La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a présenté jeudi le fichier électoral. 8 millions 300 mille, c’est le nombre du corps électoral sur une population d’un peu moins de 12 millions, selon le Recensement général de la population et de l’Habitat (RGPH3) de 2014. Cela donne environ 67% de la population qui vote.
A l’occasion de l’assemblée générale de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le samedi 11 janvier 2020, Cellou Dalein Diallo a dénoncé cet état de fait, affirmant que ce corps électoral ne reflète pas la réalité. Et c’est pour cette raison, qu’il va demander à ses militants et tous les Guinéens de sortir manifester leur opposition à la volonté du pouvoir de changer la Constitution, mais aussi d’ « organiser des élections truquées. »
« On compte sur vous pour les manifestations qui commencent lundi. Nous allons exprimer encore notre opposition à cette mascarade électorale et ce projet de changement de Constitution », a-t-il invité, avant de souligner son mépris contre le désordre dans l’organisation des élections en Guinée : « Nous sommes contre le désordre. Alpha c’est le désordre. Désordre dans l’organisation des élections. Il n’a jamais organisé à bonne date les élections. Les élections communales, c’est dans le désordre, le désordre dans la révision des listes électorales, le désordre dans la conception des chronogrammes. »
Plus loin, il accuse le pouvoir d’Alpha Condé de tailler le fichier électoral à sa mesure pour lui mettre de gagner haut la main toutes les élections : « Aujourd’hui ils ont présenté un fichier. Je vous donne quelques repères pour que vous compreniez qu’on a eu raison de ne pas aller aux élections avec ce fichier. Alors, depuis 2010, Alpha Condé considère la région de Kankan comme un électorat captif pour lui. C’est que là-bas, c’est des dotations qu’on fait pour les candidats parce que l’Administration est là. Ousmane Kaba n’aura rien parce qu’il veut défier Alpha dans ce qu’il considère comme son fief. Lansana Kouyaté n’aura rien. Cellou n’aura rien parce que personne ne veut de son parti. Alors ce qu’on fait, c’est que tous les inscrits votent en faveur du RPG. Qu’est-ce qu’on fait ? Il faut augmenter l’électorat captif. Entre 2010 et 2019, la population électorale de Kankan s’est accrue de 172%. Le reste de la Guinée, la moyenne, c’est 82%. C’est parce qu’on enrôle les mineurs. Aujourd’hui, le corps électoral qui sort de cette révision, c’est plus de 8 millions. Cela rapporté à la population totale ça fait 67% de la population guinéenne qui vote. Cela n’existe nulle part. »
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Près de 70% de la population totale sont inscrits sur la liste électorale alors que dans sous-région, la moyenne est de 40%, selon le chef de file de l’opposition guinéenne. « Dans les autres pays, au Niger c’est 38%, au Togo c’est 41%, au Sénégal c’est 41%, en Côte d’Ivoire c’est 31 %, au Bénin c’est 40%, au Burkina Faso c’est 38%, au Mali c’est 39%. Donc c’est aux environs de 40%. Nous, nous sommes à 67%/. C’est parce qu’il y a trop d’enfants dans le fichier, trop de mineurs », a-t-il justifié.
Cette situation pousse Cellou Dalein à rejeter ce fichier électoral, car, selon lui, il n’est pas réel : « Ce fichier ne peut pas être accepté parce qu’il ne reflète pas le corps électoral. On a refusé de recenser les gens au Sénégal, et dans les zones considérées comme fiefs de l’opposition. On a enrôlé à tour de bras les enfants dans ce qu’Alpha Condé considère comme son fief. Donc ce fichier ne peut pas servir d’une élection équitable, juste et transparente. »
Ce qui fait aussi mal au président de l’UFDG, c’est le refus de la CENI d’appliquer les recommandations de la mission d’audit du fichier électoral : « Vous savez bien qu’il y a eu les recommandations de la mission d’audit qui disait qu’il fallait que tous les électeurs se présentent et qu’ils se fassent enregistrer correctement. Ceux qui ne seraient pas venus devaient être radiés. C’est ce qui est dans le rapport d’audit comme recommandation. Ils ont refusé d’appliquer ces recommandations. »
Pour finir, Cellou Dalein Diallo dit expliquer tout ça à ses militants pour qu’ils se rendent à l’évidence de la nécessité de se mobiliser pour les manifestations quotidiennes à partir de ce lundi 13 janvier.