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Fermeture des frontières : les Guinéens bloqués au Maroc se sentent abandonnés par l’Etat

En temps normal, le Maroc est le pays où les Guinéens devraient se sentir moins abandonnés. En raison de la qualité des relations entre Conakry et Rabat et qui sont vieilles de plusieurs décennies … Mais dans les faits, le Coronavirus, doublé du pilotage à vue au sommet de l’État, a bousculé ces réalités historiques.

La longue attente depuis l’annonce des démarches à l’endroit des Guinéens bloqués à l’étranger a tendance à devenir une éternité. Au grand dam des familles confrontées à une véritable misère financière et psychologique. Parmi eux, des Guinéens, particulièrement nombreux en France, aux États-Unis, au Sénégal et au Maghreb.

Ils sont plusieurs centaines de nos compatriotes bloqués dans ces pays en attente de leur rapatriement par les autorités ou du moins d’une aide humanitaire de la part de celles-ci pour pouvoir survivre en attendant. Mais pour l’instant, à part pour ceux qui ont pu bénéficier du geste du président de la République notamment au Sénégal, en France et aux Etats-Unis, le calvaire continue de plus belle pour d’autres.

Et pourtant, des annonces ont été faites. Même une cellule a été mise en place pour soutenir les compatriotes à l’étranger. Le conseiller du ministre des Affaires Etrangères chargé de la diaspora et des carrières internationales en est le coordinateur.

Joint au téléphone par Guinéenews, Mohamed Dabo informe qu’il y a un travail de planification en cours. Cela, en concertation entre les ministères des Affaires Etrangères, des Transports et de la Santé à travers l’ANSS.

Selon le Coordinateur de la cellule de soutien, « pour le Maroc, on a reçu aujourd’hui une liste d’environ 150 personnes et pareil pour la Tunisie où l’on a recensé le même nombre. Des listes qui sont en train d’être finalisées par nos Ambassades… »

Et d’ajouter : « pour tous ces pays, les autorités ont été saisies et on attend une date. Le ministère des Transports en étroite collaboration avec les AE, est en train de voir avec les avionneurs qui pourraient faire ces opérations. J’espère qu’on sera situé sur tous ces paramètres au plus tard en début de semaine prochaine. »

A priori une bonne initiative. Sauf que dans les faits, les choses n’avancent pas assez à la satisfaction de ces compatriotes en détresse. « Depuis le 13 avril, l’Ambassade de Guinée au Maroc, à l’instar des autres Ambassades, a recensé tous les Guinéens bloqués. Nos références ont été transmises aux AE (ministre des Affaires Etrangères, ndlr) de la Guinée. Silence radio », confie à Guinéenews un Guinéen bloqué à l’étranger.

Pour rappel, les Guinéens sont bloqués à l’étranger depuis mi-mars. Et leurs conditions de séjour deviennent de plus en plus difficiles voire déprimantes pour certains d’entre eux. Récemment, on a entendu le cri d’alarme des Guinéens bloqués au Sénégal où une aide du président de la République a été annoncée au même titre que pour ceux résidents aux Etats-Unis et en France, selon le coordinateur de la cellule de soutien.

Pendant ce temps, au sein des Guinéens contraints de rester au Maroc, il n’y a qu’un seul sentiment qui prévaut, celui de l’abandon. « Malgré les instructions du Président de la République pour le rapatriement des Guinéens bloqués à l’étranger…, la situation n’évolue pas… », constate Mohamed Lamine Camara, l’un des 200 Guinéens actuellement bloqué au Royaume Chérifien.

Et pourtant, signale-t-il, ses compagnons d’infortune et lui-même, passent une vie quasi-intenable. Sans rien recevoir des autorités, contrairement autres compatriotes plus ‘’chanceux’’ coincés dans d’autres pays. « On souffre ici, on mange difficilement (pain, datte, lait en général), le logement est cher (600 USD par mois », a-t-il notifié dans un e-mail parvenu à votre quotidien électronique.

Poursuivant, notre interlocuteur indique que dans un élan de « …solidarité, certaines guinéennes occupent une seule chambre à trois. On ne dort presque pas la nuit. Il y a beaucoup de femmes avec des bébés et d’autres qui ont passé le Ramadan hors de leur foyer. Sans oublier le stress pour ces pères et mères de familles qui se retrouvent bloqués à l’étranger.’’

Des cadres en mission d’Etat abandonnés au Maroc

Des difficultés particulièrement incompréhensibles pour Mohamed Lamine Camara, en ce qui concerne les cadres en mission d’Etat au Maroc. « Parmi nous, il y a 24 missionnaires du ministère de l’Elevage venus apprendre l’insémination artificielle, des missionnaires de la pêche », révèle-il. Sans oublier « des personnes venues se faire soigner et des gens en transit qui ont pourtant tous leurs billets d’avion retour.’’

Et pourtant, rappelle-t-il, « le Mali, le Niger, le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Sénégal ont tous affrété des avions pour rapatrier leurs compatriotes… le Maroc a invité plusieurs pays pour la formation en insémination artificielle… Mais à date, tous ces autres pays ont rapatrié leurs ressortissants sauf la Guinée. »

Une situation alarmante à laquelle le ministère des Affaires Etrangères se dit, par la voix de son Coordinateur de la Cellule de soutien, sensible.  Une nécessite de rapatriement que M. Dabo souhaite allier à l’obligation de préserver la sécurité sanitaire de l’ensemble des populations.

Sauf que si ce principe est facile à comprendre pour un responsable resté à Conakry, pour les Guinéens bloqués à l’étranger, il y a mieux à faire. « Les autorités guinéennes sont invitées à adapter leur stratégie en fonction des moyens disponibles, » suggère M. Camara pour qui « le temps de séjour à l’hôtel ne devrait pas dépasser les 72 heures nécessaires pour l’obtention des résultats des tests ». Surtout que pour la plupart, il y a un teste au départ, martèle-t-il tout en rappelant la possibilité de réquisitionner sur place les établissements hôteliers de standing moyen au lieu de se focaliser sur ceux de haut standing.

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