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Guinée : Le pouvoir et les forces sociales s’assiègent

Depuis le 1er juillet dernier, rien ne va plus entre le gouvernement et les forces sociales. Tandis que l’alliance des forces sociales grandit par le mécontentement, celle du Pouvoir se dégrade de jour en jour. Même les syndicats de l’Education (la FSPE et le SLECG), qui vont en rangs dispersés et qui n’ont pas d’influence notable en cette période des grandes vacances, se sont rajoutés à la farandole.

On vient d’entendre Aboubacar Soumah du SLECG (c’est vrai qu’il est devenu plus luisant et reluisant) sur les résultats des examens de cette année. L’ouverture scolaire prochaine va être houleuse. Il y a turbulences partout et dans tous les domaines. Malgré tout, l’on cherche à endormir les taupes sur les performances macro-économiques de la Guinée, pour jeter de l’huile sur le feu. Si tout va bien dans les mines, y a-t-il absolument nécessité d’une augmentation du prix des carburants pour ce bras de fer aves les forces sociales ?

Le manque de vision

La guerre d’usure semble être coriace entre gouvernement et forces sociales. C’est à qui tiendra l’os jusqu’à la fin. La grève de 2006-2007 et toutes les autres ne sont que des feux de paille. Le Gouvernement de consensus n’a même pas fait plus d’une année d’illusion avant d’être balayé. Ceux qui ont géré à l’usure ce Gouvernement de consensus sont dans l’ombre de ce Pouvoir de Alpha Condé. Ils pensent avoir trouvé comment contrer cette grève déclarée illimitée par les contestataires pusillanimes, qu’ils ont mis en débandade et humiliés.

Cela a mis dans la mentalité des Guinéens que les membres des syndicats et de la société civile se servent de ces organisations pour des intérêts personnels. Avec ce préalable et ce prérequis, le pouvoir croit en sa supériorité et en sa suprématie pour aller au bras de fer en mettant en exergue quelques paramètres supplémentaires pour écraser le mouvement social, mais ces paramètres ne tiendront pas longtemps la route.

Déjà, la promesse de ne pas augmenter le prix des denrées de première nécessité comme le riz vient de décrocher. Le prix du pain ne tient plus qu’à un fil d’araignée parce que la farine n’a pas augmenté, mais pas pour longtemps, puisque les boulangers parlent de la levure et du bois de cuisson, qui ont flambé. Le bois vient par camions, de l’intérieur du pays, l’essence est à 10000 fg. Le syndicat des transporteurs, pro-gouvernemental, a ordonné la circulation, mais peu d’automobilistes osent s’aventurer en période de grève, quand les rues sont transformées en terrains de football et quand des jeunes adolescents arnaquent les usagers ou caillassent tout ce qui circule. Tous ces facteurs réunis font dire que dans les prochains jours, les choses vont devenir insupportables.

L’autre manque de vision du gouvernement est celui de sortir le train de banlieue et des bus pour « mesures d’accompagnement ». On a entendu la voix de Zagamor, qui a mordu son mors, faire de grandes et grandiloquentes annonces pour soulager les populations de Conakry avec ce train et les bus, mais ignore-il vraiment que le train n’est jamais caillassé en période d’entente et de quiétude sociale ? Or, tel n’est pas le cas, en ces temps, pour décider de sortir ces engins. Le ministre des Transports est très futé et intelligent, mais il semble qu’une fois au gouvernement, la fute-fute l’a fui. Mettre les bus en circulation en cette période de grève, y pense-t-il vraiment ?

Dans cette guerre d’usure, qui n’est autre qu’un jeu dans lequel gouvernement et forces sociales se jaugent et se jugent, où les affaires marchent dans un clair-obscur, on se demande si l’augmentation du prix des carburants peut combler tous les trous financiers, d’autant que ce carburant ne marche pas comme sur des roulettes, faute de circulation.

A-t-on évalué les manques à gagner causés par ces mouvements sociaux ? Et ce qui est important de signaler, c’est que plus ça tire en longueur, les négociations risquent aussi de tirer en longueur. Les syndicalistes décrédibilisés veulent redorer leur blason terni et ils savent que lâcher prise cette fois, c‘est la perte définitive du peu de crédibilité qui leur reste. Le Pouvoir et les Forces sociales s’assiègent. Qui aura le dessus ? En attendant, « les carottes sont en train de bouillir », disait Pathé Diallo. Le couvercle risque de sauter d’un côté comme de l’autre.

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