La suspension des importations de marchandises par voies terrestres, annoncée récemment par le gouvernement guinéen est perçue comme un tour de vis sécuritaire, visant à créer la psychose au sein de l’opinion, et à restreindre par ricochet les libertés des opposants au projet de changement constitutionnel.
Cette décision sonne en effet comme une volonté de militariser davantage le pays, après le déploiement massif d’éléments des forces de défense et de sécurité en Moyenne Guinée. Même si le gouvernement invoque des motifs de sécurité et de sureté pour justifier cette mesure « impopulaire ».
A ceux qui pensent qu’il s’agit d’une décision qui obéit simplement à des visées purement politiques, le ministre du Budget Ismaël Dioubaté oppose l’argument selon lequel des alertes sur d’éventuelles attaques terroristes dans la sous-région seraient au rouge. D’où cette mesure de Conakry, destinée apparemment à prendre le taureau par les cornes.
Sauf que la coïncidence avec le calendrier électoral, est assez troublante. Et cette sortie du ministre du Budget dans la presse, sur fond de soupçon de terrorisme à la godille, est perçue comme un enfumage par les détracteurs du régime.
En premier, le Groupe organisé des hommes d’affaires (Goha) qui parle de mesure de rétorsion contre les commerçants, vu que ceux-ci seraient dans leur majorité « anti-troisième mandat ». Son président Chérif Abdallah a déploré dans la foulée, le fait que cette suspension des importations des marchandises soit intervenue de manière unilatérale. Prenant de court les importateurs dont les camions bondés de marchandises seraient bloqués le long de nos frontières avec les pays voisins. Et que ce type de décisions risquerait de provoquer la famine dans le pays.
Le Goha tout en ‘’condamnant avec la dernière énergie cette mesure, appelle les opérateurs économiques à la vigilance et à l’unité sans oublier de recenser toutes les pertes subies accompagnées des documents légaux.’’
L’Union générale des transporteurs routiers de guinée ne cache pas non plus sa colère, et menace de se faire entendre par des actions coups d’éclat dans les jours à venir.
Au Fndc, on penche également pour une mesure destinée à « terroriser la population, puisqu’il n’y aurait pas de risque sécuritaire », selon eux, comme cela a été avancé par les autorités.
Contrairement aux arguments du gouvernement guinéen, le Global Terrorism Index (GTI) dans son rapport de 2019, souligne que ‘’le nombre d’attentats et de victimes a globalement diminué dans la zone Afrique-Monde arabe.’’ Nulle part on ne voit de mention particulière faite sur la Guinée.
L’ONG International Crisis Group pour sa part, a, dans un récent rapport, évoqué certes des risques de propagation de la terreur à toute la sous-région de l’Afrique de l’Ouest. Mais l’ONG s’inquiète surtout des violences politiques que pourraient entraîner la tenue des élections prévues en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Togo etc. Avec des pouvoirs qui font tout pour se maintenir par la terreur.
En un mot comme en cent, sous ces oripeaux de lutte contre le terrorisme, se cacheraient des intentions de serrer la vis au FNDC, estiment les observateurs.