La tentative de retour à la normale entre la France et le Rwanda par le truchement de la Francophonie risque d’être un précédent. Les principes essentiels que défendent la France et la Francophonie : démocratie, droits de l’homme, séparation des pouvoirs, liberté d’expression… sont-ils en train d’être sacrifiés sur l’autel d’une normalisation des relations entre deux Etats, fussent-ils être la France et le Rwanda dont la première se sent coupable vis-à-vis du second, au point de fouler tous ses propres principes fondateurs qui ont prévalu à la fondation de la Francophonie?
Que restera comme valeur sui generis et intrinsèque à la Francophonie, et par inférence, quelle légitimité restera encore à la France pour se prévaloir d’être la patrie des droits de l’homme et des libertés démocratiques ? Quoi que l’on dise sur l’état de santé du Rwanda dans bien des domaines positifs et enviables après le grand génocide du 20ème siècle, cela suffit-il à en faire autant ? La tête de la Francophonie peut-elle revenir logiquement et si prématurément au Rwanda, qui est sortie et qui n’est pas encore revenue formellement au sein de la Francophonie ? Que pensent les autres pays, qui sont restés fidèles en son sein depuis sa création et qui attendent de briguer ce secrétariat général ? Quelle frustration de penser que la Francophonie relève de la volonté exclusive des politiques français !
En tout cas, le RNC, Rwanda National Congress, parti en exile et plus que jamais en détresse, n’a pas dit tout ce qu’il a dans le ventre, il s’est contenté de dénoncer et de mettre le doigt sur la plaie, ce qui ne manquera pas de donner du grain à moudre à l’opposition française de tirer à boulets rouges sur la politique extérieure sans nom de Emmanuel Macron.
La démocratie peut avoir des visages, celle-ci est hideuse, elle n’est pas celle qui a donné la leçon que nous avons apprise de la France de 1789.