L’accident survenu à Kamakourou, dans la sous préfecture de Kolaboui aura été des plus spectaculaires que cette localité ait jamais enregistré.
Votre quotidien électronique Guineenews© en a déjà fait cas. Le caractère gravissime de cet évènement et les effets induits qui en ont résulté constituent une alerte qui interpelle à suffisance. En effet, tout a commencé par le décès brutal d’un motocycliste et de sa passagère, heurtés par un camion roulant en sens inverse. Cela a suffi pour générer une violence inouïe des populations riveraines. Leur furie vengeresse a été destructrice. Par centaines, des jeunes surexcités ont barricadé la route et incendié des véhicules : Trois exactement, dont celui impliqué dans l’accident. Des camions de transport d’agrégats, entièrement brûlés dont les carcasses laminées par le feu attestent de l’étendue du désastre. La faute à deux de ces véhicules, ou sinon leur malheur, aura été de se trouver là, au mauvais moment. Ils ne sont en rien mêlés au malheureux accident survenu. Mais, la vindicte populaire a prévalu.
Comment un tel évènement, a-t-il pu se produire en pleine journée, sur cette route à roulage intensif, traversant une contrée densément peuplée ?
Pour un éclairage complet sur ce dossier, nous avons joint au téléphone le lieutenant colonel Albert Gbamou, commandant de la compagnie sécurité routière de Boké et son adjoint, le chef d’escadron Alfred Akoї Bavogui.
Ces deux officiers de gendarmerie, responsables pour la région de Boké, de la sécurité routière en rase campagne, nous rapportent que cette série noire a commencé par un accident mortel survenu,dans le secteur de Kamakourou, situé au PK 37 de Boké, sous-préfecture de kolaboui, en direction de Kamsar. Sur une route secondaire bitumée, en bon état.
C’est le lundi 08 Octobre 2018 aux environs de 12heures que cet accident s’est produit, par collision entre automobile et motocyclette. S’en est suivi un acte de vandalisme (incendie volontaire de trois véhicules).
Nos interlocuteurs indiquent avoir été informés par le chef d’escadron Cécé Kpoghomou, Commandant adjoint de la BTGN (Brigade Territoriale de Gendarmerie) de Kolaboui, que ce grave accident venait de se produire intéressant deux véhicules: un camion Renault Concorde immatriculé RC-4294-AJ et une moto de marque Horizon, immatriculée S-5608-RG, pilotée par monsieur Abdoulaye Camara décédé sur place, des suites de ses blessures.
Monsieur Ibrahima Diallo, conducteur, au volant de son camion, en provenance deKamsar pour Kolaboui, roulait à vide, sans marchandises ni passagers, avec une allure sensiblement vive, sur un tracé rectiligne d’environ trois kilomètres.
Dans cette course immodérée, il aperçoit une voiture en arrêt momentané sur le bord droit de la chaussée, par rapport à son sens de marche. Au même moment, arrivait en sens inverse une moto qui roulait également avec une allure sensiblement vive. Le conducteur du camion décide quand même de dépasser la voiture immobilisée devant lui. Il se rabat donc sur le côté gauche, franchissant la ligne continue, médiane. C’est au cours de cette manœuvre que le camion heurte violemment la moto, roule sur elle (partie avant) et sur les deux personnes qui étaient dessus, avant de s’immobiliser à 18 mètres du point de choc, sur le coté gauche. Le motocycliste et sa passagère, étalés sur la chaussée avec de très graves blessures, meurent sur le coup. A la vue de ce spectacle horrible et choquant, les citoyens de Kamakourou se révoltent aussitôt et s’en prennent dans un premier temps, aux véhicules de passage qui roulent, selon eux, plus vite qu’il n’en faut dans leur localité. Ainsi, à l’aide de cailloux et de bâtons, ils caillassent et frappent délibérément tout ce qui bouge sur la route, avant d’incendier d’abord le camion impliqué dans l’accident, puis deux autres, chargés de granite à destination de Kamsar, lesquels n’avaient rien à voir avec l’évènement survenu. Dans ce tumulte, la circulation a été illico interrompue.
Le chef d’escadron Alfred Akoї Bavogui nous décrit ce qu’il a observé sur les lieux : « je suis arrivé avec le MDL (maréchal des logis) Bienvenu Lama et nous avons trouvé plusieurs jeunes vandales en activité. Ils étaient tous hostiles à la présence des usagers de la route et même des agents de sécurité. » A la question de savoir comment il a réussi alors à gérer cette situation houleuse, le commandant adjoint répond qu’il lui a fallu du tact, de la souplesse et du professionnalisme. D’après lui, c’est la formation et l’expérience qui permettent aux gendarmes d’évoluer sur tous les terrains. Il dira qu’ils sont préparés à faire face à tout genre de problème dans l’accomplissement de leur mission. Sans s’étendre davantage, il indique avoir réussi à accéder aux lieux de l’accident pour récupérer les victimes mortelles, éteindre les feux sur les véhicules et sensibiliser les jeunes survoltés. Cela a permis aux secouristes de la croix rouge d’intervenir avec l’appui des gendarmes, policiers et autorités civiles présents sur les lieux.
De cet accident, il a été enregistré :
1-Dégâts corporels : deux (02) morts: il s’agit de monsieur Abdoulaye Camarasurveillant à la société Diandian, fils de Saickou et de Salématou Camara, résidant à Kamakourou et mademoiselle Aicha Camara élève en 11ème année à Dabompa (Conakry), fille de feu Djiby, ex comptable à la CBG et de M’mahawa Tawel, ménagère domiciliée à Tarinssa, tous deux sur la Moto de marque et immatriculation indiquées plus haut.
2-Dégâts matériels importants:
-Une moto, citée plus haut, hors usage et trois camions incendiés, à savoir :
– camion impliqué dans l’accident ;
– camion Renault Magnum immatriculé RC-6845-AO, appartenant à monsieur Abdoulaye Baldé, architecte, demeurant à Conakry ;
-camion Iveco, immatriculé RC-1532-AJ, appartenant à monsieur Mamadou Kaly Baldé, commerçant ;
Le tout, sous réserve d’expertise mécanique.
La gendarmerie conclut à l’excès de vitesse, au franchissement de la ligne continue et à la circulation à gauche, infractions au code de la route à l’origine de cet accident mortel suivi de vandalisme qu’elle relève et retient à l’encontre de monsieur Ibrahima Diallo, conducteur au moment des faits, du camion Renault Concorde immatriculé RC-4294-AJ.
Pour le lieutenant-colonel Albert Gbamou, commandant la compagnie sécurité routière de Boké, il y a des leçons à tirer de ce malheureux et grave évènement. S’agissant de l’accident, il dira qu’il est le résultat de violations des règles du code de la route. Toutes les infractions retenues à l’encontre du conducteur de camion sont du domaine de l’évitable. Il n’y a aucun hasard, aucune fatalité à invoquer. Il suffisait juste qu’il veuille bien s’y conformer. Ainsi, il aurait réduit sa vitesse pour s’assurer une bonne maitrise de son camion ; il aurait marqué un temps d’arrêt pour permettre au motocycliste de passer avant lui ; il aurait évité de franchir la ligne continue pour se retrouver, roulant à gauche sur la chaussée. Autant de choses, simples à faire, qui permettent d’éviter les situations comme celles que nous venons de vivre.
A cela, dira le lieutenant-colonel Albert Gbamou, nous devons ajouter ces cas d’incendie systématique de véhicules après accident. Des pratiques illégales et répréhensibles récurrentes, surtout à Dubréka. Les voilà qui commencent à essaimer dans notre région. Nous devons y mettre fin, sans attendre et définitivement. Nos autorités nous y invitent avec fermeté et urgence. Nul n’a le droit de se rendre justice. En cas d’accident, c’est aux services compétents de police ou de gendarmerie seuls, qu’il revient de déterminer les responsabilités et cela, sur la base d’un constat dûment établi par des agents, officiers de police judiciaire, formés en la matière et assermentés. L’incendie volontaire est un acte prévu et puni par nos lois en vigueur. Le code pénal en fait bonne mention. Et devant des faits de ce genre, nous avons mission de rechercher les coupables et de les traduire en justice. De pareils comportements ne nous honorent pas et tiennent de l’anarchie et de l’incivisme. Ces actes sont des vecteurs de troubles à l’ordre public. Il ne sert à rien de s’en prendre à des innocents pour régler des comptes ou punir des supposés coupables. En toutes circonstances, face à n’importe quel évènement, seule la loi doit prévaloir.
Il est souhaitable que le civisme soit enseigné à tous les niveaux, surtout aux jeunes qui constituent la relève, l’avenir de notre pays. Nous saluons et encourageons ici, les actes louables que les autorités à tous les niveaux de notre région posent dans le cadre de la sensibilisation de la couche juvénile, toutes les fois que cela s’est avéré nécessaire. Nous invitons les parents et toute autre association dont c’est le crédo, à s’associer à cette dynamique qui doit être constamment activée. C’est comme ça qu’on va préparer un meilleur avenir pour nos enfants. Cela contribuera à les apaiser et à leur faire éviter la pratique du vandalisme, source d’agitations et de troubles sociaux. Pour nous gendarmes, une telle réalité est à espérer. Pour parler simple, je dirais que cela réduit le rang des potentiels délinquants auxquels nous pouvons avoir à faire face dans l’avenir. Donc, au bout du compte, nous gagnons tous à bien nous comporter dans la circulation, notre pays surtout !