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Guinée : Responsabilité des missions de contrôle technique dans la non-durabilité des routes

Un dicton populaire chez nous dit que « si quelqu’un se plaint des souris dans sa maison, il ne devrait pas lésiner de voir à protéger les odeurs qui les attirent. » C’est sous cet angle qu’il faut voir le rôle que jouent les missions de contrôle et de surveillance des travaux routiers en Guinée. D’un côté, il est tout à fait tolérable d’accuser l’État dont la faillite impacte très négativement sur le secteur des infrastructures routières, mais de l’autre on ne peut dédouaner complètement ceux-là mêmes qui sont chargés d’assurer le contrôle technique et la surveillance des travaux de construction, de réhabilitation, de réfection ou d’entretien de ces infrastructures.

Dans une contribution antérieure, nous avions identifié les principales causes de dégradations précoces de nos routes. Mis à part les problèmes liés à la surcharge des moyens de transport et à la qualité de l’entretien sur les axes routiers, que nous avons du reste, traités plus en profondeur antérieurement, les problèmes relatifs à des lacunes dans la conception de l’ouvrage ainsi que de l’utilisation des matériaux non-conformes aux spécifications du Cahier des charges et devis généraux peuvent avoir une incidence beaucoup plus immédiate dans l’apparition des dommages. C’est pour parer à la survenue éventuelle de ces dommages que les missions de contrôle technique ont vu jour. Elles ont pour rôle d’assurer le suivi technique, administratif et financier de l’exécution des travaux ; d’analyser les plans d’exécution et les notes de calcul de l’ouvrage et éventuellement de mener des études complémentaires; d’assurer un contrôle rigoureux des travaux et des quantités mises en œuvre conformément aux clauses techniques ; et enfin de faire le suivi de la mise en œuvre des mesures sociales et environnementales.

Ainsi mandatées de ce rôle d’honneur et de confiance, les missions de contrôle technique et de surveillance des travaux ont une part non négligeable de responsabilité dans la qualité du livrable, à court, moyen et long terme. À ce titre, elles doivent rendre compte devant la société en répondant à la demande de celle-ci quant à la manière dont elles ont procédé pour s’assurer de la conformité des travaux aux normes et clauses techniques contractuelles, lorsque des dommages importants viennent à être constatés sur ceux-ci conformément à leur délai d’engagement. Malheureusement, il arrive assez souvent dans notre pays que les missions de contrôle technique ne remplissent pas entièrement ce rôle, en raison notamment de la manière dont elles sont choisies, le plus souvent par copinage ou par clientélisme.

Ceci se traduit concrètement par l’attribution de contrats publics et des nominations à des emplois publics, en dehors d’une sélection objective des plus méritants. D’ailleurs, le libéralisme économique tient en horreur un tel système qui, par le biais de l’irruption de l’intérêt personnel dans les pouvoirs publics, peut donner lieu à constitution de positions dominantes artificielles dans les grandes fonctions du capitalisme : produire, vendre, importer, exporter, etc. Même si dans ce cas le chef fait bonne figure, cela ne dédouanera pas pour autant sa gestion d’avoir un caractère patrimonial. D’où l’importance de la transparence et de l’honnêteté dans l’octroi des contrats, non seulement en ce qui concerne le choix des entreprises chargées de l’exécution des travaux, mais aussi en ce qui a trait au choix des missions de contrôle technique et de surveillance des travaux. C’est seulement au prix de cette transparence que l’on fera le choix des meilleurs contrôleurs techniques de nos routes et que l’on pourra, par ce fait même, leur garantir la durabilité escomptée.

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