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Fraudes aux examens scolaires en Guinée : des modes opératoires hallucinants

Il est connu de tous qu’à l’approche des examens à grand tirage en Guinée, des fraudeurs dégainent leur arsenal de tricherie. En effet, chaque année, les fraudeurs innovent dans les stratégies de tricherie. Après plusieurs enquêtes, nous avons décidé de vous révéler à travers cet article les modes opérationnels de ces fraudeurs. Mais, ne dit-on pas que : «  l’éducation est égale au futur », autrement dit, les élèves formés aujourd’hui sont l’avenir d’un pays. Mais ici au pays des Rivières du Sud on s’en fout de ça, car la fraude aux examens de fin d’année ne fait que gagner du terrain. Et cela malgré la détermination du ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire à mettre fin à ce fléau qui fait dire ici que « l’école guinéenne va mal », mais l’imagination de ces fraudeurs est sans limites. Justement c’est ça que nous allons décrypter avec vous dans ce qui va suivre.

Ainsi, on ne parlera pas de fraude scolaire sans faire cas aux systèmes de tricherie classique. Ces pratiques les plus simples en matière de tricherie consistent à jeter un coup d’œil rapide sur la copie du voisin, ou encore les échanges de brouillons, les téléphones mobiles dissimulés. Et encore le fait de consulter des documents dissimulés.

A côté de ce système, il y a le mercenariat. C’est l’une des techniques les plus efficaces ici et elle est très risquée. En fait, le système du mercenariat consiste pour le candidat officiellement inscrit à solliciter les services d’une autre personne “plus pointue” dans les matières clés (mathématique, physique, etc) qui compose à sa place, moyennant rétribution. Pour cela dans la pratique il y a deux cas : Soit le mercenaire prend le risque de composer dans la salle, s’appliquant à tromper la vigilance des examinateurs. Ou soit, il attend hors de la salle dans un endroit bien connu d’avance que le candidat vienne lui remettre le sujet, lequel reviendra après récupérer le devoir traité.

Il faut citer aussi la corruption entre candidats et surveillants. Ici les choses sont simples. Un candidat courageux, après avoir observé le comportement du surveillant, lui propose un marché. C’est-à-dire qu’il lui demande d’aider tous les élèves en échange d’une contrepartie financière. Mais dans d’autres cas, ce sont les surveillants eux-mêmes qui proposent aux candidats, moyennant finances encore, de les aider. Ou encore leur permettre de s’entraider, mais dans le calme bien sûr. Pour une pratique connue de tous, chaque année les candidats se croient obligés de partir composer avec de l’argent. D’où la complicité active des parents qui, au lieu de dénoncer ce système, préfèrent donner des sous à leurs enfants qui les remettent, à leur tour, aux surveillants.

Le mode opérationnel le plus récent est celle qu’on appelle « l’opération hibou ». Cette fois-ci ce sont des examinateurs des centres d’examen qui favoriseraient ou qui sont à la base de cette pratique. Comme son nom l’indique cette opération se déroule la nuit, après que les élèves ont composé dans une matière. Cette technique consiste à faire traiter les épreuves par des enseignants et étudiants qui maîtrisent certaines matières, afin de remplacer ou remplir les copies de certains candidats. Pour déjouer l’arsenal de surveillance mis en place, il y a ce qu’ils appellent, dans ce milieu, la « copie améliorée ». Il s’agit, pour le candidat à aider, de ne pas remplir toutes les pages de sa copie. Le soir, les mercenaires, après avoir obtenu le corrigé des épreuves, remplissent l’espace vide laissé par l’élève.

Il y avait aussi la technique des livrets scolaires. Les acteurs principaux étaient des directeurs des études et/ou des fondateurs d’école privée. Dès l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir en 2011, son ministre d’alors, Ibrahima Kourouma avaient introduit les livrets scolaires qui contribuaient à près de 70 % au taux de succès aux BEPC et au BAC. Certains directeurs d’études majorent et surévaluent les moyennes annuelles générales de leurs élèves. Il y a aussi les fondateurs qui veulent gonfler le taux de réussite de leur établissement pour des raisons purement marketing.

Il ne faut pas non plus oublier« le système pétrole »   Cette pratique consiste à trouver un circuit auprès de la structure chargée de l’organisation des examens pour s’approprier du sujet de l’examen et le traiter avant d’aller composer. Très souvent ce sont les parents eux-mêmes qui vont acheter « le pétrole » pour leurs enfants. Mais depuis quelques années, cette pratique a été anéantie.

Au ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire où nous sommes rendus, le Chargé de la communication du département,  Mamadi Sidiki Camara nous apprend que cette année, c’est un vrai arsenal qui est mis en place pour contrecarrer les fraudes dans les salles d’examen. Pour preuves. Les membres de la structure chargée de l’organisation des examens sont internés pour un mois. Ils n’ont aucun contact avec l’extérieur. En plus de cette mesure, il y a la nouvelle présentation des copies, appelée « copie améliorée », selon le responsable de communication du ministère. Cette fois-ci, le nom et la filiation du candidat ne figurent pas sur la copie. Les PV seront masqués par un sticker et il y aura dans la salle d’examen deux surveillants. Tout candidat qui se déplacera pour un besoin (se soulager au WC) sera accompagné par un surveillant. Le chargé de communication jure, la main sur le cœur, que rien ne sera comme avant. Comme quoi, tout est mis en place cette fois-ci pour réussir des examens sans trop parler de fraude.

Au département de l’Enseignement Pré-Universitaire, tout le monde s’accorde à reconnaître que le ministre Guillaume Hawing a pris le combat contre la fraude au sérieux. Il veut enrayer cette mauvaise pratique du système éducatif guinéen en y  apportant des réformes  Ces examens qui débutent ce lundi 06 juin est un test pour mesurer l’efficacité de la méthode Hawing. Du côté des candidats aux différents examens scolaires, l’heure est à la révision dans les écoles.

Sinon, il faut retenir que la fraude est une vieille pratique qui ternit l’image d’un pays et surtout un pays comme la Guinée qui prétend être sur la voie de l’émergente.

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