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Guinée : quelle transition et pour quel premier ministre ?

La charte de la transition n’est pas encore écrite, mais le Colonel Mamady Doumbouya  a décliné quelques maux qui gangrènent la Guinée le jour de la prise du pouvoir par le CNRD (comité national pour le redressement et le développement) à savoir le dysfonctionnement des institutions républicaines ; l’instrumentalisation de la justice ; le manque de respect des principes démocratiques ; la politisation à outrance de l’administration publique,  la lutte contre la corruption. Ces arguments qui ont justifié le putsch doivent servir de socle  pour esquisser la mission de la transition qui doit être pour l’essentiel : le redressement de l’Etat et la création des conditions de base pour sa refondation ; la promotion de la bonne gouvernance ;  la refonte du système éducatif et civique ;  l’adoption d’un pacte de réconciliation nationale ; les réformes politiques, institutionnelles, électorales et administratives ; la mise en place de toutes les institutions républicaines y compris la Haute Cour de Justice ; l’adoption d’une nouvelle constitution par referendum ; l’organisation des élections générales.

La nouvelle constitution sera inéluctablement amenée à trancher sur des questions qui divisent: faut-il un âge limite pour être candidat à l’élection présidentielle? Faut-il une CENI politique ou une CENI technique? Faut-il aussi accepter des candidatures indépendantes pour l’élection présidentielle?

Tirant les leçons des ratés de la transition de 2009 et de 2010, le chronogramme des élections, si celles-ci ne sont pas générales, devra être bouclé par l’élection présidentielle, et non l’inverse.

Les organes pour mettre en œuvre cette mission devront être le président de la Transition qui est le président du  Comité National pour le Redressement et le Développement, le Parlement de la Transition et le Gouvernement de la Transition.

Pour diriger ce gouvernement, le profil idéal serait une personnalité civile. Ceci  pourrait être, de notre point de vue, par ordre de mérite ou pas :

1- Le Cardinal Robert Sarah : ce prélat catholique guinéen de 76 ans, a franchi toute la hiérarchie de l’église en Guinée avant  d’être un cardinal au Vatican. A seulement 34 ans, en 1979, il est nommé archevêque de Conakry. Il résista aux affres et supplices du régime de Sékou Touré avant de braver le régime de Lansana Conté par des homélies et sermons au vitriol. Son langage de vérité et sa droiture l’ont placé depuis plusieurs décennies parmi les personnalités préférées des guinéens, en dépit de son éloignement du pays. Son expérience dans la gestion des affaires publiques (un cardinal étant l’équivalent d’un ministre du Pape) et sa pondération font de lui le meilleur profil pour le poste de premier ministre de la transition.

2- Kalifa Gassama Diaby : Ce juriste quinquagénaire a été d’abord ministre des Droits de l’Homme et des Libertés publiques  avant d’être ministre de l’Unité nationale et de la Citoyenneté. Très vite, il s’est démarqué des autres membres du gouvernement d’Alpha Condé  en s’opposant par des dénonciations publiques aux dérives et manquements du régime d’Alpha Condé.

Compétent, il a réussi des reformes qui ont un impact sur le traitement des personnes en prison,  abouti à l’instauration de la semaine de la citoyenneté, et éteint plusieurs foyers de tension lors des évènements politiques violents. Issu d’une minorité ethnique,  transversal, il est respecté par toute la classe politique guinéenne, tout bord confondu. Et outre, l’estime des milieux diplomatiques envers Gassama peut servir à crédibiliser davantage les programmes et actions du gouvernement de  transition à l’international.

3- Mohamed Béavogui : Diplomate chevronné guinéen de 68 ans,  ce neveu de Diallo Telli a occupé des hautes fonctions en Guinée et à l’étranger. A seulement 27 ans, il est le directeur  du Centre Pilote de fabrication industrielle de Conakry. Il débuta au FAO comme conseiller technique en 1986 avant d’être le Directeur régional de cette agence onusienne à Abidjan en 1998. En 2001, c’est le Fonds International de Développement de l’Agriculture (FIDA) qui le prend comme Directeur Régional des Opérations de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. En 2014, Béavogui devient le directeur de la Mutuelle Panafricaine de Gestion de Risques, avant de diriger une année plus tard l’Agence Africaine de Renforcement des Capacités. Déjà en 2007, son nom avait été proposé à Lansana Conté pour le poste de premier ministre, à la fois par le Syndicat et la Société Civile. Il fut également le secrétaire général adjoint du système des Nations Unies pendant plusieurs années avant de reprendre sa retraite.

4- Kemoko Touré : A la fois, ingénieur, juriste et expert-comptable, Kemoko Touré a fait ses preuves dans des entreprises de renommées mondiales. En 2001, Kémoko Touré est nommé Senior Vice-Président & Chief Financial Officer chez Siemens Building Technologies – division spécialisée dans la gestion énergétique du bâtiment – en charge des USA et du Canada. En 2010, il devient le premier africain à occuper le poste de Directeur Général de la CBG depuis sa création en 1963. En 2015, son nom est cité parmi ceux qui devaient nommés premier ministre, il aurait décliné l’offre d’Alpha Condé.

5- Abdoulaye Yero Baldé : Economiste et transfuge du RPG de 56 ans,  Yero Baldé a commencé à faire ses classes au sein de la Banque Mondiale  de 1996 à 2002. Puis il devient  le Vice-Président Finance à Global Alumina à New York puis  le directeur Financement Projet à Guinea Alumina Corporation GAC (Dubal et Mubadala) en Guinée.

 

Activiste convaincu et courageux en dépit de ses fonctions au sein de GAC, il n’hésita pas à prendre part à la manifestation organisée par la  classe politique et sociale guinéenne contre la junte dirigée par Dadis  le 28 septembre 2008 qui fut réprimée dans le Stade du même nom à Conakry.  Premier  vice-gouverneur de la banque centrale de la république avant de devenir plus tard ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, il démissionna du gouvernement à cause des tribulations  du régime défunt pour une nouvelle constitution et un troisième mandat.

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