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Fermeture programmée de Yup Guinée: Face à l’incertitude, les travailleurs en détresse

Dans le cadre de sa procédure de fermeture, l’entreprise de monnaie électronique Yup Guinée a envoyé ces dernières semaines des messages et correspondances à tous ses clients et partenaires. Objectif, informer ces derniers de l’arrêt de ses activités tout en leur demandant de retirer leurs avoirs logés dans les comptes de l’entreprise.

Le processus est irréversible. D’autant plus que, par principe, l’autorité n’a aucun pouvoir de contraindre un investisseur de continuer un business qu’il juge nécessaire de fermer. Tout ce qu’elle peut faire, c’est exiger que les droits des travailleurs soient respectés.

Déjà dans la procédure, Yup a fait une demande de retrait de licence d’opérateur de monnaie électronique qu’elle a adressée à la tutelle, en l’occurrence la BCRG (Banque Centrale de la République Guinée) qui aurait donné son accord. En tout cas, selon des informations recoupées auprès du service de communication de la Société Générale des banques de Guinée dont Yup est une filiale,  à propos des délais, les clients ont jusqu’au 10 juillet prochain, alors que la date du  31 juillet est fixée aux partenaires. « Nous avons mis en place une disposition qui va permettre à tous les clients de retirer leur argent, sans problème et gratuitement», rassure les services de communication

Seul souci, les choses n’avancent pas autant bien aux yeux des employés en détresse. En tout cas, ces derniers s’inquiètent pour leur avenir. En dépit des déclarations de bonnes intentions de la Société Générale dont le service de communication affirme que «les travailleurs ne seront pas abandonnés». Ces derniers sont loin d’être rassurés.  Considérant que leur avenir est décidé à leur insu. Non sans redouter d’être mis devant les faits accomplis, une fois que l’entreprise aura fini de rembourser ses clients et partenaires, fin juillet.

Même l’option de recrutement probable des futurs ex-employés de Yup par la société générale n’a rien de rassurant.  La banque a beau répéter que « toutes les dispositions sont prises pour les accompagner dans le cadre de la recherche de l’emploi», et «qu’en cas d’offre à la société générale, ils seront prioritaires». Ajoutant que «nous sommes catégoriques, cette ligne n’a pas du tout bougé. Et cette promesse sera tenue ». Mais le fait que cela ne dépend que du seul bon vouloir  de la banque ne permet pas aux personnes concernées de trop rêver.

Dans les faits, nos sources chez les employés expliquent que «les gens transmettent leur CV à la société générale où ils vont passer ce que la Banque appelle des  entretiens exploratoires». Autrement dit, « aujourd’hui, je vais passer un entretien sans savoir pour quel poste. Lorsqu’ils estiment  qu’ils ont un poste quelconque pour moi, ils me proposent un salaire, c’est-à-dire que ce n’est pas un transfert. Donc, si on prend l’exemple d’autres pays, ton salaire peut être divisé par trois (3). C’est comme n’importe quel postulant.»

Sauf que du côté du service de communication de la société générale, la lecture faite au téléphone de Guineenews est toute autre. «Au recrutement, on se réfère toujours au dernier emploi, et on regarde le dernier salaire pour fixer le nouveau. Même si cela intervient après deux ans, voire trois ans», affirme-t-on, invoquant un principe général.

L’argent, le nerf de la guerre

Si le service de communication de la société générale est très disponible sur l’accompagnement dont pourrait bénéficier les employés de sa filiale en voie de fermeture, il n’est pas très bavard quand il s’agit des conditions de séparations. C’est presqu’un sujet tabou. «Je ne suis pas au courant de ça», répond notre interlocuteur, à la question sur le seul mois proposé comme indemnité de séparation.

Dans notre conversation, il a même prétendu que s’il n’est pas au courant, c’est que ce n’est pas vrai. Ce qui est en parfaite contradiction avec nos sources qui soutiennent qu’il s’agit là du véritable point d’achoppement. Avant de confier qu’en lieu et place de ce seul mois proposé, les travailleurs ont fait une contre-proposition.

Cette dernière suggère que les engins roulants ‘‘amortis’’ reviennent aux travailleurs. Et qu’au lieu d’un mois, l’entreprise verse 72 mois à ces derniers, avec comme arguments tels que « le covid-19, la précarité de l’emploi en Guinée, et l’effet de surprise». Sans oublier qu’au motif économique invoqué par l’entreprise, les employés opposent l’atteinte de tous les objectifs assignés à la direction, en tout cas jusqu’à l’annonce de la fermeture.

Des revendications dont les employés attendent la suite avec beaucoup d’appréhensions, d’autant plus que, selon des informations à notre possession, même pour l’application de la convention collective, en tout cas en ce qui concerne certains avantages des travailleurs, il a fallu que les travailleurs débraient.

Et coïncidence ou pas, aux dernières nouvelles, les travailleurs seraient en train de jeter leur dévolu sur la fédération syndicale dont leur activité est la plus proche dans l’espoir que cette dernière pèse en leur faveur.

A suivre

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