Le président de l’Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée (UDRG) est très actif dans le cadre de la réussite de la transition. Membre de l’Alliance démocratique pour la renaissance de la Guinée, une des nombreuses coalitions politiques, Bah Oury s’est joint à d’autres acteurs sociopolitiques pour discuter et échanger dans le but de faire des propositions au Gouvernement pour sortir la transition de l’impasse.
C’est dans ce cadre que lui et d’autres acteurs politiques et non des moindres se sont réunis le 5 août dernier dans un complexe hôtelier de la place pour lancer une plate-forme “civique voire démocratique” dont l’objectif principal est de “converger vers un consensus”. Il revient dans cette interview accordée à notre rédaction sur les raisons de la création de cette plate-forme et de son objectif. Lisez !
Guineenews : Une vingtaine de coalitions politiques dont la vôtre s’est réunie le week-end dernier pour créer une nouvelle plate-forme. Peut-on savoir les raisons de cette initiative?
Bah Oury, président de l’ UDRG : comme vous l’avez constaté, le samedi 5 août dernier, nous avons réuni près d’une vingtaine de coalitions politiques qui sont peu ou prou membres du cadre du dialogue inter guinéen. L’objectif de cette réunion, c’est de mettre en place une plate-forme qui peut regrouper les coalitions politiques, les faîtières de la société civile et les forces sociales notamment les syndicats pour que nous puissions dans le cadre d’un forum libre pouvoir nous rencontrer, discuter, échanger et poser des questions pertinentes qui concernent la situation actuelle de notre pays, les moyens d’avoir un point de vue convergent sur la base d’un consensus le plus positif possible et le plus constructif pour l’intérêt national.
Pour cela, il est nécessaire que cette plate-forme puisse être créée parce qu’en dehors de cela, il n’y a rien d’autre. Le cadre de dialogue inter guinéen, c’est vrai, beaucoup de structures s’y retrouvent mais il n’y a pas de plenières où les premiers responsables de ces organisations peuvent se retrouver pour discuter sur des sujets qui leur sont propres. C’est la raison pour laquelle nous avons pris cette initiative. Et avec le concours de tous, l’initiative est bien appréciée.
Et je pense que cela permettra à la classe politique, à la société civile et aux forces sociales de pouvoir se retrouver dans le cadre d’un forum qui peut être civique ou démocratique sans pourtant autant rechercher d’avoir un président et un porte-parole. L’objectif essentiel est de pouvoir se réunir, discuter et avoir un point de vue et le faire communiquer à qui de droit.
Est-ce que la création de cette plate-forme est due au fait que des recommandations issues du cadre dialogue interguinéen n’ont toujours pas été appliquées ?
Bon! ce n’est pas lié. Mais, dans une certaine mesure, il y a une part de constats pour faire évaluer la qualité du dialogue que nous avons en Guinée. Le dialogue n’est pas seulement une acceptation de la durée de la transition et les dix étapes. Dans la mise en oeuvre, à tout moment, des questions peuvent se poser.
Actuellement, il y a des questions de financement, de priorisation de certaines activités, il y a des questions de dynamisme à imprimer pour que les choses puissent aller avec beaucoup dextérité. Et il y a, à chaque fois, des situations nouvelles qui n’étaient pas prévues et qui nécessitent une concertation pour avoir un point de vue le plus largement partagé par les uns et par les autres. C’est pour cela que nous avons estimé, en plus du cadre de dialogue interguinéen, d’avoir cet espace qui est propre et autonome des autorités de la transition, du Gouvernement, des facilitatrices où nous pourrons nous retrouver, échanger, exprimer nos convergences et parfois constater des éléments de divergence en notre sein. Néanmoins que ce soit un dialogue fraternel, constructif et innovant pour l’intérêt du pays.
Nous avons également appris que cette nouvelle plate-forme serait en train de rédiger un mémorandum probablement à adresser au Gouvernement. Peut-on savoir la quintescence ou le contenu de ce document ?
C’est vrai. Nous sommes en train de préparer un mémorandum où nous allons apporter des éléments d’appréciations et de propositions par rapport au document que le ministre de l’Administration du territoire a distribué au nom du Gouvernement faisant état de l’avancement des activités dans la mise en oeuvre des étapes et en même temps le coût estimatif qui est de l’ordre de six cent millions de dollars us pour le financement de l’ensemble du processus et avec des hypothèses de travail qui sont contenues dedans touchant des questions éminemment politiques.
Bien entenu, il y a aussi les aspects financiers. Mais tout cela nécessite que les responsables politiques puissent en discuter et émettre des avis susceptibles de corriger ou de faire en sorte que les autorités se rendent compte que nous voulons avoir un plus grand regard sur la qualité de la confection d’un tel document qui est suceptible d’avoir un impact décisif sur la marche de la transition. D’où la nécessité d’en discuter et faire ce mémorandum qui, en temps opportun, sera distribué également.
Aujourd’hui, comment voyez-vous la gestion de la transition? Est-ce qu’on peut parler d’un possible rapprochement entre votre position actuelle et celle de l’aile dure de l’opposition ?
Je pense qu’avec le temps, les positions les plus radicales peuvent, disons, s’atténuer et se rapprocher vers le réalisme pragmatique. Je pense que le temps du réalisme pragmatique est venu. Donc, ce que nous sommes en train de faire est de faire en sorte que la Guinée puisse réussir la transition actuelle en ne s’enfermant pas dans des impasses que ce soit en terme de propositions budgétaires ou des impasses en tant que attitudes politiques. Il faut que nous puissions d’ici le 31 décembre 2024 clôturer positivement la transition actuelle et que les principales étapes qui sont contenues dans le chronogramme puissent être réalisées parce qu’il y va de l’intérêt de tous.
Si tout le monde avec le temps revient à la raison, alors tant mieux. Et donc, nous allons contribuer positivement à rapprocher les positions. Nous souhaitons que de l’autre côté, c’est-à-dire les autorités de la transition soient beaucoup plus attentives à l’écoute et ouvertes par rapport aux propositions alternatives que nous aurons à leur proposer. Parce qu’enfin de compte, le dialogue ne doit pas être un dialogue bureaucratisé.
Le dialogue doit être permanent, une concertation à tout instant par rapport à des sujets les plus divers. C’est cela qui confortera le sentiment que nous sommes tous des partenaires de la transition. Si cet état d’esprit est compris par les uns et par les autres, la Guinée peut réussir à traverser ce cap avec brio pour l’intérêt des Guinéens dans leur écrasante majorité.