A peine formé, le gouvernement Kassory Fofana a ouvert la boite de Pandore dans un pays de 12 millions de contestataires et de maîtres chanteurs de toutes catégories. Le climat et le terrain sont plus que favorables pour faire péricliter les objectifs et ambitions de développement du Programme National de Développement Economique et Social (PNDES). Il n’y a pas que cela, comme nous allons le montrer plus loin.
Ce gouvernement, qui est venu en affamé trouver les caisses vides, a une anomalie génétique. Les commérages de « la fille de la ferme de la voisine » susurraient sur les réseaux sociaux que Kassory n’est pas son géniteur, que le vrai est Alpha Condé, que Kassory n’est pas le chef du gouvernement. La confirmation viendra sans tarder lors de sa composition dans une confusion digne d’une querelle de grands enfants.
On a d’abord envoyé Oyé Guilavogui surveiller les vaches, il refuse catégoriquement, soutenu en cela par une partie de Kindia. Et comme Alpha est à l’écoute de la base, il a changé le classement de Kassory sans l’informer.
Roger Millimono, classé par Kassory est déplacé en‘’économiste-bouvier’’, content même d’être sommelier pour conduire les bœufs de labour. Et comme Kassory écoute la hiérarchie, alors qu’il était chez son ami et adversaire politique, Cellou Dalein Diallo, interrogé par la presse sur ce changement spectaculaire, le PM a fait une pichenette et a donné sa langue au chat.
Kassory a-t-il demandé à Alpha le pourquoi du comment de ce changement qui ressemble à un désaveu ? A-t-il menacé de claquer la porte et de jeter l’éponge comme Oyé ? Ces questions se posent.
Et ce qui fait tiquer, c’est cette augmentation du prix des carburants. Il n’y a qu’un prix pour tous les carburants en Guinée, alors que l’essence n’a pas le même prix que le gas-oil, que le pétrole lampant sur le marché international. Ces menus fretins de différences de prix entre ces trois hydrocarbures comptent. Mais là n’est pas l’objet de ces propos, c’est la paternité de cette décision. Selon toujours « la fille de la ferme de la voisine », devant le tollé général, Alpha s’est dédouané sur Kassory, que la décision impopulaire ne vient pas de lui, mais de l’autre.
Et cette augmentation n’a obéi à aucune consultation et législation en la matière. L’Assemblée Nationale a accepté le fait accompli d’être court-circuitée comme l’intersyndicale CNTG-USTG par leurs sorties tardives. Le Conseil Economique et Social a aussi consenti, puisqu’il n’a rien dit. Toutes les autres organisations socioprofessionnelles sont aussi allées en rang dispersés avec leurs infirmités humaines, il y a des bicéphales, des bifides, des borgnes, des manchots, des cloche-pied, qui se font des croche-pieds ou qui se lancent des chausse-trappes.
A côté de l’augmentation du prix des carburants, il y aussi les contentieux électoraux, la loi sur la recomposition de la CENI et les indemnisations des victimes de ses différentes manifestations de rue, et tous ces malaises sont en train de bouillir. Un cocktail. Doit-on fermer les yeux sur tous ces ingrédients?
Les circonstances de la grève des dockers de 1952, de la révolte des femmes du 27 août 1977 et de la grève de 2007 ont envie de se répéter ou de se rappeler aux mauvais souvenirs. Ne pas faire marche-arrière une semaine encore et compter sur la politique de diviser pour régner et par la manipulation de certaines organisations socioprofessionnelles n’ont jamais rien donné de bon, au contraire.
Si les forces vives sont divisées, il serait difficile de les stopper d’un coup. En 2007, tout était coordonné et tenu ferme par les syndicats et la Société Civile. Un seul mot de Ibrahima Fofana et de Rabiatou Serah avait suffi, pas cette fois, ce qui rendra les choses doublement plus complexes.
Ne serait-il pas raisonnable de revenir vitement à la négociation pour donner un crédit aux syndicats et autres organisations qui peuvent décélérer et désamorcer la bombe déjà actionnée?