Malgré les excuses du Chef de l’État à leur endroit, plusieurs activistes des droits de la femme se sont réunies, hier à Conakry, en vue de prendre des mesures idoines par rapport à la faible représentativité de la gent féminine dans le nouveau gouvernement. Une des plus faibles depuis 1996.
Pour se faire entendre, les têtes d’affiche de ce mouvement féministe ont d’ailleurs créé un Hastag appelé #PasSansElles GN, plus d’équité, sur la plateforme du réseau social, Facebook. Depuis, les internautes y ont adhéré. Et les abonnées ne font qu’augmenter au jour le jour.
Selon nos informations, le déclic est parti de la formation du nouveau gouvernement. Le lendemain, Maimouna Diakhaby, Salematou Sako et d’autres ont tenu une réunion en présence de Madina Thiam, patronne du magazine féminin, Madina Magazine. Elles sont parties d’un constat simple. En Guinée, les femmes sont sous-représentées au niveau des sphères et de poste de décision.
« La genèse de notre mouvement part d’une frustration collective. Nous les femmes, demandons à être pleinement intégrées aux instances décisionnelles de notre pays, et pas seulement au gouvernement. La gestion du pays nous incombe tous, homme comme femme. Il est vrai que le déclic vient de la sous représentativité de la gent féminine dans ce nouveau gouvernement mais notre mouvement transcende cela », a confié Maimouna Diakhaby, une des têtes d’affiche du mouvement.
« Nous nous battons contre toutes les discriminations et injustices que subissent la femme guinéenne. Notre mouvement est le premier du genre à transcender toutes les couches féminines et mobiliser les femmes« , a-t-elle encore rajouté.
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Pour justifier leur colère, les initiatrices de ce mouvement sur le réseau social Facebook ont pris l’exemple sur le nombre de dames présentes dans les gouvernements de certains pays africains.
Au Rwanda, par exemple, 11 des 20 ministres sont des dames (52%). En Gambie, quatre des 18 ministres sont des dames (25%). En Côte d’ivoire, six des 28 ministres sont des dames (22%). Au Mali, huit des 36 ministres sont des dames (22%). Au Sénégal enfin, huit des 39 ministres sont des dames (20%) contre 4 sur les 36 ministres en 2018 en Guinée (12%), alors que le gouvernement Youla comptait sept dames en 2016.
Pour corroborer leurs critiques, ces activistes prennent l’exemple sur Abdoulaye Wade, qui nomma, au lendemain de son élection en 2000, Mame Dior Boye à la primature. Une première au Sénégal. Elle sera remerciée en novembre 2002 pour sa prise de position dans l’affaire dite Joola.
Après Abdoulaye Wade, son successeur également, Macky Sall, nomma Mme Tall Aminata Touré, militante pour les droits de l’homme et aussi fonctionnaire à l’ONU, Première ministre de 2013 à 2014.
Comme s’il avait entendu leur ras-le-bol, le chef de l’Etat s’est excusé, hier samedi, auprès des femmes et a promis de les nommer lors du prochain remaniement. Le président Alpha Condé a même demandé à son Premier ministre, Kassory Fofana, de répéter son annonce. Ce que celui-ci a fait.