Exposé dans l’enceinte de la foire préfectorale des arts et métiers en cours à l’esplanade de l’aéroport de Labé, le SOULOUROU (haut fourneau) qui était utilisé bien avant l’apparition des usines et autre unités de transformation, était l’unique moyen d’obtention du fer. Ce qui entrait dans la fabrication des houes, des dabas et autres. Son installation dans cette foire à émerveillé plus d’une personne, a constaté sur place Guineenews.
Mis en place par un groupe de forgerons de Seigouma, une localité située dans la sous-préfecture de Dionfo à l’est de la ville de Labé, le SOULOUROU livre ses secret et mystère au grand public. Saliou Baillo Kanté, l’un des acteurs de la chose explique : « c’est ce qu’on appelle Soulourou, c’est un savoir faire local. Donc, cette fois-ci, on a décidé de le construire pour que la nouvelle génération sache ce que nos parents faisaient avant et qu’ils sachent comment nos parents se procurent du fer avant l’arrivée des blancs. Car avant on ne connaissait ni fer, ni feu. Mais, c’est ce qui permettait aux aïeuls d’avoir du fer. Et c’est à partir de ce haut fourneau qu’ils ont compris comment bâtir un mûr pour bâtiment. Le savoir-faire de notre pays est pratiquement parti de cela car beaucoup de choses, beaucoup de pratiques proviennent de là », entame ce maître forgeron.
Pour ce qui est de l’obtention du fer, Saliou Baïlo Kanté enchaîne : « quand on fini de bâtir le SOULOU, c’est des pierres et du charbon qu’on mélange dans le fourneau pour avoir du fer en fondant les pierres. Mais ce n’est pas n’importe quelles pierres, c’est des pierres spéciales qu’on appelle pierres rouges. Par exemple ici, à la fin, on aura du fer. C’est à travers ce processus qu’on a eu le premier fer qui a été utilisé dans la construction des toutes premières mosquées de nos localités. C’est aussi à travers ce processus qu’on a fabriqué les premières houes, … le marteau que vous voyez là-bas, c’est le grand marteau du prophète Daouda (David) et on l’appelle DJONDJONARE dans notre jargon. Donc, c’est lui Daouda qui a développé la forge à travers le SOULOUROU afin qu’on puisse y tirer tout ce qu’on veut », ajoute-t-il.
De sa mise en marche à l’obtention du métal précieux, il faut au moins quatre jours d’intenses travaux, de suivi et d’incantations. « Ça peut attendre 4 jours avant l’obtention du fer. Très souvent à la fin c’est un liquide que tu vas trouver et tu l’utilises selon tes besoins. Soit pour faire des houes, des dabas, des couteaux, … », affirme Saliou Baillo Kanté.
Parlant de secrets qui entrent dans le processus, le maître forgeron répond par l’affirmative. « Oui il y a des secrets, on a de petits secrets qui nous permettent de parvenir à nos fins. Ce n’est pas facile à expliquer mais il y a assez de choses qui entrent dans le processus. C’est des termitières et de la terre qui entrent dans la construction du SOULOU. Mais pas n’importe quelle termitière car il y a des termitières qu’on ne touche pas et il y a d’autres qui sont accessibles. Voilà pourquoi le fer ou le liquide qui sort de ce fourneau est aussi un remède pour beaucoup de maladies ou pour le bien-être. Les gens viennent ici aussi pour faire des sacrifices et faire des bénédictions », soutient-il.
A part ce genre d’occasion, le SOULOUROU semble être jeté aux oubliettes. « Moi je l’ai appris avec mon père qui m’a montré comment quelqu’un peut rester à l’intérieur et c’est lui qui va allumer le feu jusqu’à ce que les flammes apparaissent dehors avant qu’il ne sorte. Par exemple ici, c’est le jeune que vous voyez là-bas qui s’est introduit dedans. Mais malgré l’exiguïté de la chose il ne s’est pas brûlé ni se blesser. Il est sorti sans la moindre brûlure », rassure-t-il.
Dans l’attente du fer qui doit sortir de ce haut fourneau, des veillées et des visites s’enchaînent aux abords ou les curieux ne désemplissent.