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Guinée: Gaoual est-elle la grande oubliée en dépit de ses potentialités?

Au climat très chaud en saison sèche et arrosée par les fleuves  » Komba » et le « Tominè », Gaoual se situe dans la région administrative de Boké à environs 500 kilomètres de la capitale Conakry. Ce nom serait tiré du mot « Gawol » en poular qui signifie  » fossé  » d’où sa forme pour les uns. Pour les autres, le nom Gaoual serait tiré de la langue Oulof  » gawal, gawal qui signifie  » faites vite, faites vite ».
Mais qu’à cela ne tienne, cette ville est aujourd’hui, une localité confrontée à d’énormes difficultés pour son développement. A vocation essentiellement agro-pastorale, la pêche est aussi pratiquée par une frange de la population sur le « Komba » avec des barques de fortunes. La localité est aussi considérée aujourd’hui comme l’un des plus grands fournisseurs des marchés de bétail à travers tout le pays.
Les infrastructures de base manquent. Sans électricité, les populations du centre villes sont confrontées aussi au manque d’eau potable. L’état de la voirie urbaine laisse à désirer. Les bâtiments administratifs sont vétustes. A travers ce reportage, votre site électronique Guinéenews  vous plonge au cœur des réalités de cette préfecture potentiellement riche mais qui peine encore à sortir la tête du gouffre.
Gaoual est-elle la grande oubliée de l’administration centrale ?
En tout cas, tout laisse  à croire que Gaoual n’a encore bénéficié d’un appui franc de la part de l’État. Un simple coup d’œil dans le quartier administratif suffit pour s’en apercevoir de la vétusté du peu de bâtiments existants. Du poste de douane en passant par le centre de santé urbain, le poste de police en reconstruction ou encore le bâtiment colonial qui servait de prison, la réalité donne froid aux yeux. D’autres anciens bâtiments sont abandonnés et servent de gîte à des autres bestioles.
A cela s’ajoute la défectuosité de la voirie urbaine où on inhale sans modération la poussière sous une chaleur étouffante.
« Gaoual n’a presque pas connu de soutien en tant que tel pour son désenclavement encore moins pour son développement depuis la première République. On a l’impression qu’on est laissé pour compte. Regardez par vous même l’état actuel de la ville. Nous, on se procure difficilement de l’eau. Nous manquons d’électricité. Les bâtiments administratifs dignes de nom n’existent pas. C’est aujourd’hui une réalité. Je ne dirais pas que nous sommes complètement abandonné par l’État mais nous ne bénéficions pas par rapport à ce qui doit être fait « , déplore hors micro un fonctionnaire à la retraite et doyen de la localité.
Interpellé par rapport à la situation de Gaoual sur le plan de développement, le maire de la commune urbaine tente d’apporter des précisions. « A notre prise de service, nous avons constaté une faible ressource qui fait que pour impulser le développement à partir des fonds propre pose problème. Les sources principales de revenus, ce sont les recettes du marché central, de la gare routière et le parc à bétail. Et tout ça ne donne même pas trois millions GNF. Donc ça pose problème. L’espoir dans le programme de l’investissement du conseil communal était essentiellement reposé sur la subvention que l’État accorde à la commune urbaine », explique Daouda Diallo.
Avant d!ajouter: « c’est une situation vraiment chaotique que nous avons héritée au niveau de la commune urbaine de Gaoual. C’est d’ailleurs ce qui m’a motivé à élaborer le plan de développement local qui n’avait jamais existé au niveau de la commune urbaine ».
Des infrastructures de base
En plus de son enclavement, la localité est confrontée  au manque d’infrastructures de base et du personnel dans les structures sanitaires et scolaires.
« Gaoual, à voir physiquement, ressemble à une ville fantôme. Il y a peu d’infrastructures viables. La saison sèche, c’est la poussière. La voirie urbaine n’y est pas. Tout le monde est grippé par suite aux effets de la poussière. En saison hivernale, il faut se procurer d’une paire de botte pour pouvoir marcher après une pluie. Donc voilà les réalités. Si vous prenez la route Gaoual-Boké, c’est 190 kilomètres mais jusqu’au carrefour de Sangarédji, c’est 12 kilomètres. Donc 178 kilomètres ne sont pas encore bitumés. Et c’est une route internationale. De Conakry à Dakar, c’est seulement cette bretelle qui n’est pas bitumée. Aujourd’hui quelqu’un qui quitte Gaoual pour aller à Dakar et quelqu’un qui quitte Gaoual pour aller à Boké ont les mêmes heures. Ils consomment le même temps. C’est pour vous dire combien les usagers souffrent sur ce tronçon. Ils sont confrontés aux difficultés énormes. Le réseau routier est complètement dégradé. Surtout aussi avec le passage de l’inondation en fin août dernier. Vous avez pu constater l’état dans lequel se trouve la route à la rentrée de Gaoual », révèle le maire Daouda Diallo.
Et pourtant, avec l’initiative des fêtes tournantes à l’occasion du 2 octobre, la région administrative de Boké dont relève la préfecture de Gaoual, avait abrité les festivités en 2012. Une occasion pour redorer le blason à la région hôte. Malheureusement à l’époque, toutes les infrastructures ont été concentrées à Boké.
« Gaoual n’avait rien bénéficié et c’était la première expérience. Tout avait été concentré à Boké. Mais qu’à celà ne tienne, parmi les cinq préfectures de la région, seule la voirie urbaine de Gaoual n’est pas bitumée. Même les 17 kilomètres de route bitumée entre la commune urbaine de Gaoual et Kounsitel n’était pas inscrit dans le projet de bitumage de la route Labé – Koundara – Madina Gonass, Sénégal. Il a fallu l’effort du ministre des Travaux publics d’alors c’est à dire en 2016 pour que ce lot soit fait. C’est compte tenu de tous ces facteurs que nous avons constitué une délégation pour aller à Conakry plaider le sort de Gaoual auprès du premier ministre », affirmé  encore le maire.
Revenant sur l’octroi du bitumage des voiries urbaines à de nombreuses préfectures, là aussi Gaoual semble être la grande oubliée. N’ayant pas d’informations claires sur la situation, Daouda Diallo reste quand même optimiste.
 » Pour le moment, je n’ai aucune information. Mais à un moment, une dame avait séjourné ici. C’était à son entreprise qu’on aurait donné le marché pour le bitumage de la voirie urbaine. Mais depuis qu’elle est partie, on l’a plus revue. Nous aussi, on attendait avec enthousiasme l’arrivée du Chef de l’État à Gaoual dans ce cadre. Malheureusement ça n’a pas été le cas. Mais on ne désespère pas parce qu’en matière de bitumage de routes ou de voiries, on ne peut fonder espoir que sur le gouvernement « .
Sur le plan sanitaire, et selon toujours le maire, quelques progrès sont en train d’être enregistrés:  » le gouvernement a donné à Gaoual un hôpital moderne entièrement réalisé et qui est en cours d’équipement. Mais en général pour ce qui est du personnel soignant, nous avons des problèmes. Vous savez, Gaoual est considérée comme une zone défavorisée. On nous a fait comprendre que le personnel muté avait pris d’autres directions. Donc un manque criard de personnels se pose dans nos structures sanitaires. Nous avons beaucoup de contractuels au niveau de l’hôpital et dans les centres et postes de santé », s’alarme Daouda Diallo.
Néanmoins, dans la déserte en eau potable et en électricité, Gaoual est en train de bénéficier de deux projets. Deux projets qui suscitent de l’espoir au sein des populations.
Nous y reviendrons.

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