Détenteur d’un Masters en Sciences économiques de l’académie des Sciences Economiques de Bucarest (Roumanie), consultant sportif au groupe de presse Lynx Lance, Thierno Saidou Diakité communément appelé ‘’Tino’’, a reçu du Bureau Guinéen des Droits d’Auteur (BGDA) le 23 avril 2021, l‘attestation d’enregistrement de son film documentaire intitulé ‘’Sur les pas de la Mamaya’’.
La Mamaya souligne Thierno Saidou Diakité : « est une danse traditionnelle originale introduite à Kankan par des voyageurs venus de la République du Mali vers les années 1936-1937. Cette danse gracieuse et majestueuse laisse difficilement indifférent. A travers les âges, cette manifestation culturelle est devenue par la force des choses, une organisation sociale servant de ciment à l’unité culturelle de Kankan. Célébrée à l’occasion de chaque fête de tabaski, la Mamaya est un trésor culturel à découvrir. Et selon le professeur Lansiné Kaba dans son ouvrage, Cheikh Mouhammad Chérif et son temps, “cette composition symbolisa l’âge d’or des groupes d’âge, en somme la civilisation populaire de Kankan. Plus qu’une pièce musicale ou un spectacle dansant, la Mamaya symbolisait l’ambiance de gaieté qui caractérisa les années 1940. Il dénotait la volonté des jeunes gens de fêter la vie, selon leur goût vestimentaire et musical, mais dans les normes de la société…’’
Sur les pas de la Mamaya est donc une pérégrination qui nous mène tout droit vers la ville de kankan ».
En exclusivité, à travers cette interview, votre quotidien électronique Guineenews, a accroché Thierno Saidou Diakité, qui a bien voulu se prêter à ses questions. Lisez !
Guineenews© : Vous venez de réaliser le documentaire ‘’Sur les pas de la Mamaya’’, dites-nous comment tout cela est venu ?
Thierno Saidou Diakité : La réalisation de ce documentaire a été motivée pour deux raisons : la première est très lointaine. En 1975 et 1976, j’ai passé mes vacances scolaires à Siguiri d’où je suis originaire. Il se trouve qu’à cette époque, Babadjan Kaba résidait chez ma tante dans la famille d’El Hadj Kéléfa Sangaré un riche commerçant époux de ma tante paternelle Hadja Soukö Diakité. Durant mon séjour, je me rencontrais avec le musicien Mouto Kouyaté chez ma tante pour accompagner Babadjan à la guitare.
Et bien plus tard, je retrouve Babadjan à Conakry avec l’orchestre Kélétigui et ses Tambourinis. J’ai eu la chance de faire sa toute dernière interview pour l’hebdomadaire la Lance en 1999, lors de son tout dernier passage en Guinée avant sa mort. Vous savez qu’il a interprété le titre Kankan.
La seconde raison tient au fait que la Mamaya cette danse majestueuse est banalisée par nos compatriotes, probablement par ignorance. Ce rythme est le plus souvent assimilé à quelque chose de sans valeur, alors que c’est tout le contraire.
Si vous voulez réhabiliter cette danse et faire un clin d’œil au regretté Babadjan, j’ai décidé de réaliser ce documentaire de 28 minutes.
Guineenews© : Sur quoi vous vous êtes appuyé pour réaliser ce documentaire ?
Thierno Saidou Diakité : Je vous apprends que je suis un très grand mélomane avec une oreille musicale très affinée. Depuis les années soixante-dix, je fréquente les musiciens grâce à mon feu père, qui m’a mis le pied à l’étrier en m’apprenant à jouer du bandjo puis à la guitare. Je me suis donc appuyé sur mon flair et ma motivation à faire connaître les origines de la Mamaya. En fait, le sentiment de révolte a beaucoup pesé sur ma décision.
Guineenews© : Pouvez-vous nous situer sur la provenance des moyens mis en œuvre pour avoir ce produit fini ?
Thierno Saidou Diakité : Je vous l’avoue, ce film a été réalisé sur fonds propres. En 2008, mon passage au PNUD m’a permis d’épargner un peu d’argent pour ce film qui me tenait à cœur. J’en profite pour rendre grâce à Dieu le Tout Puissant et Miséricordieux, qui m’a encore maintenue en vie pour voir la sortie de ce documentaire entamé en 2008.
Guineenews© : Le documentaire étant subjectif, peut-on savoir si vous aviez évolué seul, ou en compagnie d’autres partenaires dans sa mise en œuvre ?
À lire aussi
Thierno Saidou Diakité : Une très intéressante question, qui me donne l’opportunité de louer l’apport de professionnels que je vais citer. En effet, j’ai bénéficié des précieux services d’El Hadj Lamine Koma, qui n’est plus à présenter dans le domaine du montage, et de l’as du micro Odilon Théa, qui a si heureusement prêté sa voix pour les paroles. Une fois donc l’idée du film arrêtée, familier du monde des médias, mon choix s’est porté sur ces deux professionnels, qui n’ont pas du tout hésité à faire équipe avec moi. Je vous l’avoue, au plan financier, ils ont été très compréhensifs et pas du tout exigeants en dépit d’un travail très contraignant auquel ils ont été soumis. Le moment venu, je leur rendrais un vibrant hommage, car ils méritent une fière chandelle de ma part.
Guineenews© : La Guinée regorge de rythmes et de danses à travers ses régions naturelles. Pourquoi ce choix de la mamaya et non le soli, le yankadi, le tupusèsè ou autres ?
Thierno Saidou Diakité : Vous avez parfaitement raison, notre pays regorge d’une flopée de rythmes tout aussi intéressants d’une région à une autre. Je vous l’ai expliqué à l’entame de cet entretien, mon choix a été guidé par les raisons présentées. Je souhaite donc que d’autres compatriotes s’intéressent à la présentation de ces rythmes sur le petit écran au bénéfice de nos artistes.
Guineenews© : Sur le chemin de cette réussite, tout n’a pas été facile ou rose. Quelles sont les difficultés dont vous aviez rencontré au cours de la réalisation de ce documentaire ?
Thierno Saidou Diakité : Vous savez, pour celui qui veut réussir une œuvre ou un projet, rien n’est guère aisé. Moi, j’ai eu cette chance de bénéficier des services de deux professionnels, qui se sont pleinement investis dans la réalisation de ce documentaire. A vrai dire donc, tout s’est très bien passé tant à Conakry, qu’à Kankan, où une équipe s’est déplacée pour des prises de vue et une interview.
Guineenews© : Disposez-vous des voies et moyens pour la diffusion de votre œuvre ?
Thierno Saidou Diakité : Excellente question ! C’est tout juste, le jeudi 23 avril dernier, que le BGDA m’a délivré l’attestation d’enregistrement de mon film. Pour l’instant, je réfléchis sur les modalités pratiques de son lancement. Je souhaite organiser une cérémonie qui tienne compte du contexte d’état d’urgence sanitaire, mais qui puisse avoir le maximum d’écho auprès des citoyens.
Guineenews© : Quelle place va occuper désormais ce documentaire parmi tant d’autres au sein de la culture guinéenne ?
Thierno Saidou Diakité : Tout dépendra de la façon dont le lancement sera fait. Si le film accroche, ce que je souhaite vivement, la vulgarisation sera beaucoup facile auprès des diffuseurs et de l’Etat même. Ce sont des aspects à voir dans les semaines à venir. Au demeurant, il y a toute une stratégie à bâtir pour la promotion de ce documentaire.
Guineenews© : Peut-on connaitre exactement le programme du lancement de ce documentaire ?
Thierno Saidou Diakité : Dans ces jours-ci, je prends divers contacts pour arrêter un plan de communication qui va aboutir au lancement proprement dit du film.
Guineenews© : Plus à l’aise dans le domaine sportif en qualité de consultant, qu’est-ce que vous envisagez réaliser pour la postérité, au compte du football guinéen en particulier ou le sport en général ?
Thierno Saidou Diakité : Passionné de sport, s’il plaît à Dieu, je compte publier un ouvrage sur le sport. Le temps pour moi de boucler mon tout premier livre, qui sera bientôt déposé à l’édition. Je termine par vous remercier pour la pertinence de vos questions, qui vont aider à la promotion de ce film documentaire.
Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guineenews.