Le Canada a retiré la candidature de Michaël Jean, en échange d’un poste au Conseil de Sécurité, dit-on. Mais un tient ne vaut pas mieux que deux tu l’auras ? La question se pose.
En effet, si les présidents français ont la latitude de désigner les secrétaires généraux de la Francophonie comme ils veulent, ont-ils la même latitude de désigner qui ils veulent au Conseil de Sécurité ? La question se pose, également. Ce qu’il faut noter, c’est que même sans la Francophonie, le Canada était de loin bien placé pour être au Conseil de Sécurité, en cas d’élargissement. L’Allemagne et le Japon sont aussi au portillon.
Quant à l’Afrique, une seule place serait un crime de lèse-majesté pour ses 54 Etats et ses plus qu’un milliard d’habitants. Mais qui sera l’heureux élu ? Cette question se pose de façon entêtante, mais la question qui est explosive est de savoir si le secrétariat général de la Francophonie sera échangé contre sa place à l’ONU ?
Quand on sait que rien ne va plus à l’ONU, Donald Trump casse et brise tout ce qui le contraint a quoi que ce soit. Il se retire de presque toutes les organisations internationales qui nécessitent dépenses et contributions financières. Mais ce qu’il faut souligner, c’est qu’il fait semblant de flirter avec Emmanuel Macron, qui, lui, semble croire qu’il tient par le bout du nez celui qui joue à le mettre au ridicule, en montrant une mine de rien, ce qui est loin d’être un idiot. On ne sait pas si quelques observateurs perspicaces peuvent percer le jeu entre les deux, mais il est subtil. Attendons de voir ce qui va se faire lors du défilé militaire pour la commémoration du centenaire de la première guerre mondiale.
En clair, la question est de savoir si Macron pourrait tirer et faire entrer le Canada au Conseil de Sécurité, quand les Britanniques, les Chinois et les Russes ont aussi quelqu’un à parrainer dans ce domaine. L’élargissement sera de combien de places pour accueillir tous ces clients ?
Le Canada, comme le Rwanda est bilingue, mais le français est plus usité au Canada qu’au Rwanda. La France a joué sur la libération de Victoire Ingabire, un semblant d’ouverture démocratique, la condition sine qua non pour la candidature de son ministre des Affaires Etrangères, Louise Mushikiwabo. On est admiratif du modèle rwandais en matière de développement économique, écologique. Mais en démocratie, on reste sur nos gardes, puisque la dame Ingabire avait un peu trop parlé à peine libre, Paul Kagame lui a dit de remuer 7 fois la langue, au risque de retourner en prison. Libération conditionnée !
Enfin, Erevan, la capitale de l’Arménie, n’est pas une ville francophone attitrée, bien que c’est chez Charles Aznavour, l’homme qui parle le français en chantant, ou qui chante en parlant la langue de Molière. Si on n’a pas eu des acouphènes, l’Arabie Saoudite serait aussi intéressée par la Francophonie, ce qui lui donnerait la légitimité de postuler au poste de secrétariat général, un de ces quatre. Mais sait-elle que dans la Francophonie, il faut parler français et faire semblant d’être démocrate, comme tous en Afrique ?
François Hollande a préféré Michaël Jean à beaucoup de vieilles « personnes-alitées » d’Afrique. Emmanuel Macron, lui, a préféré Louise Mushikiwabo. Les jeux semblent faits, les deux femmes ne vont pas se crêper le chignon à Erevan.