Le président de la République a abordé ce jeudi 10 mai plusieurs problèmes qui assaillent le système éducatif guinéen. C’était à la faveur de la deuxième édition du Forum de l’Etudiant de Guinée (FEG) dont les travaux ont été lancés en grande pompe ce 10 mai à Conakry.
Devant des milliers d’étudiants et d’enseignants qui étaient mobilisés à cet effet, le chef de l’Etat n’a pas manqué d’attaquer vertement les centrales syndicales notamment la CNTG et l’USTG d’être les principaux responsables du retard qu’enregistre notre pays dans le domaine de l’éducation.
D’après lui, « ce sont les syndicalistes qui ont pris l’Etat en otage pendant la fin de la deuxième République et exigé que l’on recrute des enseignants sans aucun niveau ». « Voilà les causes de la disqualification du système éducatif guinéen », estime-t-il.
« Voilà, pourquoi depuis plusieurs années, nous avons entrepris des reformes dans le secteur éducatif de notre pays. Ces reformes commencent à porter des fruits, mais ce n’est pas encore suffisant. Nous voulons parler de l’université aujourd’hui, mais avant d’arriver à ce niveau, il faut passer à l’école primaire et au secondaire. C’est ce qui conditionne la qualité de l’enseignement supérieur. Nous avons des écoles notamment plusieurs écoles nationales d’instituteurs (ENI) pour former les enseignants, et de l’institut supérieur des sciences de l’éducation de Guinée (ISSEG) pour former les professeurs de collège et de lycée. La dernière fois que j’ai entendu dire que si le niveau des enseignants du primaire et du secondaire est mauvais, c’est parce que le gouvernement recrute ses amis ou ses partisans politiques. Il faut qu’on se dise la vérité aujourd’hui…Le gouvernement n’a jamais recruté ses amis ou ses militants. Comment nous nous sommes retrouvés avec des enseignants qui n’ont pas de niveau ? Il faut poser la question à la confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et à l’Union Syndicale des Travailleurs de Guinée (USTG) », a déclaré le président Alpha Condé dès l’entame de ses propos.
« Vous savez, à la fin de la deuxième République, notre regretté président (le général Lansana Conté, ndlr) avait une santé qui ne le permettait pas de gouverner. Le syndicat a profité de cette situation pour prendre le pays en otage ; Mme Penda (une syndicaliste, ndlr), vous avez pris l’Etat en otage pour imposer certaines choses qui sont contraires à l’intérêt de tout le peuple de Guinée. Voilà comment nous nous sommes retrouvés aujourd’hui avec des enseignants qui n’ont aucun niveau. C’est la CNTG et l’USTG qui nous disent de recruter telle enseignante ou tel enseignant », dégaine le président Condé.
Pour étayer ses accusations, Alpha Condé revient sur un fait qui se serait passé lors du dernier recrutement des enseignants. Un exemple, dit-il, de la magouille dont procède le syndicat pour imposer sa volonté à l’Etat et au peuple de Guinée.
« Je vais vous donner deux cas. L’année dernière, ils nous ont dit de recruter 1600 contractuels qui n’avaient aucun niveau et à défaut qu’ils vont aller en grève. Alors que le comité d’audit, composé du syndicat et des parents d’élèves, avait démontré que les enseignants actuels n’avaient pas de niveau. Donc, on était obligé de le faire. D’ailleurs en 2012, on a organisé un test dans la dictée de CE2, on y a mis 20 fautes. Et sur les 750 enseignants, 75 pour cent ont été incapables de trouver ces fautes. Sur les 75 pour cent, 25 pour cent en ont ajouté des fautes. Comme on était faible en se moment, on a accepté », a dénoncé le président de la République pour qui, il est temps de mettre fin à cette anarchie. « D’où la nécessité d’organiser les états généraux de l’éducation », estime-t-il. « Mais pour y arriver, indique-t-il, il faudrait un réveil de conscience collectif. »
« Les parents d’élèves doivent se poser la question. N’est-il pas mieux de faire une année blanche et recruter des enseignants sortis de l’ENI et de l’ISSEG que de prendre des enseignants qui forment les enfants sans aucun niveau…? On doit se poser la question pour qu’on ne soit plus pris en otage par le syndicat. Il faut que les parents d’élèves commencent à réfléchir. A quoi sert de former des enfants qui n’ont aucun niveau ? Vous gaspillez de l’argent pour envoyer les enfants à l’école et après ils n’ont aucun niveau. C’est pourquoi il est temps de faire les états généraux de l’éducation. Voilà concrètement les débats que nous allons faire pour essayer de faire évoluer les choses dans le secteur de l’éducation en Guinée », propose le chef de l’Etat qui prévient que tous les enseignants qui seront désormais recrutés en Guinée, devraient sortir exclusivement de l’ENI ou de ISSEG.