A la faveur de ce rassemblement, Laye Camara, le Coordinateur régional des enseignants contractuels de la Haute Guinée, a demandé à ses collègues de se tenir prêts. « Nous exigeons avant toute chose le paiement de nos arriérés de salaire, soit neuf mois. Nous ne souhaitons pas intégrer la fonction publique locale », a-t-il martelé.
Quant au Coordinateur régional des enseignants contractuels de Labé, Mamadou Cellou Diallo, d’enfoncer le clou. « Le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Mory Condé, s’est réveillé de son inaction pour donner des informations incohérentes en promettant de payer trois mois de salaire et de procéder à un recensement biométrique. Rien de tout cela n’était vrai. Le gouvernement soutient que la loi exige un concours pour accéder à la fonction publique. Cependant, il est important de noter qu’aucune loi ne prévoit d’employer quelqu’un pendant une année sans salaire. Si des dérogations sont nécessaires, elles ne doivent pas être décidées unilatéralement. L’État doit faire preuve de flexibilité et accepter d’intégrer tous les enseignants contractuels à la fonction publique sans concours. Nous demandons cet engagement avant la rentrée des classes », a-t-il expliqué.
Pour sa part, le Coordinateur national des enseignants contractuels de l’État, Alsény Mabinty Camara, a rappelé qu’ils sont près de 20 000 enseignants contractuels de l’État.
« Il n’y a qu’un seul message que nous voulons adresser aux autorités de la transition. L’éducation n’est pas une priorité dans notre pays, et elle n’a jamais été une priorité. De nombreux enfants restent à la maison faute d’enseignants. Depuis 2018, les autorités nous font les mêmes promesses. Elles disent : « Patience, nous travaillons sur votre dossier ». Aujourd’hui, tous les enseignants contractuels de l’État sont déterminés. L’État nous doit six mois d’arriérés de salaire et 9 mois de prime d’incitation. Les périodes de vacances devraient être incluses dans le contrat des enseignants communautaires », a-t-il déploré.
Présent à la rencontre, le secrétaire général du Syndicat National de l’Éducation (SNE), Michel Pépé Balamou, a fait des révélations graves.
« L’espoir subsiste, de la naissance à la tombe. Il ne faut jamais désespérer. Vous avez sauvé la Guinée d’une année blanche en 2018-2019. Vous devriez être reconnus par la République et non être victimes d’ingratitude. En 2019, nous avions besoin d’environ 19 492 enseignants titulaires. Depuis l’arrivée du CNRD, environ 8 000 enseignants sont partis à la retraite sans qu’un seul enseignant ne soit recruté en remplacement. Environ 2 800 enseignants qui étaient en poste ont été transférés dans les salles de classe. Certains ont été rejetés par les élèves, d’autres ont refusé d’enseigner. Les classes restent vides. De plus, des milliers d’enseignants sont malades et ne peuvent pas enseigner (…). En décembre 2023, près de 2 000 enseignants titulaires devraient prendre leur retraite. Il y a actuellement près de 30 000 enseignants manquants dans les écoles (…). Lors du premier paiement, environ 17 468 enseignants contractuels de l’État ont été rémunérés. Environ 1 160 personnes non qualifiées ont été exclues. Elles n’avaient aucun lien avec l’éducation. Nous avons des preuves, il s’agissait notamment des épouses des maires, des épouses des Directeurs Préfectoraux de l’Éducation (DPE) et des enfants des Préfets (…). Nous possédons une liste. Ceux qui prétendent vous donner des leçons de morale sont ceux qui cherchent à s’infiltrer. Cela signifie que tout ce qu’ils organisent est susceptible d’être infiltré », a-t-il souligné en substance.