L’élection des maires par les conseillers communaux élus sous la supervision des délégués du ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation a mis à nu la déliquescence de l’Etat guinéen en matière de respect de la Constitution, des lois de la République et de l’Etat de droits.
Pour une affaire qui serait passée pour quelque chose de banal, on en a fait une affaire d’Etat, d’ethnies pour opposer les uns et les autres pour faire basculer le pays vers une situation ingérable. Mais comme disait Paul Kagame en 2014, à l’occasion des 20 ans du génocide rwandais : « l’Histoire est têtue ».
Les violences verbales et physiques, les dégâts matériels et humains enregistrés çà et là à travers le pays sont orchestrés par des politiciens mal en point et une gérontocratie politique aveugle, sectaire et sans repères. Les propos ethniques et l’impunité dont jouissent les présumés coupables des assassinats ciblés et des pillages des biens publics et privés constituent des atteintes graves à la démocratie et à l’Etat de droit. Personne n’a le monopole de la violence encore moins de la vérité.
Les acteurs sociopolitiques qui s’activent sur le terrain doivent jouer un rôle d’unité, de cohésion sociale dans la fraternité pour une Guinée émergente.
Malheureusement, certains parmi eux pour ne pas dire la plupart d’eux, sont tombés dans le piège de la bassesse intellectuelle avec un débat de caniveaux qui ne servira à rien à l’avenir. Ils sont responsables de la situation de déliquescence dans laquelle vit une bonne partie de la majorité des Guinéens qui, impuissants, assistent à la dérive de leur pays aux profits des intérêts égoïstes et égocentriques. Ils sont tapis dans l’ombre, parfois à visage découvert. Ils insinuent des scénarii et les plus faibles dans leur piège, mais réussissent, hélas, à satisfaire leurs égos.
Démission collective
L’Etat (qui n’existe toujours pas) a complètement failli à sa mission. Les agents des forces de sécurité soupçonnés dans le meurtre de certains citoyens bénéficieraient de la protection au plus haut niveau, confortés dans leurs sales besoins par l’impunité.
Les leaders politiques et les leaders d’opinion ne jouent pas non plus, eux aussi, leurs rôles pour la sauvegarde de la paix. Aujourd’hui, tous les ingrédients sont réunis pour que la crise s’enlise. Les sorties hasardeuses des imans, des leaders communautaires ou coordinations régionales et des citoyens sans foi ni loi entretiennent des relents communautaristes et le rejet de l’autre.
C’est pourquoi, l’Etat (?) doit agir pour punir tous les coupables des propos haineux et ethnocentriques à tous les niveaux. Ce ne sera pas un fleuve tranquille pour l’Etat sans l’utilisation de la puissance publique. Parce que certains leaders, qu’ils soient politiques ou religieux, sont pourris, malhonnêtes, corrompus, indécis et inaptes.
Face à cette situation désastreuse, incertaine, le pouvoir public doit exister et sanctionner les dérives.
En conclusion, il revient aux Guinéens, dans leur ensemble, de se poser la question de savoir quelle Guinée veulent-ils avoir ?