Il y a plus de trois mois (le 12 mai 2023), une communication officielle a confirmé les brûlures subies par des pêcheurs en haute mer, dans les eaux territoriales guinéennes. Environ cinq cents pêcheurs ont été touchés par cette éruption cutanée, dans des ports de Conakry jusqu’à l’intérieur, dont certains ont été atteints au niveau de leurs parties intimes.
Après deux semaines, le rapport d’analyse de l’Institut National de la Santé Publique a confirmé que cet état de fait a été causé par des produits chimiques déversés en haute mer. Force est de reconnaître, selon le secrétaire chargé des affaires extérieures, de la communication et de l’information de la Fédération Nationale des Pêcheurs Artisans, qu’à travers l’appui de l’ambassade d’Amérique, cinq navires ont été identifiés, même si les autorités n’ont pas communiqué les noms des sociétés.
« Il n’y a que deux ports qui sont habilités à recevoir ces gros navires : le port de Conakry et celui de Kamsar. Ce sont les seuls ports où l’on peut trouver des commandants de port. D’autres minéraliers ont été construits, mais ils n’ont pas de commandants, et par conséquent, pas d’administration. Ces nombreux navires qui circulent dans nos eaux agissent de manière irresponsable dans différentes zones. Un constat a révélé que la bauxite transportée par ces navires posait des problèmes. Il fallait donc nettoyer les cuves des navires dans lesquelles la bauxite est placée avant d’être transportée. En nettoyant les cuves des bateaux, ils ont utilisé des produits chimiques, et ce sont ces produits chimiques qui ont provoqué ce problème d’éruption cutanée chez les pêcheurs », a dénoncé Fodé Idrissa Kallo, le secrétaire chargé des affaires extérieures, de la communication et de l’information de la Fédération Nationale des Pêcheurs Artisans.
Par ailleurs, même si le ministre de la Justice a donné instruction au procureur général de poursuivre l’affaire en justice, cet acteur de la pêche artisanale déplore l’inertie des autorités dans la gestion de ce cas. Idrissa Kallo dénonce une volonté des responsables d’étouffer cette affaire au détriment de la pauvre fédération artisanale, qui ne dispose ni de gros moyens ni de puissantes connexions. « Pour le moment, on sait que le procureur a reçu instruction de poursuivre, mais il n’y a pas encore eu de grandes avancées. La profession de la pêche artisanale, faute de moyens et de cabinet d’expertise maritime national, se trouve impuissante. Pour poursuivre ces navires minéraliers, il faut avoir de puissants soutiens. Car ces sociétés comptent de nombreuses personnalités influentes parmi elles. Elles sont conscientes de la gravité de leurs actes, car cela pourrait nuire à la crédibilité de ces différentes sociétés. C’est pourquoi elles tentent d’étouffer l’affaire », s’est-il indigné.