Bachar Al-Assad est indexé et mis au ban de la Communauté internationale pour avoir utilisé des armes chimiques contre « ses propres populations ». Cette Communauté internationale ou occidentale défile en rang disloqué, elle a ses idées qu’elle veut imposer à tous ceux qui ne voient pas les choses de ce monde du même angle qu’elle avec des arguments controuvés. Ce qui se passe en Libye en dit long, mais elle persiste dans ses errements aux conséquences difficiles à réparer.
On a vu les populations de Syrie manifester contre Bachar, on a vu encore les mêmes populations acclamer le même Bachar après la libération des zones occupées par les révolutionnaires confondus aux terroristes de tous poils et de toutes les obédiences, et ces groupuscules sont loin de filer le même coton.
Malgré cela et à partir de là, les Occidentaux ont posé leur postulat dans l’affirmation qui dit que Bachar a tué sa population. En posant ce postulat, les Occidentaux ne font aucune distinction et ne cherchent même pas à séparer la bonne et vraie information de la fausse, elle élude et omet volontairement de dire que tous les morts en Syrie ne sont pas le fait de Bachar uniquement, que les bombardements de la coalition ont participé activement à grossir le nombre, qui se chiffre à plus de 500 mille. Ce chiffre rappelle aux Guinéens le nombre de morts au Camp Boiro, si un zéro était supprimé. Bachar est donc le seul responsable de toutes les bavures et dégâts collatéraux, point !
Les François Hollande ont émis une rhétorique qui ne tient plus la route : Bachar fait partie du problème, il ne peut pas faire partie de la solution. C’est vendre la peau de l’ours avant de le tuer. Voilà Emmanuel Macron qui s’engouffre dans la même brèche, pas pour la même raison politique, mais pour avoir une présence dans le marché de la reconstruction, dont la donne est dans les mains de Poutine, qui ne blaire pas trop la présence française, qui a pris parti pour les révolutionnaires et les rebelles syriens mélangés et confondus aux terroristes. En outre, la France a été à la base des sanctions internationales contre la Russie dans l’invasion de la Crimée, ce qui est la suite logique de l’engagement total de la Russie en Syrie.
On dit en coulisses que Poutine a remonté haut les bretelles à Sarkozy lors d’une rencontre entre les deux. Sarkozy voulait mettre au-devant les sanctions contre la Russie, mais Poutine l’avait dissuadé, pas par objurgations mais par une dissuasion musclée. On les avait vus se présenter devant la presse après un long tête-à-tête. On avait cru qu’ils avaient trinqué un verre de Vodka de trop. Mais des observateurs plus rapprochés ont dit que le visage défait de Sarkozy n’était pas du fait de la Vodka, mais du coup d’assommoir diplomatique qu’il avait reçu lors de ce tête-à-queue. Cela s’est transmis à Hollande, qui voulait suivre la politique de Sarkozy sans succès et cela se voit encore avec Macron, qui veut suivre Hollande pour entrer dans la même impasse, puisque, lui, non plus ne sera pas présent dans les négociations de paix, dans la méfiance actuelle. Sans les négociations de paix dans la sérénité et dans le consensus, il n’y aura pas de marché de reconstruction. Il fallait montrer sa présence et ses muscles contre Bachar pour se positionner, tout en tenant en compte des édictions de Poutine.
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Ce qui est curieux, c’est que la cent-vingtaine de missiles déversée sur la Syrie n’ait fait aucune victime humaine mais tout le monde a crié à un succès éclatant de l’opération punitive pour absoudre Bachar et faire oublier le cas Skripal dont Poutine est indexé. Ces deux ont aussi joué le jeu en se plaignant et en criaillant.
Il serait très difficile de vérifier s’il y a eu bombardement ou pas à l’arme chimique à Douma. Les Russes refusent la mission de l’OIAC et continuent d’accuser les Occidentaux d’avoir fourni les armes chimiques aux rebelles. L’affaire ne sera peut-être pas élucidée, maintenant que les bombardements occidentaux ponctuels sont terminés.
Quant à Theresa May, il lui fallait laver l’affront de l’empoisonnement de Skripal, mais au lieu de frapper les intérêts russes, c’est le pauvre petit Bachar qui a été visé, elle s’est satisfaite de ce rien. Donald Trump, lui, avait bien besoin de faire quelque chose pour montrer qu’il n’y avait rien entre lui et Poutine dans les attaques cybernétiques pendant son élection. Erdogan, lui, a une bonne et vraie raison de frapper les Kurdes, ses ennemis, qui sont les amis de Bachar, de Poutine, de Trump et de Macron, qui sont aussi ses amis. Les Kurdes ont aidé tous ces artistes associés à lutter contre les terroristes mais Erdogan s’en balance et il les bombarde au grand dam de ses alliés qui ne savent où donner de la voix et de la tête. D’ailleurs, il vient de remettre Macron vertement à sa place, quand ce dernier avait cru opportun de jouer les bons samaritains et les médiateurs mal placés.
Dans ce grand panier de crabes à longues pinces, chacun des protagonistes a ses raisons et ses torts. Vouloir soutenir les révolutionnaires syriens, les Occidentaux ont aidé les terroristes qui voulaient s’implanter en Syrie. Même en se rendant à l’évidence pendant l’évacuation de la Ghouta et de Douma, les occidentaux ont dû négocier avec les terroristes mais ils ne veulent pas reconnaître cela comme tel pour refuser de voir ou de reconnaître la légitimité de Bachar.
Si les Russes n’avaient pas été là, la Syrie était en passe de devenir un chaudron comme la Libye, la sécurité du monde allait être une autre affaire sans issue car l’étendue de la Syrie et de l’Irak serait difficile à couvrir pour reprendre les régions prises et occupées par les djihadistes. La reconquête aurait nécessité beaucoup plus de moyens au moment et de temps.
Maintenant que les affronts d’empoisonnement et d’emploi d’armes chimiques sont lavés et épongés sans faire trop perdre la face de part et d’autre, tout le monde doit œuvrer pour la paix, participer à la reconstruction, il y a la place pour tous, le marché est incommensurable. Les Russes seuls ne viendront jamais à bout de la réconciliation en Syrie, ils ne tiennent qu’un bout de la solution ; les Français, Européens et les Britanniques, non plus, ils n’ont qu’un morceau du puzzle. Mieux vaut s’entendre que de tirer inutilement en longueur.