« Je suis seul. Je n’ai pas d’adjoint, je n’ai pas de gardien, je suis seul dans toute cette institution », déclare-t-il.
Réalisé par la deuxième république en 1988, le centre de formation de l’élevage (CFEL) de Labé est à l’abandon avec un manque criard de personnel. Ce, malgré la restauration en 2019 de l’infrastructure qui est l’une des plus grandes de la sous-region ouest africaine avec une superficie de 61 hectares. Avec tout le confort et les équipements dont ce centre a bénéficié, le directeur semble être l’unique travailleur en service de nos jours dans cette immense infrastructure. Cela, suite à la mise à la retraite depuis un bon moment de l’ensemble du personnel. Depuis, les activités tournent au ralenti alors que l’infrastructure se détériore petit à petit, a constaté votre quotidien électronique.
C’est dans un service sans l’ombre d’un travailleur que docteur Mamadou Diouldé Sow, le directeur du centre de formation de l’élevage de Labé (CFEL) a reçu lundi matin l’équipe de Guinéenews. Après une visite de terrain qui nous a permis d’apprécier les installations du centre, monsieur Sow a accepté de répondre à nos questions sur la vie et le fonctionnement du CFEL. Lisez !
Guinéenews© : Bonjour docteur, comment se présente le CFEL de Labé ?
Dr Diouldé : Le centre que vous avez l’honneur de visiter en ce jour, fut créé à la faveur d’un projet de restructuration des services de l’élevage sous l’égide du gouvernement de la deuxième république en 1987. Ce centre fut maintenant opérationnel en 1988 et de 1988 à nos jours, ce centre a eu pour vocation la formation des cadres. C’est-à-dire la remise de niveau d’abord de tous les cadres vétérinaires que compte ce pays. Ensuite, la formation des opérateurs du secteur de l’élevage, des ONG (organisations non gouvernementales) et d’autres partenaires. Donc, c’est ce qui a fait que le CFEL a été un centre de perfectionnement et un centre de formation continue des cadres de l’élevage et des opérateurs du secteur de l’élevage. Donc, cela a été un centre national et qui avait même une vocation sous-régionale.
Guinéenews© : Justement, des experts et cadres de la sous-région séjournent ici ?
Dr Diouldé : Oui nous avons reçu ici des experts de la sous-région c’est-à-dire de la Guinée Bissau, du Sénégal, du Mali, …
Guinéenews© : Combien de services ou pavillons constituent le CFEL de Labé?
Docteur Diouldé : Comme vous avez eu l’honneur de visiter, vous avez d’abord le bloc administratif qui compte maintenant six bureaux pour les cadres dont un bureau pour le directeur du centre ; un bureau du chef section formation, et deux autres bureaux des formateurs. Ensuite, nous avons vu une grande salle qu’on appelle la salle de conférence qui peut contenir 30 places rénovées et équipées. En plus, il y a trois autres salles de cours de 9 à 10 places, deux salles équipées d’écrans projecteurs. Ensuite nous avons l’aile gauche qui abrite maintenant un laboratoire régional vétérinaire de Labé. Il a été inauguré en même temps que la remise des clés après la rénovation du centre. Donc, ce Laboratoire régional est dirigé par une femme du nom de madame Maimouna Diallo qui était chef de poste élevage à Tountouroun. Elle analyse tous les échantillons qui viennent mais elle ne peut pas avoir ici un résultat ; donc elle réfère à Conakry pour la confirmation. Mais c’est un laboratoire sous-régional.
Guinéenews© : Après le bloc administratif et le laboratoire, nous avons quel autre service ici ?
Dr Diouldé : A part le bloc administratif, nous avons une cantine de 32 places. Ensuite, nous avons des dortoirs en construction et nous avons parallèlement 4 chambres équipées de 6 lits, plus de deux chambres de passages pour les étrangers et trois villas dont le logement du directeur du centre que je suis. Chaque villa à 4 chambres climatise avec un même style de construction.
Guinéenews© : depuis quand travaillez- vous ici ?
Dr Diouldé : Pour faire un peu l’historique de la chose, je fus muté ici en 1990 à la faveur d’un projet qu’on appelait projet B (projet de bétail ruminant endémique en Afrique de l’Ouest). Donc, nous avons essayé de faire des formations au niveau de cinq sites de formation. Le site 1 était Gaoual, le site 2 Dinguiraye, 3 Beyla, 4 Mamou et Faranah et les sites 5 Mandiana et Siguiri. Nous avons eu à former 8 000 agro-éleveurs au niveau de ces 5 sites dans divers modules.
Guinéenews© : Qu’en est-il du personnel, parce que c’est comme si vous étiez seul dans ce centre ?
Docteur Diouldé : Comme vous l’avez constaté, je suis là seul. J’ai pris service en 2018 comme directeur. Je me suis battu avec le département en la personne du secrétaire général je vais nommer El Hadj Mamady Condé. Donc on a rénové le centre en 2019. Le centre a été remis en état neuf après 30 ans d’existence. Donc la deuxième république a construit et la troisième république a rénové et équipé. Maintenant il se pose un grand problème qui est celui du personnel. Le cadre organique prévoit 5 ingénieurs géotechniciens et deux docteurs vétérinaires. Donc, j’ai envoyé au niveau du département pour meubler le service et je suis à l’attente.
Guinéenews© : Donc, vous confirmez être le seul travailleur en service dans tout le centre ?
Dr Diouldé : Pour le moment, je suis seul. Je n’ai pas d’adjoint, je n’ai pas de gardien, je suis seul dans toute cette institution. Au niveau du Laboratoire aussi, il y a une seule femme qui a au moins trois stagiaires. Par contre moi je n’ai pas de stagiaire. A part mon chien de garde, je suis seul. Le chef de l’unité mobile est à la retraite ; il n’y a pas eu de remplaçant. Donc, ce que vous voyez comme ça ; je dois aller à la retraite ; si la retraite vient, je ne peux pas abandonner parce que je n’ai pas à qui donner ma place.
Guinéenews© : La hiérarchie est-elle informée de cette situation ?
Dr Diouldé : La hiérarchie est informée. J’ai par voie hiérarchique fait beaucoup de demandes. D’abord eux-mêmes, ils nous ont sollicité pour valoriser le centre en proposant un cadre organique que nous avons rempli et envoyé. Il ne reste que le meublement de ce cadre organique.