Au tribunal de première instance de Mafanco, Mamadou Diallo, 42 ans, a vu son dossier requalifié en viol sur mineur alors qu’il était initialement poursuivi pour vol à main armée. L’accusé a été reconnu sur internet par un jeune qui dit avoir été victime d’un viol qu’il a subi lorsqu’il avait 13 ans. (Image d’archives)
A la barre, ce vendredi 31 mai, la victime est revenue sur l’histoire qui, selon lui, a bouleversé toute son adolescence. « Il y a de cela 17 ans, le nommé Mamadou Diallo a détruit ma vie. J’avais 13 ans, j’étais avec mes amis pour faire du vélo quand ce monsieur m’a appelé pour me demander de lui venir en aide dans une usine abandonnée à Entag. Quand je suis allé, il m’a ordonné de me déshabiller. Terrorisé, j’ai obéi. Pour moi, il voulait me frapper. A ma grande surprise, il a ôté son pantalon, j’ai vu immédiatement son sexe en érection. Je ne comprenais pas ; j’ignorais à l’époque qu’un homme pouvait avoir des relations sexuelles avec un autre garçon. Il m’a ordonné de m’allonger. Je l’ai fait. Puis, il m’a pénétré par voie anale. Après qu’il ait fini, son sexe était plein d’excréments et de sang. Je me suis rhabillé et j’ai couru vers la rivière de Entag pour me laver. Je me sentais sale et souillé. Depuis lors, j’ai encore le stress de son acte. J’entends toujours les mots vulgaires et injures qu’il me disait pendant qu’il abusait de moi. De toute mon adolescence, je n’ai jamais joué avec les garçons, j’étais toujours avec des filles. Aujourd’hui, j’ai 30 ans, je n’ai jamais eu de relations sexuelles avec les filles. Je viens de me marier, cela fait 9 mois. Mais, à chaque fois que je suis avec ma femme au lit, je ne pars pas jusqu’au bout. Cela me dégoûte et j’arrête. J’ai même été au Maroc pour suivre une thérapie, mais rien. C’est par miracle que j’ai vu sa vidéo sur internet où il était en train de se faire battre pour vol. Je l’ai reconnu par la cicatrice sur son visage », a expliqué la trentaine.
Mamadou Diallo a nié en bloc les propos de l’homme. Il estime que le plaignant a dû être payé pour l’enfoncer. « Je n’ai jamais vécu à Entag. Je ne connais pas ce jeune. Je n’ai jamais été attiré par les garçons à plus forte raison les petits garçons. J’ignore ce dont il parle. La cicatrice dont il parle, je l’ai eu lors de ma bastonnade par les gens. Ce jeune a dû être payé par quelqu’un pour m’enfoncer », a-t-il répliqué aux propos de sa présumée victime.
« Même si j’étais dans les derniers instants de ma vie, je dirais que monsieur Diallo m’a violé. Pour mon bien être mental, je plaide qu’il soit puni pour le mal qu’il m’a fait. J’ai fait 17 ans de dépression, j’ai même failli me donner la mort », a rétorqué l’accusateur de Mamadou Diallo.
Le représentant du ministère public a déclaré être animé de doute dans cette affaire. « J’ai de la peine pour la victime. Ces déclarations qu’il a tenues sont des déclarations qui brisent le cœur. Un jeune garçon qui dit être marié, a du mal à accomplir son devoir conjugal avec son épouse. Mais nous sommes en matière criminelle et nous avons prêté serment d’appliquer la loi en ne tenant pas compte des sentiments. Nous ne dirons pas que les accusations de la victime ne sont pas vraies, mais à part sa déclaration et les pièces des examens psychologiques qu’il a brandies ici, rien ne prouve qu’il y a eu viol et que c’est l’accusé le responsable. Sur ce, je demande que monsieur Diallo soit renvoyé des fins de la poursuite », a requis le représentant du ministère public.
L’avocat de la défense a plaidé que le juge prenne en compte les réquisitions du procureur. Mais le juge a reconnu Mamadou Diallo coupable du crime de viol sur mineure. Pour la répression, l’accusé a écopé de six (6) ans de prison et du paiement de la somme de 20 millions au préjudice de la victime.