A l’occasion du 61ème anniversaire de la République de Guinée, le président de la République, Alpha Condé a fait une adresse à la nation. Mais un passage de ce discours retient particulièrement l’attention des observateurs et suscite des interrogations.
Dans son discours, Alpha Condé a ratissé large. Abordant toutes les sujets d’actualité ou presque. Et tout naturellement, le président de la République n’a pas occulté les consultations nationales en cours sous la houlette du premier ministre. Il y consacre une partie au terme de laquelle le locataire de Sékoutouréa tâche de mettre en exergue leur caractère inclusif avant d’annoncer ce qui devrait en être la suite. Sans utiliser le terme référendum cette fois-ci.
«… Après avoir suivi avec beaucoup d’intérêt les débats des uns et autres, sur l’organisation de l’Etat et des pouvoirs publics, j’ai instruit le Premier ministre d’ouvrir les consultations nationales avec les institutions, les acteurs politiques et sociaux et les forces vives de la nation, dans le but de structurer les débats», explique-t-il.
Et comme pour répondre aux critiques, Alpha Condé explique que : « dans la société dans laquelle nous vivons en Guinée, la voix de chacun compte, mais celle du peuple compte encore plus, parce que c’est le peuple qui est le seul souverain. » Et de préciser plus loin que : « en matière de lois, il ne s’agit pas de promouvoir des intérêts personnels ou de gérer l’avenir d’un seul homme, mais d’œuvrer pour améliorer le destin de toute une nation. » Contrairement à ce que soupçonnent les détracteurs du projet de « nouvelle constitution ». Et de conclure que : « j’attends le compte rendu et le rapport du Premier ministre pour tirer les conséquences qui s’imposent… »
Mais l’aspect qui interpelle plus d’un, c’est la contradiction entre cette posture et celle d’un autre Alpha Condé récemment en séjours aux USA. Dans une vidéo amateur qui a tourné en boucle sur la toile, le président guinéen a fait une déclaration sans ambages : demandant à l’audience visiblement acquise à sa cause, de se préparer pour « les élections législatives et le référendum ». Comme pour dire que les consultations dirigées par son Premier ministre sur ses instructions, n’avaient pour objectif que de formaliser les choses. Et qu’il avait déjà pris sa décision.
Il a fallu à Ibrahima Kassory Fofana et à certains membres de son gouvernement, pour sauver les meubles, de trouver des circonstances atténuantes à cette déclaration qui ne souffrent pourtant d’aucune ambigüité.
Cependant, même si « les avocats » du locataire de Sékhoutouréya, plaidant à sa décharge, trouvent que les propos d’Alpha Condé à New York auraient un caractère plutôt privé, il n’est pas moins vrai qu’il existe une contradiction entre les deux discours du président. Ce qui n’est pas sans porter ombrage à son Premier ministre dans son élan de « consultations inclusives » en vue d’une réponse « concertée » à cette grande question d’actualité et d’avenir.
Mais plus grave aux yeux de certains observateurs, et c’est peut-être le plus important, c’est la facilité avec laquelle Alpha Condé « dit une chose et son contraire » sur un même sujet aussi important en si peu de temps… Et d’ajouter que, « non seulement sa démarche fragilise son Premier ministre mais elle renvoie des messages confus à la classe politique. »