Sous le magistère de Me Abdoul Kabèlè Camara, alors ministre délégué à la Défense nationale, onze sous-officiers ont été radiés des effectifs de l’Armée guinéenne en 2011. Notamment, à travers l’arrêté N° 025/PRG/MDN/CAB/2011. Et ce, conformément au Règlement intérieur de l’Armée. Ils étaient poursuivis pour ‘’attaques à main armée, association de malfaiteurs…’’
Lors des Assises de 2012, la justice, à la faveur d’une audience tenue le jeudi 27 décembre 2012 à la Cour d’appel de Conakry, a condamné une partie du groupe à 15 ans de prison ferme et l’autre partie à la réclusion criminelle à perpétuité.
Il s’agissait des adjudants Abdoulaye Manet, matricule 26061/G – Tombo, Moussa Camara, matricule 26090/G – Camp Makambo, Lanfia Kourouma, matricule 24353/G – BQG/Train-Garages, Kobéko Béavogui, matricule 28812/G – CCB/BSC, Mamady 2 Camara, matricule 26130/G – BATA, Mohamed Camara, matricule 25089/G – BQG/Train-Garages, Aimé Loua, matricule 22828/G – 2è Compagnie BSC, Sékou Oumar Baldé, matricule 22786/G – 2è Compagnie BSC, Sidiki Sacko, matricule 22492/G – BSC, et les sergents Mohamed Lamine Souaré, matricule 27361/G – BATA et Verny Pivi, matricule 27789/G – Camp Makambo. Ce dernier, convient-il de le rappeler, est le fils de l’ancien ministre chargé de la Sécurité présidentielle, le colonel Claude Pivi, alias Coplan.
Sur les onze radiés, 5 seulement avaient été emprisonnés en l’occurrence, les adjudants Abdoulaye Manet, Aimé Loua, Mohamed Camara, Lanfia Kourouma et Kobéko Béavogui, mort finalement en prison. Alors que les 6 autres avaient pris la fuite et courent toujours.
Selon nos informations, aucun de ces militaires ne se trouve aujourd’hui en prison, alors qu’ils sont loin d’avoir purgé leurs peines. D’ailleurs, nos informateurs localisent l’adjudant Lanfia Kourouma en Belgique où il se serait marié à la petite amie d’un certain Tommy, un autre détenu à la Maison centrale, poursuivi pour ‘’vol’’ de diamant.
Sur les circonstances de leur libération, nos sources indiquent que le Directeur National des Services Pénitentiaires, Charles Victor Macka, en sait quelque chose. Interrogé par nos soins, tard le soir le mardi 22 mai 2018, le mis en cause vraisemblablement embarrassé, tente de savoir à travers nous si ces détenus ont été sortis par un acte de justice ou qu’ils se sont évadés, et à quelle période ?
« Parce que moi, j’ai été désigné Directeur national en octobre 2016. Et je me souviens que lors de la passation entre le régisseur actuel et celui sortant, l’actuel avait exigé de faire un contrôle nominatif de tous les détenus présents à la Maison centrale. Donc, ça peut être un point de repère aussi. De toutes les façons, je vais me renseigner. Peut-être, vous allez me rappeler demain aux environs de 10H. Parce que j’ai une rencontre avec le CICR demain».
A Guineenews, M. Macka confie que sa première démarche sera de savoir si ces gens-là sont effectivement en prison. Ensuite, s’ils ne sont pas là, dit-il, on va chercher à comprendre comment ils ont été sortis, que ce soit par un acte de justice et par qui. Donc, laissez-moi faire ces investigations-là, dans la sérénité, a-t-il suggéré. Sauf que ce mercredi 23 mai, nos multiples tentatives d’entrer en contact avec lui sont restées vaines, le téléphone crépitait sans réponse. Il en a été également pour les messages téléphoniques qu’on lui a envoyés.
Alors que nos sources rapportent que pour sortir l’adjudant Abdoulaye Manet de la Maison centrale, le militaire radié a été envoyé à la prison civile de Kindia, située 135 kilomètres de Conakry, où quelques temps plus tard, il a été déclaré mort, enseveli dans le linceul et conduit prétendument au cimetière, avec un autre détenu du nom d’Abdoulaye Diallo, condamné à mort, quant à ce dernier.
Curieusement, l’adjudant Manet, qui était annoncé pour mort, vient d’être arrêté à nouveau à Diécké, précisément le 2 mai 2018. Il est présenté comme un des présumés cerveaux du gang mis à l’index dans le kidnapping du vieil opérateur économique Elhadj Doura Diallo, enlevé le 5 décembre 2017 à Conakry et dont le corps a été retrouvé enseveli entre Coyah et Forécariah.
Récidiviste, l’adjudant Abdoulaye Manet et ses dix comparses avaient été radiés des effectifs de l’Armée guinéenne au lendemain de l’attaque qu’ils avaient perpétrée contre l’opérateur économique Yéro Condé sur la nationale n°1 Kindia-Mamou. Dans cette attaque, l’adjudant Manet et sa bande ont emporté 2,16 milliards de Francs guinéens ainsi que de nombreux kilogrammes d’or. Ce, avec la complicité d’un certain Mohamed Tall, un ingénieur en Télécommunications dont la filature technique a permis de suivre l’homme d’affaires depuis la gare routière jusqu’à Mamou où ses bourreaux l’attendaient. C’est d’ailleurs ce nommé Tall qui avait planifié l’évasion massive survenue à la Maison centrale en 2015, nous informe-t-on.
Lors de ces Assises de 2012, le dossier des onze militaires a été jugé. Outre les 15 ans de réclusion criminelle retenus comme peine contre les 5 militaires qui s’étaient fait arrêter, il avait également été retenu la réclusion criminelle à perpétuité contre les 6 autres fugitifs.