L’efficacité des politiques publiques dépend aussi et surtout de la fiabilité des données sur la base desquelles elles sont élaborées, planifiées et mises en œuvre. C’est conscient de cet état de fait que l’Observatoire National de la Jeunesse et des Sports (ONJS) organise du 18 au 20 juillet un atelier de « renforcement de capacités de ses cadres et points focaux sur l’utilisation des outils de collecte, de traitement et d’analyse des données statistiques sur les jeunes. »
Lors de l’ouverture de ces travaux ce mercredi à Conakry, la Directrice Générale de l’Observatoire national de la jeunesse et des sports rappelle tout d’abord le contexte : « Pour une intégration harmonieuse dans la société et leur participation responsable au développement du pays, les jeunes restent confrontés à de nombreuses difficultés liées notamment à leur accès à l’éducation, à la formation, aux soins de santé, à l’emploi et surtout à l’information dont ils ont besoin pour développer leurs activités », déclare-t-elle.
Seulement, selon Madame Mariama Ciré Baldé, la Directrice Générale de l’ONJS, « en même temps qu’ils ont besoin d’information, il se trouve que les jeunes eux-mêmes et leur situation sont mal connus des autres acteurs du développement économique et social. »
Diagnostic et remède
Un paradoxe qui, selon le diagnostic posé par Mme Baldé, s’expliquerait par le fait que « peu d’études approfondies et systématiques ont été réalisées sur les jeunes et sur leurs activités ». Elle précise qu’il y a « peu d’informations statistiques disponibles sur les jeunes », et que ces dernières sont « collectées à différents niveaux par plusieurs structures et institutions publiques et privées », ainsi que par d’autres partenaires tels que l’UNFPA et l’UNICEF sur la santé génésique, les IST, le VIH/SIDA, le Ministère de la Justice sur la population carcérale, le Ministère de l’Éducation sur la scolarisation, etc.
Concernant son département de tutelle, la DG révèle que « le Ministère de la Jeunesse et des Sports, qui est la principale source d’information sur les jeunes, possède peu de données statistiques sur la vie des jeunes, sauf celles fournies par les rapports annuels des services du département ».
Ce n’est pas tout. Toujours selon Mme Mariama Ciré Baldé, on note aussi très peu d’études spécifiques, systématiques et approfondies sur les questions de formation, d’emploi et de chômage des jeunes, de santé, de participation et d’accès des jeunes à l’information.
Un manque à gagner que les autorités n’entendent pas laisser perdurer, à en croire la DG de l’ONJS. En tout cas, « c’est pour répondre à cette problématique majeure qu’il a été créé en République de Guinée, par le Décret D/2018/256/PRG/SGG du 18 octobre 2018, l’Observatoire National de la Jeunesse (ONJ), qui est placé sous la tutelle technique du Ministère de la Jeunesse et des Sports », soutient-elle.
Avant d’expliquer que « cette plate-forme d’observation et de veille a pour mission principale de permettre le suivi dynamique de l’évolution des phénomènes liés aux différentes catégories de jeunes. » D’où l’idée de « renforcer les capacités des cadres et points focaux de l’Observatoire National de la Jeunesse et des Sports (ONJS) en techniques de collecte, de traitement et d’analyse des informations sur les jeunes », justifie-t-elle. Elle note également que le facilitateur vient de l’institution la mieux indiquée qui soit, en l’occurrence, l’Institut National des Statistiques (INS).
Représentant le ministre de tutelle à cette cérémonie d’ouverture, le secrétaire général du ministère de la jeunesse et des sports revient sur la qualité « des facilitateurs rompus à la tâche », selon ses propres termes. Et de rassurer que « l’accent sera mis sur la méthodologie de collecte, de traitement et d’analyse des données sur les jeunes. »
En tout cas, déclare Mohamed Billy Kaba, « notre objectif est de mettre les cadres au centre du développement en les outillant afin qu’ils soient non seulement des acteurs de développement, mais surtout des agents capables de produire des informations statistiques fiables sur les jeunes. » Il précise en passant que « la non-maîtrise des techniques de collecte et de traitement des informations dans le cadre des interventions dans le secteur de la jeunesse constitue un véritable handicap pour la planification, la coordination des interventions, l’orientation et la distribution des ressources en faveur des jeunes. »
L’État face à ses responsabilités
Dans le même esprit, le numéro deux du ministère en charge de la jeunesse, au nom de l’autorité, « rappelle qu’il est de notre responsabilité à tous d’associer à la conception, à l’élaboration et à la mise en œuvre des programmes et projets tous les cadres et agents de l’État, et de partager avec eux les sujets qui nous préoccupent afin que la synergie d’actions souhaitée soit effective et puisse contribuer à terme à la réduction des disparités, tel que nous le recommandent le CNRD et son Président, Son Excellence le Colonel Mamadi DOUMBOUYA. »
D’où l’idée, importante, de « la tenue de cette formation en prélude à l’activité d’identification des opportunités d’emplois sur les jeunes, qui se justifie par le fait que les cadres et points focaux de l’Observatoire National de la Jeunesse et des Sports (ONJS) viennent d’horizons divers », explique-t-il.
Cela donne ainsi raison au formateur, Dr Mamadou Saliou Barry, qui, en bon pédagogue, procède avant tout à un tour de table afin de permettre aux participants de se présenter et d’exprimer leurs attentes concernant cette initiative.
Comme pour annoncer les couleurs des résultats qui vont donner raison au Directeur Général Adjoint de l’Institut National des Statistiques (INS), Mamadou CAMARA, qui, dans son discours de circonstance, a parié sur la qualité de la formation.
Pour rappel, « l’Observatoire National de la Jeunesse et des Sports est présenté comme une plate-forme d’observation et de veille qui a pour mission principale de suivre de façon dynamique l’évolution des phénomènes liés aux différentes catégories de jeunes par la collecte, le traitement, l’analyse et la diffusion des informations sur les jeunes dans tous les domaines. » Cela souligne le rôle stratégique de l’institution pour le développement du pays. En outre, l’ONJS est considéré comme un outil de planification et d’aide à la prise de décisions.