Parti de deux pigeons qui lui ont été offerts par son grand frère, Mamoudou Kaba, 25 ans, se retrouve aujourd’hui à la tête d’une importante ferme d’oiseaux rares. Portrait d’un jeune entrepreneur au parcours quasi-atypique.
A l’université, Mamoudou Kaba a pourtant étudié la sociologie. Beaucoup de ses amis et certains membres de sa famille le prédestinaient même dans les ONG en tant que chargé de projets, animateur communautaire ou enquêteur. Mais c’était sans compter l’amour fou de ce jeune pour les oiseaux. Lui qui élève depuis 2002, alors qu’il faisait la 2ème année de l’école primaire, des pigeons dont les deux premiers lui ont été offerts par son grand frère. « Ce sont de ces deux pigeons que tout est parti », soutient le jeune entrepreneur. Et d’expliquer : « avec le couple qui se reproduisait, j’ai pu vendre des pigeons pour acheter des poules. Les poules aussi se sont reproduites abondamment. Cela m’a encouragé à poursuivre l’aventure ».
Sans l’aide d’un vétérinaire, Mamoudou Kaba a vu sa volaille grandir. De la chance. Mais pour lui, cette chance est provoquée par son amour pour les oiseaux. « J’aime les animaux, notamment les oiseaux, depuis que j’ai commencé à faire la différence entre le sucre et le sel », indique-t-il à un reporter de Guinéenews.
Des espèces rares
Malgré cet amour pour les animaux, Mamoudou Kaba va étudier les sciences sociales au lycée et sera orienté trois ans plus tard au département de sociologie l’Université Julius Nyéréré de Kankan. Erreur de choix ou décision assumée ? « Je crois que j’ai manqué de conseil pour mon choix de parcours scolaire et universitaire, mais je ne regrette pas. Tout cela contribue à la vie », accepte-t-il.
A l’université, plutôt que de chercher des stages dans le domaine de la sociologie, Kaba était préoccupé à diversifier sa volaille. Et rien ne l’arrête quand il s’agit d’introduire de nouvelles espèces d’oiseaux dans sa ferme. « Lorsque j’ai eu un peu de fonds grâce à ma basse-cour et les cours à domicile que je donnais durant ma vie estudiantine, j’ai effectué un voyage au Mali voisin pour trouver de nouvelles espèces », nous a-t-il indiqué. Après le Mali, Kaba a aussi commandé des œufs depuis la Turquie et l’Allemagne qu’il a incubés pour faire éclore.
Aujourd’hui, Kaba compte dans sa ferme des boulants, des mondains, des lawares, des pigeons de beauté allemands, des pigeons voyageurs, des tambours, des texans, des kings. Mais aussi des pintades, des canards barbarie, des col-verts, , des coureurs indiens, des paons, des dindons… Autant d’espèces dont certaines sont rares en Guinée. Il a surtout diversifié les races de pigeons.
« Cela n’a jamais été facile d’élever ces oiseaux. Vous avez à faire à des êtres qui ont des langages bien différents de celui des humains. Il faut donc parfois deviner à leur place. Prendre soin d’eux demande énormément de temps et d’énergie. Mais par la grâce de Dieu et par l’amour que j’ai pour eux, j’arrive à m’en sortir », dit-il.
Des clients guinéens et étrangers
Les efforts de Kaba commencent à payer. Puisqu’il parvient à vendre des oiseaux à des clients qui sont à la fois des Guinéens et des étrangers vivant en Guinée. « Il y a des oiseaux d’ornements qui sont très appréciés par les Occidentaux… Mais pour l’instant, je ne fais pas de publicité. La vente se fait de bouche à oreille », nous a indiqué Kaba.
Avec son entreprise, Kaba est de ces jeunes guinéens qui croient que l’avenir ne se trouve pas forcément en dehors de l’Afrique. « Ceux qui disent que c’est en Occident que le bonheur se trouve n’ont pas tout à fait raison. Même à partir de peu, on peut réaliser quelque chose ici. Je crois que je suis un exemple. Il suffit de se fixer un objectif et d’être déterminé », conseille le jeune entrepreneur.