L’usurpation de titre et de fonction continue toujours en Guinée. Cette fois-ci, c’est l’institution judiciaire qui en est victime. Un cas vient d’être détecté en ce mois de juillet au Tribunal de Première Instance de Faranah où un faux-juge d’instruction a été mis aux arrêts avec un arsenal de titres et de fonctions accompagnés d’une carte de visite sur laquelle il est mentionné : « Vice-recteur de l’université « Ile » de Guinée ». Sur cette carte, le faussaire se nomme : Ibrahima Kalil Kaba alors qu’à l’état civil, il s’appelle Kaly Samoura.
Agé de 33 ans, l’usurpateur s’est fait passer pour un juge d’instruction en poste à la Justice de Paix de Télémélé. Depuis quelques temps, ledit faussaire gruge les citoyens qui ont maille à partir avec la justice. Et comme dit un adage: «tous les jours pour le voleur, un jour pour le propriétaire », le pot aux roses sera découvert quand il va se mêler d’un conflit qui a opposé deux districts dans la sous-préfecture de Beindou… Fréquent régulièrement à la Justice de Paix de Télémelé où il a scellé l’amitié avec le juge d’instruction, il récupère les dossiers des justiciables pour les arnaquer. C’est ainsi qu’il s’approprie les titres fonciers appartenant aux villageois de Diana pour s’attaquer au préfet qu’il accuse d’avoir pris 10 millions de francs guinéens des mains des villages de Sèrèkoré, district en conflit contre Diana….
Venu soutenir ses bienfaiteurs du district de Diana qui ont loué ses services pour les sauver du naufrage, au Tribunal de Première Instance de Faranah, il se mélange les pédales devant le président de la Cour. Kaly Samoura se présentait tantôt comme juge d’instruction, tantôt comme conseiller pédagogique, Directeur des Etudes, Greffier en Chef, Régisseur et stagiaire à la justice de paix de Télimélé. Malheureusement pour lui, dans la salle d’audience, le Substitut du Procureur a fait savoir que l’accusé courtisait la justice de paix de Télimélé où il s’est mis en contact avec le juge d’instruction. D’où cette prétention de sa part de faire croire à tout le monde qu’il est juge d’instruction de la localité.
Où le faux juge va tout gâte, c’est quand il va dénoncer le préfet à la gendarmerie d’avoir reçu une somme de 10 millions de francs guinéens de la part d’un des deux villages en conflit. A la gendarmerie, il s’est présenté avec le titre Juge d’instruction. Mais la gendarmerie habituée à ces scènes reste dubitative et met la puce à l’oreille de la justice… Sous le feu des questions du Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance et celles de son Substitut, la fausseté sera démasquée. Kaly Samoura confus, finira par admettre avec regret d’avoir longtemps agi sous le couvert du mensonge… Il sera conduit à l’Escadron mobile.
Le préfet, en donnant des précisions à la barre, sur sa rencontre avec l’accusé, a précisé au président de l’audience : « cet homme dira tout sauf la vérité. Condamnez-le de la façon la plus sévère car, vous auriez sauvé l’Etat et les hommes ». Pendant deux jours de débats, le présumé a reconnu avoir accusé à tort le préfet.
Il faut rappeler que Kaly Samoura n’était pas à son premier acte. Il avait été démasqué quelques années auparavant pour s’être affublé le titre de douanier.