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« Fermeture » des cimetières : Dalein s’indigne et charge lourdement Alpha Condé

 « Il semble qu’Alpha a donné des instructions pour agresser les morts et choquer les survivants »

Dans le cadre de l’aménagement du site de Koloma, le gouvernement guinéen a décidé de la fermeture des cimetières de Bambeto et de Kaporo-Rails. Mais cette décision est mal comprise aussi bien par de nombreux citoyens que par certains leaders politiques dont Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG).

Lors de l’assemblée générale virtuelle de ce samedi 29 mai 2021, le président de l’UFDG s’est indigné de ce projet de fermeture des cimetières qu’il a qualifié d’immoral : « je suis vraiment indigné parce que, selon de sources concordantes, Alpha Condé a décidé non seulement de fermer, mais de faire déguerpir ces cimetières, les ossements de ses compatriotes. À un moment donné, nous avions pensé que face à l’indignation suscitée par ce projet immoral du gouvernement, on avait pensé qu’ils y avaient renoncé. Dans notre culture on respecte les morts, on vénère ses aïeux, ses enfants, on vient souvent se recueillir sur leurs tombes. »

 Pour des besoins de viabilisation du domaine, Cellou Dalein estime que le gouvernement devait étendre un peu le cimetière et le clôturer pour qu’il n’y ait plus de possibilité de son extension après : « c’est moins d’un hectare, le cimetière. Qu’est-ce que cela coûte ? On devrait l’étendre, réserver une zone plus grande pour le cimetière de presque toute une commune, clôturer ça. Il n’y aura plus d’extension après. Ça, parce qu’on doit viabiliser le reste et faire de Koloma le quartier administratif. »

 Au cimetière de Bambeto, il y a plus de 200 personnes tuées lors des manifestations qui y sont enterrées. A Kaporo-Rails, des citoyens ont été déguerpis sans indemnisation. Pour le président de l’UFDG, les intentions d’Alpha Condé sont claires : « Il semble qu’Alpha a donné des instructions pour agresser les morts et choquer les survivants. Avant que les manifestants ne soient enterrés là, depuis quarante ans, les habitants de ces quartiers enteraient leurs morts. Mais la haine qu’il (Alpha Condé, ndlr) a contre les opposants, parce que c’est surtout les opposants, les manifestants qui ont été enterrés au cimetière de Bambeto, ils sont plus de deux cents. Des gens qu’on a abattus, qui n’ont pas eu droit à la compassion du gouvernement, qui n’ont pas eu droit à la moindre justice. On est venu déguerpir leurs parents parfois, détruire leurs abris, aujourd’hui on veut faire la guerre aux morts pour [choquer] les survivants. »

 Cela prouve, selon Cellou Dalein, le caractère inhumain des actuels dirigeants : « Des fois on se pose la question est-ce que c’est des montres qui nous gouvernent. La vie d’un être humain même s’il n’est pas ton compatriote, mais lorsqu’il est ton compatriote, comment peux-tu avoir des sentiments aussi inhumains vis-à-vis de ces gens. Dans notre culture, nous avons du respect pour nos morts et pour le cimetière où nos morts sont ensevelis. Ce sont des monstres, insensibles à tous les plaidoyers qui ont été faits, à toutes les démarches qui ont été menées par les autorités morales, des religieux qui ont dit que c’est une partie d’eux qui est dans ces cimetières. Qu’est-ce que cela gêne ? Certainement parce que les opposants sont là. On avait déjà gazé le cimetière, on a gazé les fidèles qui priaient sur les corps de ces opposants, maintenant il faut aller déterrer et jeter leurs ossements. C’est inacceptable. »

 Dans une situation similaire, le gouvernement de Lansana Conté avait accédé à la demande des populations. A l’époque, Cellou Dalein Diallo était ministre des Travaux publics. Il a modifié la route Siguiri-Kourémalé à cause d’un cimetière.

« Sur une route internationale, Doko-Kourémalé, il y a un hameau dont le cimetière était touché par l’emprise de la route internationale. Lorsqu’on était en tournée là-bas, les sages du hameau sont venus nous expliquer que c’est là que reposent leurs morts, leurs patriarches. Ils nous ont priés de ne pas faire passer la route là. Nous nous sommes retrouvés avec l’ingénieur et l’entreprise. On a déplacé [la route] pour épargner le cimetière, parce que nous savons ce que ça représente pour eux. »

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