Les Guinéens avaient perdu l’habitude de fêter avec fanfare leur indépendance depuis la disparition de Sékou Touré. D’ailleurs, la Révolution n’avait pas l’habitude de fêter le 2 octobre, le jour de la proclamation de la République mais le 28 Septembre, le jour du ‘’NON’’, et dans le stade du même nom.
Sous la deuxième République, Lansana Conté ne fêtait pas le 28 Septembre, mais le 2 octobre, et pas dans le Stade du 28 Septembre, mais à la Place des Martyrs avec moins de faste et de fanfare, par manque de moins, à l’image du cinquantenaire.
Sous la troisième République, Alpha Condé a fait la trouvaille de faire tourner la fête de l’indépendance dans les quatre régions naturelles, à leur bénéfice, des infrastructures nouvelles. Et vint le soixantenaire. Conakry n’avait jamais pensé à une Place de la République. Il n’y aucun autre endroit plus approprié que le Stade du 28 Septembre pour abriter les festivités d’une telle ampleur avec tous ces chefs d’Etat et de gouvernement. Seulement, personne n’a vu le chef de file de l’Opposition. Pourtant, dans son discours à l’occasion de cette fête de l’indépendance, le président guinéen avait dit tout assumer et avait demandé pardon pour tout ce qui s’est passé depuis l’indépendance, y compris pour le massacre du 28 Septembre 2009.
De là, une question se pose : fallait-il ou ne fallait-il pas fêter ce soixantenaire au Stade du 28 septembre ? Le cas contraire, où, pour donner un faste digne de ce soixantenaire, que certains voient perfectionnistes voient un peu morne en rouge-jaune-vert ? Il faut le redire, la fierté d’un pays se mesure par son drapeau, et dans ce domaine, la Guinée n’est pas trop munie…
Cellou Dalein Diallo était dans un dilemme inénarrable, puisque son absence sera vue comme un manque de considération pour le soixantenaire de l’indépendance de son pays et aussi pour les chefs d’Etat et les hôtes qui ont fait le déplacement. Fallait-il fermer les yeux sur le massacre de ses militants pour venir tenir compagnie politique? Faut-il rappeler aussi et surtout que sans les militants des Forces Vives dont l’UFDG était une des principales composantes, ce soixantenaire eût été autrement fêté, à supposer que Dadis se fût cramponné au Pouvoir jusqu’à date ? Il faut trouver voies et moyens pour une réconciliation nationale au plus vite. La division sociale est trop nette.
Sur le déroulement de la cérémonie
Pour la première fois dans l’histoire, un Guinéen a su chanter juste l’hymne national de son pays. L’hymne guinéen a toujours été très mal et faussement vocalisé, maintenant, c’est fait, après soixante ans, mais Rizo Bangoura doit encore travailler sa voix et s’exercer un peu plus encore, puisqu’il a tiré vers le haut jusqu’à sa limite vocale fluette, il manque un iota pour être sur la gamme…
Paradoxe, Lansana Conté, qui était dans les sérails de Sékou Touré, avait fait table rase de sa politique, Alpha Condé, qui était son opposant, cherche à ramener sa politique. Tout semble vouloir recommencer à zéro pour attraper le temps perdu. Vu l’organisation du défilé en quinconce, sans les écoles, sans les élèves, il faut réapprendre ce qui a été délaissé depuis 34 ans.
Si on vous dit que la Guinée était trop jeune pour avoir 60 ans, par manque de maturité et de sagesse, le croiriez-vous, Fougafou (vieux sans sagesse) ?
A quand la réconciliation nationale ?