Parmi les multiples réactions, suite à la dissolution suivie des mesures conservatoires contre le gouvernement sortant en Guinée ce lundi 19 février, il y a celle du parti Union des forces démocratique (UFD). Réagissant à cette actualité au téléphone de Guineenews, son président Mamadou BAH Baadiko, est revenu tout d’abord sur la manière.
Pour l’ancien député : “ce qui frappe d’abord dans cet événement, c’est la forme employée pour délivrer l’annonce. Un moment, on s’est même demandé s’il n’y avait pas un coup d’État dans le coup d’État du 5 septembre 2021.”
Puis, notre interlocuteur de multiplier les interrogations : “Pourquoi cette solennité toute militaire pour annoncer un événement qui est tout à fait ordinaire dans un Etat de droit, un Etat civilisé ? Qui voulait-on impressionner ou même terroriser ? Sinon qu’est ce qui empêchait de remettre le communiqué à la RTG, pour lecture par un journaliste ?”
Avant de poursuivre : “tout ceci montre le mépris des militaires pour tout ce qui ressemble à un régime républicain. C’est le lieu de se rappeler de ces scènes mémorables où on a vu les ministres du premier gouvernement de la transition de Mohamed Béavogui, en tenue militaire, en train de faire un parcours du combattant !”. Ce qui signifie pour lui que “dans ce système de dictature militaire, un ministre civil n’est pas mieux loti qu’un simple lakuru (nouvelle recrue)”.
Sur les mesures dites conservatoires prises contre les ministres sortants, selon Monsieur Bah, “elles illustrent bien ce manque total de considération pour les ministres déchus, traités pratiquement comme de vulgaires bandits. Mais ces actions théâtrales ne peuvent pas faire oublier la corruption du système et l’impunité qui est toujours de règle”.
“Sur le plan politique, tout le monde savait qu’en fait, le gouvernement n’existait plus depuis de longs mois. Les affrontements publics entre le Premier ministre et son ministre de la Justice en ont été l’illustration la plus marquante. Sans compter les abus de pouvoirs dont le ministre de la Justice s’est rendu publiquement coupable. Tout est paralysé, non seulement par incapacité, mais aussi par manque de ressources financières, avec la grave crise économique et sociale qui s’est abattue sur le pays et qui s’est aggravée avec l’explosion du dépôt pétrolier central, le 18 décembre 2023.
Toutes les activités économiques tournent au ralenti, faute de combustible et d’énergie, en quantité suffisante. Les prix des produits de première nécessité se sont envolés. Une partie importante des couches populaires en ville et à la campagne commencent à souffrir de la faim, sans qu’aucune perspective d’évolution positive ne pointe à l’horizon”, explique-t-il.
Et d’ajouter que : « pour ainsi dire, la transition n’existe pas. Le pouvoir est installé pour une durée indéterminée. Les seules actions gouvernementales visibles sont relatives à l’étranglement des médias indépendants et le règne de la dictature de la pensée unique gouvernementale. »
A propos du pouvoir militaire, soutient-il : « nous l’avons déjà dit : la vocation et les compétences des forces de sécurité n’est pas de gouverner. » Ce qui n’est pas parti pour finir, estime le président de l’UFD.
En tout cas, pour lui, « tant qu’on ne reviendra pas à la construction d’un véritable État de large démocratie basée sur la Régionalisation Avancée, on n’en sortira pas. »
D’ailleurs, « on ira ainsi de crise en crise jusqu’à l’effondrement total, pour le plus grand malheur des populations abandonnées à la misère, au désespoir », prévient il.
Néanmoins, « ceci dit, nous ne pouvons pas manquer de souligner que ce gouvernement démis de la façon la plus cavalière qui soit, a tout de même bénéficié d’une certaine stabilité. Ce qui a permis une continuité dans les réformes positives qui ont été entreprises et qui s’imposaient depuis des décennies.
Dans ce sens, on peut citer les ministères relevant de l’Éducation (Éducation de base, Enseignement technique et formation professionnelle, Enseignement supérieur), Fonction publique, Administration du territoire. »
C’est pourquoi, « il faut espérer que les équipes qui suivront ne vont pas continuer, comme il est hélas de tradition dans notre pays, de jeter le bébé avec l’eau du bain. »
Avant de conclure que : « au contraire, les nouveaux venus doivent corriger les anomalies graves relevées précédemment et approfondir et pérenniser les réformes indispensables aux services publics. »