Boubacar Gadjiko est rentré au bercail pour mettre en pratique ses solides expériences acquises après une formation et un stage en Allemagne et en Suisse. Ainsi, dès son retour
Pour se faire, il a utilisé ses épargnes pour mettre en place un parc à bétail dans la sous-préfecture de Kalan, dans la ville de Labé d’où il est originaire. Depuis maintenant huit ans, il s’est exclusivement lancé dans l’élevage des animaux en général et les bœufs en particulier. De nos jours, il est l’un des plus grands éleveurs de la région administrative de Labé.
C’est ainsi qu’en 2019, lors des journées de l’éleveur au Foutah Djallon sur initiative du président, une vache de Boubacar Gadjiko a été retenue parmi les 25 bêtes devant recevoir les cellules de l’insémination artificielle. Et sans surprise, c’est seulement sa bête qui a pu supporter l’opération jusqu’à la mise bas d’un veau.
Actuellement, ce veau à 1 an et trois mois et pèse un peu plus de 120 kilogrammes. C’est dans cette optique que Boubacar Kanté a bien voulu accorder une interview à la rédaction régionale de votre quotidien électronique, Guineenews.org basée à Labé.
Guineenews© : Vous semblez être l’unique éleveur de Labé chez qui l’insémination artificielle a réussi. Qu’est ce qui a pesé dans la balance ?
Gadjiko : Oui ! c’est bien vrai. L’insémination a réussi chez nous. Le problème est que l’opération n’a pas été réalisée au moment opportun car c’est en saison sèche qu’ils l’ont fait alors que la saison des pluies est la plus appropriée car il est difficile voire impossible de trouver l’alimentation en saison sèche. C’est la cause principale de l’échec de l’insémination chez nous. Car rien qu’à Labé ici, il y a eu 25 vaches inséminées. Dans ce lot, c’est une seule vache qui a donné le résultat escompté et c’est dans mon parc à Kalan.
Guineenews© : Selon vous qu’est ce qui explique l’échec chez les autres éleveurs ?
Gadjiko : Je pourrais dire en premier que j’ai doublé à mon niveau la dépense de la vache inséminée car ça s’est passé en période sèche comme je vous l’ai dit tantôt. Donc, c’est moi personnellement qui me suis occupé de son alimentation au lieu de laisser la bête comme ça dans la nature. Mais il a fallu doubler la dépense. C’était lourd à porter mais c’est ce qui a fait que ça a bien marché. Je l’alimente matin, midi et soir. Même la nuit, il fallait venir alimenter la vache dont l’appétit s’est doublement développé. À tout moment, il fallait l’alimenter afin qu’il ne manque de rien.
Guineenews© : L’alimentation en question était composée de quoi ?
Gadjiko : Premièrement, je venais dans les champs pour acheter les résidus du riz et du fonio. Ensuite, je venais en ville pour trouver le complément c’est-à-dire la farine, le sel et tout ce qui va avec. En plus, je mélange tout et alimente la vache à tout moment. C’est ce qui a favorisé la réussite chez moi.
Guineenews© : Et comment se porte le fruit de cette réussite ?
Gadjiko : Actuellement, le veau à 1 an trois mois. Il pèse déjà 120 kilogrammes et mange beaucoup. Il mange toutes sortes d’herbe et de feuilles. Il mange plus que les autres bêtes. Il a toujours besoin de manger quelque chose et à tout moment.
Guineenews© : Êtes-vous en rapport avec le département de l’agriculture et de l’Elevage ?
Gadjiko : Je ne suis pas en contact avec le département. Mais on parlait régulièrement l’année dernière car ils avaient promis de reprendre l’insémination. Par contre, le ministre de l’Agriculture et de l’Elevage m’appelle chaque semaine pour prendre des nouvelles du veau. Entre temps, j’ai même parlé au président de la république.
Guineenews© : Le chef de l’Etat vous a-t-il appelé en personne ?
Gadjiko : Oui j’ai parlé avec lui et il a dit qu’il s’intéresse beaucoup à l’Elevage. Il m’a encouragé en me disant qu’il aime l’élevage et qu’il va nous accompagner.
Guineenews© : C’est quoi les statistiques actuelles de votre cheptel ?
Gadjiko : Actuellement, c’est difficile de vous donner un nombre exact car avec les multiples maladies, le bétail meurt régulièrement et ce fut une année très pénible pour moi. Tout ce que je peux vous dire, c’est que j’ai actuellement plus de 100 têtes de bœuf.
Guineenews© : cette année, il y a eu une énorme crise de viande à Labé et ailleurs. Une crise qui a créé un différent entre la commune et les bouchers. Selon vous qu’est ce qui est à la base de ces crises à répétition surtout au Foutah ?
Gadjiko : C’est l’Etat qui est à la base de cette situation. Seul l’Etat peut résoudre ce problème en accompagnant les éleveurs dans la mise en place de parcs à bétails adéquats. Mais laisser la population comme ça avec des petits éleveurs, ça ne résout pas le problème. La preuve est qu’à l’occasion de chaque fête de tabaski, il faut que le Mali Bamako voisin nous ravitaille en bétail si non on ne s’en sort pas. C’est ce qui nous aide. Sinon un moutons peut coûter ici au-delà de un million cinq cent mille francs guinéens. Deux, trois éleveurs ne peuvent pas nourrir toute une communauté. C’est ça le problème.
Guineenews© : Les bouchers incriminent aussi un manque de poids chez les animaux en cette période !
Gadjiko : Je suis d’accord avec les bouchers car le bétail ne trouve pas à manger. Surtout en cette période, il n’y a absolument rien. Et l’État ne lève pas le petit doigt contre ceux qui détruisent l’environnement et finalement le bétail n’a plus quoi manger. En plus, il n’y a plus d’eau chez nous ; et c’est très sérieux. Voilà un peu ce qui rend difficile la chose.
Guineenews© : On nous apprend aussi que beaucoup de personnes abandonnent l’élevage. Pourquoi ?
Gadjiko : C’est d’abord le vol de bétail qui est très récurrent. Ensuite, les habits et plastiques usés qui inondent nos villes. C’est ce qui décourage beaucoup de personnes car ça tue les bêtes n’importe comment. Donc, il y a beaucoup de difficultés surtout avec le vol de bétail.
Guinéenews : Mais il y a aussi des avantages dans l’élevage !
Gadjiko : Oui ! il y a des avantages, car tu peux avoir du lait à revendre quotidiennement. La bouse des vaches est aussi commercialisée chez moi. A chaque deux ou trois mois, je peux avoir au moins 5 millions rien que dans la vente de la bouse de vache. Et si les bêtes sont bien portantes elles peuvent avoir au moins 120 kg et ça peut coûter environ 4 millions GNF.