Par le décret n° 052 du 31 janvier 2019, le Président de la République vient de créer l’agence guinéenne de la sécurité routière (AGUISER). Cette importante décision permet à notre pays de disposer dorénavant d’un instrument essentiel au renforcement de la sécurité routière. En même temps elle est une parfaite illustration de l’attachement de nos autorités à toujours honorer leurs engagements internationaux. Dorénavant, dans le domaine bien compris de la sécurité routière, l’AGUISER est de facto notre interface au plan sous régional, africain et international.
Depuis son entrée au gouvernement, le ministre d’Etat aux Transports, avec l’appui des départements de la Sécurité et de la Défense, a largement soutenu la thèse de mise en place de cette structure. Le faisant, il engageait notre pays à emboîter le pas aux autres pour un renforcement de la prévention et de la sécurité routière. Cela répondait également à des recommandations distinctes mais complémentaires de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et de l’Union Africaine (UA) qui invitent tous les états membres à se doter d’un tel organisme.
Pour la petite histoire, nous citons M. Aboubacar Sylla qui a rappelé en conseil interministériel qu’en mars 2010, l’assemblée générale des nations unies a adopté la résolution 64/255 proclamant la décennie d’action pour la sécurité routière 2011-2020. L’objectif était de multiplier les activités au niveau national, régional et mondial afin de stabiliser puis réduire à l’échelle planétaire, le nombre de morts dus aux accidents de la circulation. L’UA n’a pas tardé à suivre l’exemple en adoptant l’année suivante, (novembre 2011) le plan d’action de la décennie pour la sécurité routière en Afrique. C’était à Addis-Abeba, lors de la deuxième conférence africaine.
L’application de ces deux résolutions a mis du chemin à germer et se solidifier dans l’esprit de nos décideurs. 2012 et 2016 ont été les deux seules années de célébration de la journée africaine de la sécurité routière au Palais du Peuple à Conakry et dans quelques régions administratives à l’intérieur du pays. Les autres périodes, ont coïncidé à l’apparition de l’épidémie d’Ebola ou à l’interférence d’autres facteurs majeurs. Mais, à défaut d’organiser des manifestations publiques, le département des transports a toujours marqué l’importance de cette journée par une déclaration solennelle lue sur les antennes des médias d’Etat.
Un calme plat s’est maintenu jusqu’en mai 2017 avant que l’opinion soit à nouveau alertée et vivement choquée par un accident survenu sur la nationale n°3, à Yorokoguiya, dans la préfecture de Dubréka. Le bilan était lourd : plus de trente morts (trente huit exactement) et des blessés, selon la police.
Cela a servi de déclic pour la réactivation des réflexions portant sur une meilleure gestion de la problématique de la sécurité routière dans notre pays. L’Etat dont l’un des rôles régaliens est la protection des personnes et leurs biens, s’est trouvé interpellé par la dure épreuve et la triste réalité qui venaient de se produire. Cette tragédie qui s’ajoutait ainsi à d’autres, tout autant alarmantes, a éveillé la volonté politique de nos dirigeants, au plus haut niveau. Le Chef de l’Etat a aussitôt réagi. Il a instruit d’organiser les états généraux de la sécurité routière, une première dans les annales de l’histoire de notre pays.
Cet important événement, présidé par le Premier Ministre d’alors, a enregistré la présence du Premier magistrat du pays à son lancement, ce qui lui a conféré un grand rayonnement. En effet, la symbolique était là, placée à son niveau de représentativité le plus élevé qui soit. Ce qui attestait éloquemment toute l’importance qu’il faille accorder au secteur de la sécurité routière, qu’une certaine opinion considère de peu d’intérêt dans les priorités nationales.
Ce rendez-vous, de portée nationale, a réuni les représentants de tous les intervenants dans le domaine de la sécurité routière en Guinée : des acteurs expérimentés, des professionnels et spécialistes de Conakry et de l’intérieur du pays, des cadres des départements ministériels, des institutions, des ONG, des partenaires au développement, de la société civile, des associations socioprofessionnelles…
La trame principale des travaux a porté sur les cinq piliers du plan africain de la décennie d’actions à savoir, la gouvernance, les infrastructures, la sécurité des véhicules, la sécurité des usagers de la route, les soins post-accident. L’ensemble des questions portant sur ces thématiques ont été abordées et soumises à une réflexion approfondie. La synthèse des documents produits à l’occasion, constitue un vivier d’idées novatrices, susceptibles d’orienter les décideurs dans leur quête de sécurité routière optimale pour notre pays. En même temps, elle permet aussi de mieux s’approprier et mettre en œuvre les recommandations des instances initiatrices de ces activités.
La pertinence de ce second aspect implique la mise en place d’un organe en charge de la sécurité routière, à l’image de tous les Etats africains. Cette agence guinéenne, longtemps souhaitée, aujourd’hui créée, répond donc au souci de trouver une solution efficace et pérenne à la problématique de la sécurité routière chez nous. Devant la multiplication des accidents de la circulation avec leurs corollaires de tous ordres, (morts, blessés graves, infirmités, dégâts matériels, conséquences sociales, sanitaires, économiques et financières…) une telle structure va apporter le maximum d’éléments de réponse au souci des autorités pour un balisage et une gestion optimums du phénomène.
Il est prévu que cette agence soit « un établissement public à caractère administratif et technique qui aura pour objet, entre autres, l’étude, la recherche, et la mise en œuvre de la politique de la sécurité routière du pays. De même elle va assurer la coordination de tous les moyens permettant accroître la sécurité des usagers de la route en vue de réduire tant en nombre qu’en gravité, les accidents de la circulation routière en Guinée…
En raison du caractère transversal de la gestion de la sécurité routière cette agence dans sa vocation essentielle prendra en compte tous les éléments techniques sectoriels liés à la prévention routière, donc à la sécurité des usagers de la route dans le pays.
Elle permettra entre autres : l’amélioration du système d’information sur les accidents de la circulation; l’exécution des tâches liées à la sécurité des personnes et des véhicules sur la voie publique; la mise en œuvre des orientations de sécurité routière à l’échelle nationale; la prévention des accidents par la signalisation, l’éducation, l’information et la sensibilisation des usagers de la route et plus généralement des citoyens; le recueil, le traitement, l’analyse et la diffusion des données d’accidents de la circulation routière auprès de toutes les structures publiques et privées concernées, ainsi que des médias; la mise en place d’une base informatisée de données sur la sécurité routière; la contribution au respect de la réglementation en matière de surcharge et de transport mixte, pour ne citer que ces deux aspects; mener toutes les études relatives à la sécurité routière. »
Ainsi qu’on le note, la création de l’agence guinéenne de la sécurité routière est l’expression de la volonté du gouvernement de renforcer la protection des usagers et de leurs biens sur la route. Les prérogatives qui lui sont concédées et les moyens qui seront mis à sa disposition attestent du rôle prépondérant qui lui est dévolu.
Gageons que ce dernier né des institutions de sécurité routière de notre pays, assumera pleinement et positivement sa mission, à l’image des structures homologues qui fonctionnent parfaitement dans tous les états africains.