A Khorira dans le district de Bawa au secteur Terneya, la société Sol-Ciment a détruit près de 7 hectares de mangrove et repoussé une importante partie du bras de mer par des remblais. Son objectif: ériger un port fluvial. En date du 12 décembre 2023, une mission conjointe de contrôle de conformité a révélé des non conformités environnementales majeures, sur le site. Le constat se rapportait aux questions institutionnelles et de dégradation de l’environnement, notamment à l’absence de permis de défrichement, d’autorisation de remblayage, de dépassement de superficie initialement prévue pour le remblai. Des impacts nocifs majeurs sur les milieux récepteurs et humains, dus à la présence des ferrailles, des boites vides de peinture, des transformateurs contenant des PCB, des pneus usagés, des eaux usées à même le sol et de risques d’électrocution dus aux câbles dénudés et non sécurisés, drainés sur le sol.
Tous ces constats constituant des infractions prévues et punies par les lois en vigueur, notamment le code de l’environnement, le code forestier, le code de la pêche et autres, ainsi que leurs textes d’application. L’arrêt des travaux sur le site avait alors été ordonné par la mission jusqu’à nouvel ordre. Malgré cette interdiction, de décembre 2023 à janvier 2024, Sol Ciment a continué ses travaux et même procédé à une extension, de quelques mètres, du port dans la mangrove et la mer.
A la grande surprise de la société, les services de protection de l’environnement ont assiégé le site ce vendredi 19 janvier 2023. Une mission conjointe de la direction nationale du milieu marin et Zones côtières, de la gendarmerie environnementale, de l’office guinéen de parcs nationaux de réserve de faunes, ont procédé à l’arrêt immédiat et systématique des travaux sur le chantier portuaire, de la société Sol-Ciment SAU et installé un PA sur les lieux, jusqu’à nouvel ordre. Aucune arrestation n’a été effectuée, mais les activités et services sont arrêtés.
Cependant, le port a été fermé. L’ensemble des machines qui y opéraient ont été arrêtées et les clés remises au PA installé.
En se référant à l’article 28 du code de l’environnement, le chef de mission fait un constat catastrophique mais se réjouit de la réussite de la mission.
« Nous constatons qu’il y a des dérapages. Il faut revoir, si tous les paramètres ont été pris en compte. Ces activités peuvent avoir des impacts dangereux sur l’environnement. Il y a des espèces halieutiques, de la biodiversité, la mangrove et le remblai se fait directement sur la forêt de la mangrove alors qu’ici c’est un site qui relève d’un site « Ramsar » donc nous sommes appelés à respecter certaines conventions internationales. Et, en les respectant, il faut que ces sociétés qui viennent s’installer soient en rime avec ces engagements vis-à-vis de nos partenaires internationaux.
Donc nous avons procédé à l’arrêt des travaux et la mise en place d’un PA composé de la gendarmerie de l’environnement, des conservateurs de la nature et du Centre national de protection du milieu marin et zones côtières. Cette équipe sera basée ici, dans le but d’empêcher la poursuite des travaux », a rassuré Lamah You Camara, directeur national du milieu marin.
Une action judiciaire sera-t-elle engagée contre la société Sol-Ciment ?
Selon le chef de mission, « cela va relever de l’analyse de tous les documents qui sont par dévers nous. Et madame la ministre va emboîter le pas d’aujourd’hui, par l’application des textes. Parce que, cette décision prise aujourd’hui ne peut pas être sans que les textes en vigueur en Guinée ne soient appliqués ».
Par ailleurs, il ressort de la notification adressée à la société par le ministère de l’environnement, que la mission sera suivie d’un procès-verbal dans lequel seront relevés les pénalités en lien avec les différentes infractions énumérées par les services compétents du département et sera adressé à la direction de la société.
Il est à rappeler que cette opération intervient au moment où une plainte est déposée contre la société Sol-Ciment au TPI de Dubréka par la FENAPAG, pour dégradation massive des zones de reproduction halieutique et l’occupation des zones de pêche, pour des fins industrielles sur le même site