Face aux revendications inconsidérées et portées au pinacle par le SLECG, les autorités de l’Education de Guinée, en perdant le nord et par orgueil, ont fait la saugrenue trouvaille d’aller chercher des contractuels, c’est-à-dire des personnes sans aucune qualification pédagogique et professionnelle pour remplacer les enseignants titulaires en grève.
Si le ridicule ne tue pas les décideurs, les contractuels risquent d’être chassés des salles de classe. Les élèves des écoles privées rapportent des choses qui laissent sans voix les élèves des écoles publiques ayant ces contractuels dans les salles. Il faudrait faire une collecte de ces incompétences pour rire de la médiocrité des décideurs qui ont eu cette trouvaille. A ce rythme, dans deux ou trois semaines, les choses vont aller aux vaches. Si le constat des élèves est généralisé.
Le secteur de l’Enseignement a toujours été de parents pauvres et n’a jamais eu un banc de réservistes fourni, les maîtres en situation de classe se comptent sur les doigts d’une main, le niveau s’est abâtardi avec la dégradation des conditions de vie et de travail. L’attractivité de l’enseignement n’existe plus. Les ENI, les écoles normales d’instituteurs, forment au rabais. On rencontre des sortants de ces ENI, des enseignants à la diction et à l’élocution désastreuse ; on remarque ce même phénomène dans les radios…
L’enseignant a toujours été mal nourri, mal vêtu, mal vu. Les femmes des enseignants, pour se soustraire à certaines obligations familiales, se lamentaient : « mon mari est un enseignant »… et pourtant, ce sont eux qui forment le devenir et l’avenir du pays. Ils voient leurs anciens élèves à des postes juteux et qui ont désormais les moyens d’envoyer leurs enfants étudier à l’extérieur, ils n’ont plus confiance en la qualité de l’enseignement dispensé par leurs anciens maîtres trop dans le besoin, qui ont perdu au file des années de galère jusqu’à leur intégrité morale et intellectuelle. Quand un enseignant ne mange pas à sa faim, la qualité de ses préparations en pâtit et s’en ressent. Comment peut-il s’occuper à donner une formation aux enfants des autres quand les siens ont faim ou ne sont pas en classe?
Et si, dans ces conditions, une satanée grille salariale réaménagée par des malotrus appelés « experts » vient diminuer la valeur indiciaire de 1030 acquise sous un général, à 750 sous un professeur, à l’avènement duquel l’espoir était débordant sur les visages des enseignants, quelle déception ! Et si dans cette déception, il y a des « ignares-alimentaires » qui se prennent pour des « communicants » pour jeter de l‘huile sur le feu, il va s’en dire que les syndicats ont raison de revendiquer jusqu’à satisfaction. Mais le faisant, ils doivent savoir jusqu’où aller sans faire de la surenchère.
En plein exercice budgétaire, réclamer et obtenir la remise des 40% spoliés depuis plusieurs années sur leur indice est déjà un exploit, surtout que le pays est confronté à une avalanche de situations imprévues (effondrement en cascade des ponts, dégradation poussée de toutes les routes au moment le plus indu, l’hivernage). Même si le train de vie de l’Etat devait baisser drastiquement (d’ailleurs, il doit baisser plus que drastiquement, parce que ceux qui sont au gouvernement ne sont pas plus méritants que les enseignants) les 8 millions, une arnaque du SLECG, ne pouvaient pas être satisfaits, et même si cette folie était satisfaite, personne ne sait dans quelle inconnue d’inflation elle mènerait.
Toute la presse a mis la pression sur l’irresponsabilité de cette revendication, le SLECG a consenti à mettre de l’eau dans son vin, mais le gouvernement, prenant ce bémol pour une capitulation, volant donner l’impression que lui, il ne reculera devant rien, a déclaré qu’il n’y aura pas d’augmentation de salaire ni en 2019 ni en 2020. A partir de là, il y a blocage.
A l’impossible nul n’est tenu. Alpha Condé, coincé et dos au mur, avait dit à la presse, dernièrement, qu’il aurait préféré une « année satanique » et non « sabbatique » pour faire réfléchir et calmer le jeu. Mais une année blanche décrétée volontairement est un ‘’génocide intellectuel prémédité’’ au bas mot, mais dans le cas d’une année blanche, les parents d’élèves resteront les bras croisés devant les gouvernants ?
Il faut dire que le « comité de réflexion sur les questions de l’Education », est une aberration.Recruter des contractuels pour remplacer les enseignants en grève ressemble à l’histoire de ce « médecin généraliste » qui pratiquait toutes sortes de chirurgies dans une clinique dénommée ‘’Assistance médicale’’ en se référant entièrement aux vrais spécialistes dont les Services Spéciaux ont mis le grappin dessus. Les Services spéciaux devraient normalement mettre le grappin sur le « Comité de réflexion sur les questions de l’Education » pour ce qu’ils ont fait, en mettant des gens sans qualification dans les salles de classe. Comment vont-ils corriger les examens, si ces examens sont homologués avec ceux de la sous-région ?
Cette grève a été très mal gérée depuis ses débuts, il ne faut pas en rajouter pour aller de Charybde en Scylla, déjà que la gestion des contentieux politiques connait des dérapages prévisibles et interminables.
Le SLECG a obtenu la réparation sur la valeur de l’indice, une augmentation de 60% devrait lui suffire pour reprendre les cours. Quant au gouvernement, il doit faire de gros efforts dans le prochain exercice budgétaire, et surtout, réduire les taxes et la TVA sur certains produits de consommation pour maîtriser l’inflation et la cherté du marché. Le manque de volonté a ses conséquences. L’année blanche sera néfaste pour tout le monde sur des générations.