Tout est en voie de rentrer dans l’ordre, le gouvernement sort, éprouvé mais vainqueur des revendications intempestives qui avaient surchauffé les esprits, pour rien. N’aurait-il pas été prudent de faire l’économie de toutes ces sorties spectaculaires, pour ingurgiter la potion, plutôt que de jouer les Tartarin pour amuser la galerie?
Il aura fallu, aux syndicalistes, une surdose de lacrymogène pour leur permettre de voir clair et de se contenter, enfin, de ne revendiquer, faute de mieux, que des mesures d’accompagnement dont les principales sont : l’amélioration des conditions de vie des travailleurs- tous secteurs confondus- et le rehaussement du SMIG.
Le pétrole pourrait continuer à flamber à volonté et même à produire des feux d’artifice, la préoccupation de ceux qui avaient recouru à un donquichottisme volontaire, pour animer les planches du théâtre social, est ailleurs.
Du côté de l’UFDG et de ses alliés, c’est le même retour à la raison, après une promesse avortée de manifestations prévues sur l’autoroute Fidèle Castro. Un deal, estimerait-on, entre l’opposition républicaine et la Mouvance présidentielle qui aurait fait son effet. Un accord en est sorti, bien élaboré et salué par tous. Désormais, la manifestation a été étouffée et le compromis a été salué. Le retour au calme, souhaité, est obtenu.
En Guinée, la concertation a toujours fait force de loi, tous s’y conforment. Il n’est plus question de recourir à la Loi, oubliée au profit du consensus, dans bien des cas, pour compromettre les bons rapports sociopolitiques. Sauf que les exclus des retrouvailles, ces leaders qui se sentent marginalisés, crient au deal entre le RPG et l’UFDG, comme il en avait été le cas lors de la mise en place de la CENI. Le retour de la paix sociale, malgré la façon dont il est réussi, est salutaire pour tous.
Le Premier ministre Kassory n’aime pas la casse et il mettrait tout en œuvre pour servir la potion calmante aux esprits surchauffés, jusqu’à ceux qu’ils reviennent à de meilleurs sentiments.
Quant aux forces dites sociales, elles se sont déjà affaiblies, même si elles donnent l’impression d’avoir toujours de quoi dresser un épouvantail devant la Primature. La sortie de Lassana Diawara, celui-là même qui avait dit que le pays risquerait de connaître le syndrome de 2007, aura porté un coup dur au mouvement des forces sociales. En effet, ce président d’une organisation de la société civile avait déclaré que la marche du 07 août n’a été décidée que par un petit groupe.
Une sortie qui aura fini par désamorcer les ardeurs des forces sociales et engourdir les membres. La vie reprend dans une nouvelle anxiété, pour les populations guinéennes qui auront compris, enfin, qu’elles ne disposent d’aucun autre recours fiable pour se faire essuyer les larmes. Ceux qui étaient devant auront vite fait de rebrousser chemin. Ceux qui sont derrière n’auront plus qu’à porter leurs jambes au cou. C’est le retour à la case-départ, un bon viatique pour la Primature. Comme pour dire, qu’au pays du Chien qui fume, toutes les fumées sont blanches.