Des bâtiments construits pour les fêtes tournantes de l’indépendance qui se fissurent avant la remise officielle, des ponts et routes pas dans les normes, pas dans les règles de l’art et qui se dégradent plus rapidement que prévu, ce qui empêche le décollage économique du pays en des saignées des centaines de millions de dollars à la Guinée dans des éternels recommencements. A côté de ce qui arrive aux pays en développement, Sisyphe et les Danaïdes devraient s’estimer plus heureux de leur sort. Pour mettre fin à cette sorte d’arnaque technique et technologique, l’Union Européenne a doté la Guinée d’instruments de contrôle de qualité des ouvrages réalisés par des sociétés et entreprises opérant dans le pays. Seulement, aucune spécification n’est à la portée de l’opinion publique. Les détails et précisions sont si parcimonieuses que rien n’a filtré de ces appareils de contrôle.
Les vastes chantiers et travaux tous azimuts en vue suite à l’obtention de la quarantaine de milliards de dollars, la convoitise des sociétés et entreprises de tous poils, honnêtes ou non, est grande. Il serait difficile de distinguer les bonnes des mauvaises, de juger les travaux effectués par simple observation, il faut des appareils de contrôle spécialement conçus et adaptés pour des tests de résistance, pour déterminer les dosages adéquats, pour déterminer si les temps techniques sont respectés.
Il nous plaît de dire que les temps techniques pour certains ouvrages sont primordiaux, notamment avec les bétons pas assez brassés et malaxés employés pour des ouvrages de grandes masses et dimensions. Des fissures observées sur certains bâtiments construits lors de la fête de l’indépendance (Boké)sont dus très probablement au fait que, pour respecter le délai de remise, les intercalations techniques ou les temps techniques n’ont pas été respectés pour permettre aux mortiers et bétons de faire prise et de durcir normalement quand des charges, contraintes et sollicitation leur ont été mises dessus, à moins que cela ne soit dû encore à un léger affaissement du terrain. Dans les deux cas, le temps suffisant d’étude a fait défaut.
Pendant notre carrière, on a vu des entrepreneurs malhonnêtes confectionner les briques aujourd’hui, les monter le lendemain pour faire accroire que la clôture était là depuis des temps. Les véritables propriétaires du terrain étaient venus bousculer le mur, qui s’était effondré comme un château de cartes…
Le temps et le dosage sont les éléments constitutifs de la norme des constructions en béton-armé. Sur les routes, la qualité du bitume employé doit comporter certaines caractéristiques spécifiques pour les différentes couches.
On s’est toujours demandé, les techniciens devraient avoir la réponse, de savoir si le remblai de terre latéritique ou de terre bauxitique étalée et damée sur les routes avant la couche de béton bitumineux est approprié. La question pourrait se poser parce que la terre latéritique ou bauxitique contient en grande proportion les oxydes de fer, d’aluminium et d’autres, qui pourraient provoquer des réactions d’échange avec le bitume ou le goudron pendant les grandes pluies. Les routes qui se dégradent si rapidement font poser des questions.
Parmi les autres facteurs de dégradation des routes de Conakry, hormis les déversements des matières nocives sur la chaussée par les ménages et les véhicules en mauvais état, il y a aussi le fait que les routes qui déboulent des hauteurs et qui croisent les voies principales, si elles ne sont pas bitumées, l’eau de ruissellement le ravine et dépose des gravillons au milieu de la chaussée du carrefour ; en contact avec des véhicules, ces gravillons s’avèrent particulièrement nuisibles. Ainsi, là où une route non bitumée transporte des gravillons, des creux et crevasses sont inévitables.
Avec des appareils de contrôle de qualité des travaux exécutés, les sociétés et entreprises qui se pourléchaient les babines de concussion doivent revoir leur cupidité à la baisse, ce qui va inévitablement diminuer drastiquement la corruption. Les spécialistes des 15% d’intérêt devront revoir aussi leur appétit à la baisse. Si les travaux doivent être exécutés dans les normes et dans les règles de l’art, il y aura peu de dessous de table.
Enfin, une question : les contrôles se feront après la finition ou par étapes, au fur et à mesure des avancements des travaux et en fonction des décaissements d’argent ?