Pendant que l’exécutif proclame sur tous les toits la célèbre citation de Jules César « je suis venu, j’ai vu et j’ai vaincu », pour célébrer son passage en force, avec 91.59 % de « Oui » au Référendum constitutionnel, avec, en sus la majorité des sièges de la future assemblée nationale, une bonne partie de l’opinion nationale et internationale est vent debout contre ces élections, censées ouvrir un boulevard au projet de présidence à vie, prêté au chef de l’Etat. Celui-ci, on le sait, a bravé tous les interdits, pour organiser un double scrutin en pleine crise sanitaire, dont la victoire risque cependant, d’avoir un goût amer.
Le concert de désapprobation suscité par ces élections controversées, au-delà même de nos frontières est la preuve éloquente de cette gueule de bois électorale.
C’est une lapalissade d’affirmer qu’avec le retrait de l’opposition du processus électoral biaisé, et un fort taux d’abstention, le président Alpha Condé ne pouvait que voguer vers une victoire facile à son fameux Référendum, qui s’est tenu le 22 mars sur fond de contestation. In fine, le score à la soviétique de 91.59 % de Oui, contre 8.41 de Non, proclamé par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), n’a fait qu’entériner ce que les détracteurs du régime qualifient de mascarade.
Victoire noyée dans le sang
Dans une déclaration publiée au lendemain de la diffusion des résultats provisoires du double scrutin par la Ceni, le Front national pour la défense de la constitution (Fndc) se dit « horrifié par l’ampleur des tueries et l’existence de fosses communes creusées le 25 mars 2020 par les autorités Guinéennes à N’Zérékoré, tout en réitérant son interpellation aux organisations nationales et internationales de défense des droits de l’Homme et à la communauté internationale pour diligenter une enquête indépendante en Guinée. »
La plate-forme décrit un scénario apocalyptique sur ce qu’il s’est passé dans la capitale forestière. « Des Guinéens ont été brûlés vifs. Certains ont été tués à coup de machettes et de fusils. Des dizaines de victimes ont été nuitamment enterrées dans des fosses communes pour cacher la vérité. Ces cruautés perpétrées à N’zérékoré et dans tout le pays ont été savamment planifiées et exécutées par des hauts responsables du RPG arc-en-ciel, leur milice et M. Alpha Condé en quête d’un troisième mandat illégal et illégitime », accuse le FNDC.
Le mouvement confirme le bilan provisoire de 66 personnes tuées à N’zérékoré, fourni par le Conseil supérieur de la diaspora forestière.
Cette hécatombe fait froid dans le dos et devrait interpeller le gouvernement, à tout mettre en œuvre pour sévir contre l’impunité, au lieu de monter sur ses grands chevaux pour se défausser sur l’opposition.
Le parti au pouvoir et la logique du bouc émissaire
Concernant les terribles événements survenus à N’zérékoré en marge de ces élections, le RPG arc-en-ciel a désigné son coupable idéal. Il s’agit du président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg), Cellou Dalein Diallo. C’est lui qui aurait commandité ces violences qui ont endeuillé de nombreuses familles, accuse le parti au pouvoir.
Des allégations battues en brèche par le Conseil supérieur de la diaspora forestière (Csdf), qui met plutôt ces convulsions sur le compte de manœuvres ourdies par des apprentis sorciers de la politique, qui mangent à tous les râteliers.
Dans la même lancée, l’Ufdg qui dénonce une fuite en avant, appelle à la mise en place d’une commission d’enquête internationale pour faire la lumière sur ces incidents meurtriers. Le principal parti de l’opposition guinéenne, accusée d’être à l’origine de ces morts, loin de ses traditionnels fiefs demandent même une enquête internationale pour situer les responsabilités.
Tirs croisés sur la gouvernance Condé
Toutefois, malgré sa prédominance médiatique, le coronavirus ne parvient pas à détourner totalement les regards de la crise guinéenne. C’est ainsi qu’un collectif dénommé Collectif pour une Transition en Guinée (CGT) vient de voir le jour du côté de l’Hexagone. Composé d’intellectuels et d’artistes de renom, dont Tiken Jah Fakoly, Claudy Siar, Pierre HENRY Président France fraternité/ France terre d’asile, Richard SOVIED PDG Télé Bocale, Dominique SOPO Président SOS Racisme, (la liste est non exhaustive), ce Collectif tire la sonnette d’alarme sur la voie funeste sur laquelle la Guinée s’est engagée à la faveur de ce double scrutin.
« Il est urgent d’agir pour sauver ce pays martyr qui porta longtemps les rêves d’espérance de toute l’Afrique », recommande le Collectif qui, sans apprêt ni ambages, a jeté un gros pavé dans la marre du pouvoir de Conakry. En martelant que « la Guinée n’est pas la chasse gardée patrimoniale de Mr Alpha CONDE et des clans kleptocrates qu’il entretient. »