Il n’est jamais assez aberrant d’écrire que le système éducatif guinéen est l’un des moins performants de l’intégration ouest-africaine aujourd’hui. Ce, en dépit du slogan ‘‘Tolérance zéro vers l’excellence’’ que tentent de promouvoir les actuelles autorités du pays, en plus du budget alloué à ce secteur vital de la nation.
Les catastrophiques résultats du Baccalauréat unique de l’année scolaire 2016 – 2017 avec environ 26% du taux d’admission, en témoignent éloquemment. Car, jamais un si médiocre taux n’a été atteint dans le système éducatif national par le passé.
Les ministres ou autres directeurs nationaux en sont d’ailleurs conscients mieux que quiconque. Pour preuve, ils sont combien à avoir leurs enfants scolarisés en Guinée et dans des écoles publiques ? Allez le savoir !
N’ayant plus confiance dans la qualité de l’enseignement donné dans les établissements scolaires publics voire universitaires, le Guinéen nanti ou même celui à revenu moyen fait plutôt recours au privé à défaut d’envoyer étudier ses enfants à l’étranger. Chose paradoxale pour les ministres en charge de l’Education nationale. En ce sens qu’on ne peut prétendre faire la promotion d’un enseignement et soustraire ses propres enfants du même système.
Il en est de même pour les structures sanitaires. Leurs consultations se font soit à Dakar, à Rabat ou à Tunis pour ne citer que ces villes, à défaut de Paris, de Berlin ou encore d’Amsterdam.
Quel que soient les reproches faits aux régimes précédents, la formation était plus ou moins des plus performantes du continent. Pour preuve, le fils au défunt président Ahmed Sékou Touré a étudié en Guinée avec comme amis de promotion des enfants de paysans ou de plantons.
Outre le temps de la révolution, celui l’ayant succédé sous le magistère de feu général Lansana Conté, avait des ministres qui avaient leurs enfants partageant les mêmes bancs que les enfants du citoyen lambda dont le seul revenu provenait de la vente du charbon de bois ou encore de légumes au marché Yènguèma.
Aussi, on dénombrait dans les différents gouvernements composés par ce « Président-paysan » des ministres qui enseignaient dans les institutions d’enseignement supérieur, au grand bénéfice des futurs cadres auxquels ils transmettaient valablement leur savoir.
S’étant amusé à faire une petite comparaison, l’on s’est aperçu qu’aucun ministre du « professeur de Droit » devenu président de la République, ne se prête à cet exercice à ce jour. Et ce n’est pas le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui va prouver le contraire.
Dans un entretien exclusif qu’il a accordée à Guineenews, Abdoulaye Yéro Baldé indique que par le passé, ceux qui allaient enseigner, le faisaient d’eux-mêmes, de leur plein gré. « Moi-même, j’enseignais aussi quand j’étais à la Banque mondiale, au temps du général Conté. Je donnais les cours de façon bénévole », rappelle le ministre de l’Enseignement Supérieur.
De la mémoire de notre interlocuteur, l’ancien ministre du Budget, Mohamed Lamine Doumbouya actuellement conseiller à la Présidence de la République dispensait encore jusqu’à une époque relativement récente.
« Mais très souvent, c’est très difficile. Et les compatriotes à l’étranger m’ont interpellé pour dire que quand ils viennent en Guinée, ils veulent bien donner des cours mais qu’on les en empêche et on ne leur crée pas des conditions pour qu’ils dispensent des cours même bénévolement. Donc, il y a toutes ces contraintes là qu’on veut lever pour que ceux qui veulent donner des cours le fassent librement. Sinon, je connais des gens qui sont dans l’Administration publique et qui donnent des cours à l’université », nous confie Yéro Baldé.
Autre souci évoqué par le ministre, c’est qu’il y a souvent de la jalousie aussi. « Les gens pensent que si d’autres compétences viennent, ils risquent de perdre leurs places. Du coup, ils ne font pas le nécessaire pour faciliter aux autres d’enseigner. Il y a même des ministres que j’ai rencontrés et qui sont disposés à donner ne seraient-ce que des missions d’enseignement », annonce le ministre Yéro Baldé qui se dit avoir été, lui-même, animé par cette ambition à un moment donné. Mais au regard des difficultés liées à la mobilité à Conakry, l’économiste qui doit aller enseigner à Sonfonia fait remarquer des difficultés à ce niveau également.
Nelson Mandela ne disait-il pas que « l’éducation est l’arme la plus puissante au monde »? Et un autre chercheur d’ajouter : « pour décrire une nation, il suffit de décrire son système éducatif. Ceci dit, le système éducatif guinéen mérite d’être rehaussé. Car, un médecin mal formé représente un danger public. Idem pour un ingénieur, un juriste, un journaliste mal formé, etc.