l’Organisation Iondiale pour la Migration (OIM), et d’autres partenaires pour booster la compétence de nos stagiaires. Aujourd’hui, nous sommes avec les jeunes de Faranah au compte du projet BoCeJ, les jeunes viennent ici pour avoir les compétences en essai, pour s’inspirer de l’élaboration de leurs affaires. Cette entreprise m’a fait une femme accomplie. Je ne suis pas celle-là qui va changer demain ou après demain. L’agriculture est un métier qui me passionne, dans lequel j’ai trouvé ma place.
J’ai apporté des solutions à certains problèmes des communautés. J’ai distribué des plants de bananes et d’ananas à la population pour scolariser leurs enfants, à mes travailleurs de changer leurs habitats et aujourd’hui je donne, l’opportunité à beaucoup de jeunes de venir se former et se familiariser sur les techniques agricoles pour pouvoir élaborer leur plan d’affaire.
Je suis un entrepreneur. Ceux qui ont des domaines agricoles n’ont pas de salariés permanents. Ils amènent leurs cousins, leur frères. Je mets quelqu’un à la plantation, je prends des saisonniers.
Nous politique, c’est avoir un personnel qu’on forme sur les spéculations. On donne la possibilité à de nouvelles personnes. Car, un jeune qui n’a pas fait de stage trouve difficilement de l’emploi.
Dans ce cas, nous donnons la possibilité aux stagiaires de venir apprendre. C’est pourquoi nous avons du personnel permanent qui travaille sur les exploitants mais aussi on a du monde, parce que 60 personnes passent par an et cela anime l’entreprise.
Deuxième cas nous avons une vision. Ce n’est pas parce que l’État n’a pas aidé que je vais m’asseoir. Je dis la première personne qui doit booster son travail, c’est moi même.
Guineenews.org : La fête du 8 mars de cette année est célébrée dans un contexte de crise sanitaire très inquiétante. Pourquoi avez-vous préféré la célébrer dans votre champ?
Hadja M’Balou Fofana : Cette fête doit être mise à profit pour toucher du doigt aux différents problèmes auxquels les femmes sont confrontées. Pour moi, ce qui peut faire avancer les femmes, c’est de regarder en 2020. Qu’est-ce qu’on a pu faire? Et cette année, qu’est-ce qu’on doit faire pour changer le mode de vie.
Chaque 8 mars doit nous permettre d’évaluer la situation des femmes. Je ne suis pas pour un 8 Mars où on s’assoit au bureau pour moi, c’est ce qui peut faire avancer les femmes, parce que les femmes ont traversé une période très difficile pendant cette pandémie. Elles traversent des moments difficiles. Si on n’évalue pas à quel stade elles sont sur le plan de l’impact de la maladie, on ne va rien faire. Cette fête doit servir à ça.
Guineenews.org : quel message avez–vous à lancer aux autres femmes ?
Hadja M’Balou Fofana : j’appelle les autres femmes à se remettre en question, à créer leur propre initiative, pour leur autonomisation. Aujourd’hui nous constatons que la plupart des femmes doutent sur leur comportement managérial. Pourtant, si elle s’engage, elles peuvent réussir. La fête de la femme n’est pas seulement que de la mamaya, mais aussi, c’est une occasion qu’il faut mettre à profit pour parler du développement et de l’émancipation de la Guinéenne.