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Faible taux d’admission au bac 2018: les raisons selon Dr Alhassane Makanéra

Les résultats du baccalauréat unique session 2018 ont été publiés le lundi 16 juillet avec un très faible taux d’admission qui est en deçà de 27% pour toutes les options confondues. Interrogé ce matin sur la cause de cette catastrophe, Dr Alhassane Makanera Kaké, enseignant chercheur à l’Université de Sonfonia, y voit plusieurs raisons, mais il impute la totale responsabilité à l’Etat. (crédit-photo: tamtamguinée)

Pour lui, ces résultats démontrent l’échec total du système éducatif guinéen. Dans son raisonnement, Dr Kaké a tout d’abord pointé du doigt, la façon de recruter les enseignants.

«Lorsqu’on prend le corps enseignant, nous avons des écoles qui forment les enseignants, mais on ne les recrute pas directement. On organise des concours pour la forme pour recruter n’importe qui. Donc, il y a d’abord un problème au niveau du recrutement», a dénoncé Dr Makanera qui situe le problème au niveau de l’encadrement.

«Lorsqu’on a une surpopulation d’élèves dans les classes avec un taux faible d’encadreurs, le résultat donne ce qu’on vient de voir. C’est pourquoi j’ai dit que c’est tout un ensemble de systèmes qui est à l’origine de ce faible pourcentage d’admis », a-t-il déclaré.

Selon lui, l’encadrement est trop politisé en Guinée. L’école est une institution disciplinaire mais chez nous, on a fait de l’école une institution démocratique. Et pour corroborer cette affirmation, l’universitaire a souligne qu’en Guinée, quand un proviseur ou recteur est nommé par exemple, sa durée est liée à sa capacité d’empêcher la grève et non à sa compétence ou à sa performance.

«Il peut rester  à son poste autant d’années, tant que son établissement n’a pas enregistré de grève. L’objectif donc de ces chefs d’enseignement, ce n’est pas le bon résultat. Quand vous gérez la stabilité dans une école, vous allez faire passer tous les élèves pour ne pas qu’ils partent en grève. Tout ce qu’ils réclament, vous êtes obligés de leur donner. Parce que c’est le prix de votre poste», a-t-il fait remarquer.

Un autre aspect qui justifie, selon Dr Kaké, ce faible taux d’admission, c’est la non-orientation depuis l’année dernière des élèves, dans les institutions d’enseignement supérieur privées. « Alors que rien n’a été fait pour réceptionner les nouveaux bacheliers. On est en train d’instaurer un système comme le concours pour limiter le nombre de candidats admis au nombre de places disponibles dans l’enseignement supérieur public. C’est vrai qu’il y a une baisse de niveau, mais il y a un calcul politique dedans », estime l’enseignant.

A ceux qui accusent les parents d’élèves d’en être responsables, l’enseignant chercheur pense, lui, que le principal coupable de cet échec est l’Etat. Car, pour lui, ce n’est pas le parent qui déclare l’élève admis. Donc le fautif, fait-il savoir, c’est celui qui déclare admis un élève qui n’a pas le niveau.

«Le parent éduque, mais ce n’est pas lui qui forme dans le cadre de la science. Ce n’est pas lui qui évalue, c’est encore moins lui qui donne le diplôme. Donc, il ne faut pas chercher ailleurs. Personne n’est responsable si ce n’est le gouvernement. Ce que le parent peut, c’est d’éduquer son enfant à la maison et de l’amener à l’école, mais il n’est pas responsable de ce que son fils apprend dans les institutions scientifiques », soutient Dr Kaké.

Pour changer la donne, Alhassane Makanéra Kaké conseille à ce que l’on revoit dans le système éducatif guinéen, le recrutement, la motivation, l’encadrement, l’évaluation etc.

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